La Presse Bisontine 88 - Mai 2008

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n°88 - Mai 2008

30

LA VÈZE

L’activité est en danger La société Hélit’Air est sans hangar fixe Faute d’avoir retrouvé une place dans le hangar de La Vèze, l’entreprise qui effectue des prestations aériennes avec un hélicoptère est menacée de disparaître.

L’ entreprise Hélit’Air a quitté l’aérodrome de LaVèze où elle était basée depuis octobre 2005. La raison ? Il n’y a plus de place dans les hangars pour abriter l’hélicoptère de Thierry-Pierre Cor- berand, pilote et gérant de cette entreprise de prestation de service aérien. L’antenne locale de la socié- té Mont Blanc Hélicoptères d’Annemasse est agréée pour effec- tuer du transport de personnes, acheminer du fret et lever des charges, assurer des missions de recherche ou enfin effectuer des prises de vue aérienne comme elle en fait régulièrement du chantier de la ligne à grande vitesse en par- tenariat avec le vidéaste Marc Per- rey. En étant privée de locaux, Hélit’Air court le risque de perdre l’ensemble de ses agréments car la réglemen- tation lui impose d’abriter ses machines pour pouvoir exercer. Thierry-Pierre Corberand a donc trouvé une solution de repli provi- soire en attendant de pouvoir peut- être regagner LaVèze. “Pour l’instant,

mon appareil est hébergé par l’aéro- club de Thise où on a bien voulu m’accueillir” dit-il. Un comble pour le pilote, car contrairement à La Vèze qui porte cette clause dans ses statuts, la plate-forme deThise n’est pas destinée à développer l’aviation d’affaire. Alors comment Hélit’Air a pu se retrouver dans cette situation instable alors que depuis qu’elle exerce son activité elle a toujours bénéficié d’une place dans les han- gars de La Vèze pour stationner l’hélicoptère ? Pourquoi du jour au lendemain ce locataire qui s’acquittait d’un loyer de 1 200 euros par an s’est retrouvé sur le tarmac, sans toit ? “Quand je suis arrivé à La Vèze, je louais mes services à l’entreprise Hélixair raconte Thier- ry-Pierre Corberand. En février 2007, j’ai souhaité cesser ma collabora- tion avec cette société pour me rap- procher de Mont Blanc Hélicoptère. Hélixair voulait donc rendre les locaux que j’occupais à LaVèze,mais j’ai désiré les reprendre pour pour- suivre mon activité à Besançon. J’ai

effectué toutes les démarches néces- saires auprès de laChambre de Com- merce et de l’Industrie. J’ai finale- ment perdu cette place de hangar au profit d’un particulier qui y abri- te son avion.” Depuis, le pilote affirme avoir aler- té en vain le directeur de l’aérodrome Laurent Couret sur la situation. Début 2008, il écrit : “Nous avons signé avec la C.C.I. du Doubs une convention d’occupation du domai- ne public dont la première phrase est : “L’aérodrome de Besançon-La Véze a été créé en vue de développer l’aviationd’affaire sur l’agglomération bisontine. Or, il n’en est rien […]. Nous sommes donc au regret de vous informer de la fermeture de notre établissement de La Véze.” Thierry-Pierre Corberand est amer. La situation est en effet paradoxa- le. D’un côté le Syndicat Mixte

La société Hélit’air effectue tout type de prestations aériennes. Ici elle sert de support à la réalisation d’une vidéo.

l’aérodrome il faut le reconnaître. De l’autre, il loue les hangars publics à une dizaine de propriétaires d’avions et ferme la porte à des entre- prises commeHélit’air qui cherchent à se développer. Pour Laurent Couret, directeur de l’aérodrome, l’approche du problè- me est assez simple. “Cette société a résilié son bail. Tous les emplace- ments sont loués par des proprié- taires d’avions.Nous ne pouvons pas en déloger un pour permettre à Hélit’air de s’installer.” Il ajoute : “En aucun cas il a été dit qu’il devait y avoir sur place des infrastructures dédiées à l’accueil d’entreprises.” L’organisation de l’aérodrome est aussi complexe que son histoire - il

est passé sous le contrôle d’un syn- dicatmixte à la findes années quatre- vingt après avoir été créé par des privés. Professionnel ou particulier, tout lemonde semble logé à lamême enseigne sur la base. Cependant, Laurent Couret ne fer- me pas la porte à Hélit’air comme il ne la ferme pas non plus à d’autres prestataires du transport aérien. Une solution est envisageable sur présentation “d’un projet qui se tient.” Le Syndicat Mixte pourrait peut- être le cas échéant prévoir la construc- tion d’un nouveau bâtiment avec tout ce que cela pose comme contraintes environnementales dans un secteur protégé. T.C.

(Conseil général, C.C.I. et Communauté d’agglo),pro- priétaire de la plate-forme, autorise l’aviation d’affaire, une activité peu représen- tative de la vie de

EXPLICATION Une faible activité La Vèze tient son rang d’aérodrome de proximité L’aérodrome du Grand Besançon est surtout utilisé pour les loisirs. L’aviation d’affaire ne décolle pas, elle représente moins de 20 % des mouvements. F in 2007, la chambre de commerce et de l’industrie du Doubs a dressé le bilan de l’activité des trois aérodromes franc- subventions sous quelque forme que ce soit.” Seul Dole-Tavaux offre la plus grande capa- cité “d’accueil d’aéronefs et de passagers com- merciaux de Franche-Comté.” Si une plate- forme devait être valorisée à long terme, ce serait celle-ci.

comtois (il y en a neuf au total) disposant des moyens techniques et humains suffi- sants pour accueillir des aéronefs 365 jours par an. Il s’agit de Dole-Tavaux, Montbé- liard-Courcelles et Besançon-La Vèze. Selon la C.C.I., ce dernier vient de recevoir son homologation de la part des services com- pétents de l’État. Le rapport confirme que cette plateforme n’a pas vocation à devenir un point névral- gique du trafic aérien régional tout comme celle de Montbéliard-Courcelles. “Les pro- priétaires exploitants se doivent de mainte- nir à niveau leurs infrastructures et les com- pétences de leurs personnels. Ils ont davantage intérêt à améliorer sans cesse la qualité des prestations et services rendus plutôt que de rechercher à tout prix des développements de trafic improbable.” Le document précise encore que “toute tentative de développement de trafic dans un contexte de marché insuf- fisant nécessiterait un apport substantiel de

La Vèze reste cependant un espace ouvert à l’aviation d’affaire qui n’est d’ailleurs pas représentative de l’activité générale de l’aérodrome. Elle pèse moins de 20 % des 12 227 mouvements enregistrés en 2007. Le gros de l’activité est constitué des “basés”, c’est-à-dire de ceux qui sont installés sur l’aérodrome comme l’école d’aviation ou le club de parachutisme. Ceux-là assurent 10 000 mouvements par an. L’aérodrome de La Vèze ne peut donc pas être rentable puisque chaque année elle accuse un déficit de 200 000 euros. Son coût de fonctionne- ment est de 357 000 euros. Le syndicat mix- te propriétaire de la structure ne cache pas cette situation, mais la maintient car elle remplit son rôle d’aérodrome de proximité qui sert au loisir… et parfois aux affaires.

L’avion de l’entreprise Festina sur l’aérodrome de La Vèze le samedi 12 avril.

Made with FlippingBook - Online magazine maker