La Presse Bisontine 87 - Avril 2008

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 87 - Avril 2008

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SCIENCES Un glaciologue bisontin Froid dehors, chaud dedans Tout premier à avoir alerté le monde sur le réchauffe- ment climatique en cours, le glaciologue d’origine bisontine Paul Lorius est le président d’honneur en France de l’Année polaire internationale qui se poursuit jusqu’à fin 2008. La précédente avait eu lieu en 1957.

Paul Lorius, une vie consacrée au monde polaire.

M ême s’il a quitté Besançon pour Grenoble depuis de nombreuses années, Claude Lorius garde un atta- chement certain pour la ville car c’est là que tout a commencé. En 1955, alors étudiant en physique, il voit, épinglée au mur dans un couloir de la faculté, une petite annonce : “Recherche jeunes chercheurs pour participer aux campagnes organisées

était très différente des expéditions d’aujourd’hui. On avait une éolienne comme source d’énergie mais elle a gelé à - 40 °C, donc on n’avait plus d’énergie et on est resté des mois sans communication.” Plus de vingt autres expéditions sui- vront. Chaque fois, avec des collabo- rateurs américains, français, anglais russes ou australiens, le Bisontin effectue des forages et prélève des carottes glaciaires. “Au départ, j’ai fait ça pour l’aventure. C’était un défi extraordinaire On ne savait rien.” L’étude de l’Antarctique en est à ses balbutiements. “Si le côté héroïque a dominé les premières années, après, c’est la recherche qui m’a guidé.” En 1984, Claude Lorius part à Vos- tok, point le plus froid du monde où il fait enmoyenne -70 °C en hiver. “On peut sortir s’il n’y a pas de vent. On se protège, on s’acclimate. Au début, on a un peu de mal puis dans la durée, on s’habitue.” Au retour de cette expé- dition, le glaciologue, à travers le taux

Entre les deux, il a fait une décou- verte essentielle, dirigé le laboratoi- re de glaciologie et de géophysique de Grenoble (1983-1988), intégré l’Académie des sciences (1994), reçu la médaille d’or du C.N.R.S. en 2002 et fait son entrée dans le Petit Larous- se Illustré (2004). “C’est ce qui a fait le plus plaisir à mes parents.” Le gla- ciologue sourit et jette un regard par sa fenêtre, sur la chaîne de Belledo- ne, enneigée…Mais pour combien de temps ? A.B. Programme détaillé de l’année polaire en Franche-Comté sur www.univ-fcomte.fr

de CO2 prisonnier dans les glaces, fait une déduction qui va changer la face du monde : “La planète devrait sensi- blement se réchauffer au cours du XXI è- me siècle, au risque d’affecter les res- sources en eau, l’agriculture, la santé, la biodiversité et, d’une façon généra- le, les conditions de vie des humains…” L’info est publiée en une du journal scientifique Nature en 1987. C’est la première fois qu’un scienti- fique alerte sur un réchauffement actuel du climat et prouve le lien entre variation climatique et concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. “Ce n’était pas un bou- quin quelconque mais la revue scien- tifique n° 1 ! Malheureusement, il y a un monde entre le fait de dire il a

peut-être raison et le fait d’agir.” Depuis qu’il a raccroché son anorak dans les années quatre-vingt-dix, il a publié, décroché de nombreux prix et donne des conférences (notamment le 20 mars à Besançon). “C’est pour convaincre car il ne suffit pas de dire. Les gens sont venus à cette idée mais pour passer à l’action, il faut des moyens. Certes, il y a eu le Grenelle de l’environnement mais on nous rap- pelle aussi sans cesse que les caisses sont vides.” Cette nouvelle année polaire inter- nationale le réjouit. “Peu de scienti- fiques vivent ça. La précédente, je sor- tais de la fac. Pour celle-ci, je fais des conférences, j’ai fait deux films et un troisième est prévu.”

pour l’Année géophy- sique Internationale”. Deux ans plus tard, il part pour douze mois en Antarctique, hiver- ner à la station Char- cot avec deux autres compagnons. Il faut éva- luer l’accumulation, la température, l’altitude de la surface et l’épaisseur de la glace. “C’était dur. On était là dans une période héroïque” se souvient le chercheur. “La logistique

Il a fait Une découverte révolution- naire.

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