La Presse Bisontine 88 - Mai 2008

La Presse Bisontine n°88 - Mai 2008

DOSSIER

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RÉACTION

L’effet de la mondialisation Raymond Bourgeois : “Nous faisons partie des nantis” Le responsable de l’entreprise bisontine décrypte la nouvelle donne de l’économie mondiale dans laquelle il faut se battre pour garder sa place face à l’Asie.

Raymond Bourgeois : “Il faut que ceux qui ont la chance d’avoir un emploi fassent tout ce qu’ils peuvent pour aider la société dans laquelle ils travaillent.” (photo archive L.P.B.)

L a Presse Bisontine : Quel est votre avis sur des initiatives comme Témis qui ser- vent le développement économique local ? Raymond Bourgeois : Témis va dans le bon sens. Toute la difficulté aujour- d’hui, quand il y a des bonnes idées, c’est de pouvoir les financer. Nous sommes dans un contexte économique où les crédits se raréfient. S’il y a des subventions à investir, autant les réser- ver à ce type d’initiatives. Nous devons mettre toutes les ressources techniques

monde qui a souffert sous différents régimes essaie d’accéder aujourd’hui à notre niveau de vie. C’est un choc pour tout le monde et surtout pour les nantis que nous sommes, nous, les occi- dentaux. L.P.B. : La crise financière sévit actuellement et impacte sur l’économie. Est-ce que le plus dur reste à venir ? R.B. : Dans le ralentissement de l’économie mondiale entraîné par les banquiers privés qui dans une course au profit ont pris des risques inconsi- dérés en spéculant sur leurs fonds propres, le crédit se raréfie car il n’y a pas de liquidités. Je pense cependant que le plus dur est derrière nous. Dans ce contexte, les États-Unis ne seront plus le moteur de l’économie pendant les deux prochaines années. Par contre, heureusement qu’il reste le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine (Les B.R.I.C.) ! Ces pays vont nous sauver de la réces- sion mondiale qui aurait eu lieu s’ils n’avaient pas été là car ils continuent à consommer. L.P.B. : Quel est le défi à relever pour une région comme la Franche-Comté dans un cet échi- quier ? R.B. : Il y a un challenge à relever pour

sortir de cette situation en étant plus productif et qualitatif. Cette industrie de Besançon qui était de la mécanique fine, de précision est un savoir-faire acquis par l’Asie aujourd’hui. On voit très bien à quelle rapidité les gens apprennent dans des pays comme l’Inde ou la Chine. En France, il faut que ceux qui ont la chance d’avoir un emploi fassent tout ce qu’ils peuvent pour aider la socié- té dans laquelle ils travaillent. Le pro- blème est que nous sommes dans un système où une personne qui est à trois ans de la retraite dans une entrepri- se malade, a intérêt à se faire licen- cier dans le cadre d’une cessation d’activité plutôt que de se mobiliser pour tenter de sortir la société de sa mauvaise passe en vue de transmettre sa place à un jeune. Il y a un conser- vatisme dans notre pays où on a le sen- timent malheureusement qu’il est urgent de ne rien faire. L.P.B. : Les mentalités doivent évoluer en Fran- ce ? R.B. : Nous avons face à nous des gens en Asie qui sont très engagés et qui savent qu’ils doivent donner le meilleur d’eux-mêmes pour accéder à la riches- se. Nous les occidentaux, nous sommes

et financières dont on dis- pose au service du déve- loppement économique, sans oublier que de l’autre côté de la planète, il y a des gens qui ont la volon- té de faire face, de faire bien pour rattraper le temps perdu.Aujourd’hui, il n’y a plus aucune excep- tion française. L.P.B. : Faut-il encore redou- ter la mondialisation ? R.B. : Nous sommes enga- gés dans la mondialisa- tion. Nous n’empêcherons pas l’eau de la source de couler vers la mer. Il faut accepter que le reste du

“Il y a un vrai conserva- tisme dans notre pays.”

habitués à la richesse depuis long- temps et on croit que ça va durer. Si on n’aide pas les patrons français, on se fera croquer par les B.R.I.C. très rapidement. Du personnel de chez Bourgeois est allé travailler en Chine. Nous ne mesu-

rons pas à quelle vitesse et avec quel- le volonté ces gens apprennent. Le vrai problème est que nous faisons partie des nantis, mais nous ne le savons pas.

Propos recueillis par T.C.

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