La Presse Bisontine 85 - Février 2008

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 85 - Février 2008

6

65 NOUVEAUX HECTARES SERONT URBANISÉS À BESANÇON

L’an dernier, le projet d’urbanisation de 40 hectares au quartier des Vaîtes avait provoqué une levée de boucliers sans précédent. Les riverains se mobilisaient contre la densification de l’urbanisation, craignant que ce sec- teur “campagnard” de la ville ne perde son identité. Ce projet, comme tous les autres concernant le développement futur de Besançon, a intégré le nouveau P.L.U. (plan local d’urbanisme) adopté par la ville en juillet dernier après sept ans de préparation. Lors du conseil municipal de décembre dernier, les élus bisontins ont validé le démarrage d’un autre chantier d’envergure concernant le futur visage de Besançon : l’urbanisation d’un quartier pour l’instant principalement couvert de champs et de pâturages : les Planches-Relançons, entre Palente et la forêt de Chailluz. Cette fois, ce ne sont pas 40 mais 65 hectares qui doivent être urbanisés. URBANISME Autre dossier chaud après les Vaîtes ? Besançon s’étend encore À l’horizon 2012, Besançon comptera un nouveau quartier : les Planches- Relançons, au-delà de Palente. Qui s’étendra sur des dizaines d’hectares.

AGRICULTURE Pas encore au courant Pas à n’importe Une grande partie des terrains visés par le projet est occupée par l’agriculture. Pour l’instant, du côté des exploitants, on ignore tout du projet.

Le quartier des

D u projet, Louis Roy ne sait rien ou presque. “J’aurais 20 ans, ça m’inquiéterait beaucoup et je me serais sûrement déjà engueulé avec eux (la ville) mais là, ça ne vaut plus la peine” lâche l’ancien agriculteur aujour- d’hui âgé de 83 ans. Il le sait, les 20 hectares de l’exploitation fami- liale créée en 1802 ne seront bien- tôt plus qu’un souvenir. “Person- ne ne dit rien, c’est comme pour la rocade. Le mieux, ce serait qu’ils prennent tout et qu’on en parle plus. Dans une petite ferme, si on vous enlève une partie de vos terres,

c’est foutu. Et de toute façon, moi, je n’ai personne pour reprendre l’exploitation.” Mais attention, pas question de les vendre à un prix dérisoire. Les 3,81 euros/m 2 proposés par la vil- le dans les autres quartiers (Hauts-du-Chazal, Vaîtes) font grincer les dents de Louis Roy. “Ils débloquent complètement ! Ce sont les derniers biens qui me restent et j’ai besoin de cet argent. Si je les brade, qu’est-ce que je deviens ?” insiste-t-il. En attendant de passer aux choses sérieuses et de signer des actes

Planches- Relançons est situé entre Palente et la

forêt de Chailluz.

“À Besançon, on a besoin de foncier, en particulier de maisons. Toutes les opé- rations trouvent très vite locataires ou acquéreurs et beaucoup de Bison- tins quittent la ville faute de trou- ver un logement. On est face à deux problématiques : maintenir ou accueillir de nouveaux habitants tout en développant un meilleur fonctionnement de la ville” explique Michel Loyat en guise de préam- bule. Et l’adjoint à l’urbanisme de poursuivre : “Déjà dans l’ancien P.O.S. (plan d’occupation des sols), le secteur les Planches-Relançons était classé dans les secteurs à urba- niser. Dans le P.L.U. (plan local d’urbanisme) approuvé en juillet 2007, on est allé plus loin en précisant que l’urbanisation serait à dominante habitat.” Les dés sont donc jetés. Un nou- veau morceau de ville va voir le jour entre le haut de Palente de la forêt de Chailluz. Les modalités de concer-

tation préalable ont d’ailleurs été définies lors du conseil municipal de décembre. La chose est presque passée inaperçue, même pour Éric Daclin, pourtant bien au fait de ce type de dossier puisque porte-paro- le de l’association des Vaîtes et membre du collectif pour le cadre de vie de Besançon. “Pour les Vaîtes, on est sans aucun contact avec la mairie depuis deux mois. Pour les Planches, je ne suis pas au courant mais c’est la conti- nuité. Visiblement, les choses avan- cent. La mairie nous en dit le moins possible et on a le sentiment qu’elle ne joue pas franc-jeu.” La critique n’ira pas plus loin. Et si dans le futur quartier, l’habitat individuel est privilégié comme l’affirmeMichel Loyat, le militant se réjouit même. “ Ç a serait une très bonne idée et ça voudrait dire qu’on a enfin été enten- dus.” Car, Éric Daclin le rappelle, les membres du collectif ne sont pas contre l’urbanisation à condition

qu’elle se fasse en respectant les habitants et l’esprit du quartier. Sur le papier, les deux parties sem- blent d’accord. “Urbaniser un quar- tier ne se limite pas à la construc- tion de logements. Cela se fait en harmonie avec les quartiers exis- tants, en complétant les voiries et développant les transports en com- mun comme ici entre Chalezeule et le centre-ville” affirme l’adjoint à l’urbanisme.Une étude géotech- nique et topographique sur l’ensemble des 65 hectares du sec- teur a été décidée. Élection oblige, la concertation n’aura lieu qu’après le scrutin municipal. “On est au début du début” souligne l’élu. “Des études techniques vont être menées tranquillement dans les deux à trois mois à venir. Suivront les diagnos- tics. Il est important que cette urba- nisation ne soit pas une dégrada- tion et elle ne se fera pas dans la précipitation.” À suivre. A.B.

Les terres agricoles de Besançon se réduisent de plus en plus.Ici aux Montboucons.

Made with FlippingBook Annual report