La Presse Bisontine 84 - Janvier 2008

La Presse Bisontine n°84 - Janvier 2008

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GRAND BESANÇON Ceux qui repartent, ceux qui arrêtent Municipales 2008, j’y vais… j’y vais pas

À trois mois du scrutin, le voile n’est pas encore totalement levé sur les municipales de mars 2008. Si dans les grandes villes, les maires ont pour la plupart d’ores et déjà fait part de leur décision de briguer ou non un nouveau mandat, dans les petites communes, l’affaire est loin d’être aussi claire. De nombreux maires en effet feront probablement d’une

pierre deux coups, profitant de la traditionnelle cérémonie des vœux pour annoncer leur choix. Quelques-uns en revanche n’ont pas attendu le passage à l’an nouveau pour prévenir leurs administrés. Petit aperçu non exhaustif des motiva- tions des uns et des autres, tous gestionnaires des com- munes situées dans les environs de Besançon.

OUI - Bernard Guyon, 58 ans, maire de Saône É lu pour la première fois en 2001, Bernard Guyon a déci-

Bernard Guyon : “Maire, ce n’est pas un métier.” (photo

maire, ce n’est pas un métier.” Républicain dans l’âme, Bernard Guyon se dit très serein. “On a un bilan, on a des projets, aux gens de dire s’ils en veulent. Je me repré- sente car j’ai les capacités phy- siques et intellectuelles pour un second mandat. C’est un gros tra- vail mais je sais où je vais. Je me suis blindé et j’assume.” Comme la plupart des communes périphériques, Saône ne cesse de grandir. “Les administrés sont de plus en plus exigeants, on a de plus en plus de personnels et la fonc- tion de maire évolue avec.”

dé de poursuivre l’aventure. Sa motivation, “le service public ou le service au public mais en aucun cas une ambition personnelle” pré- cise-t-il. Enseignant, il a opté pour le travail à temps partiel afin d’exercer au mieux ses fonctions de maire et brigue un second man- dat, le dernier. “Deux mandats, c’est bien. Je suis plus opération- nel qu’au début du premier. À moindre frais, je peux faire mieux. Je suis formel là-dessus, à partir de trois mandats, on s’installe. Or,

archive L.P.B.).

PEUT-ÊTRE Jean-Paul Dillschneider, 60 ans, maire de Fontain A près un mandat de conseiller, un d’adjoint et deux de mai- re, Jean-Paul Dillschneider n’est pas fatigué de ses fonc- tions politiques mais n’a pas encore pris sa décision. “Je ne suis pas sûr à 100 %. J’ai le souhait de continuer, encore faut- il que l’équipe en face de moi me convienne.” Le maire de Fontain s’accorde encore quelques semaines de réflexion et veut une équipe loin des clivages politiques. “J’ai toujours dépolitisé mon conseil municipal. On a besoin de gens qui travaillent, pas de gens qui refont le monde.” Face à “des procédures de plus en plus complexes et des habitants de plus en plus exigeants” , il reconnaît que sa retraite prochaine pèse dans la balance. “J’aurai plus de temps.” S’il se représente et s’il est réélu bien sûr. Jean-Paul Dillschneider s’accorde encore quelques semaines de réflexion (photo archive L.P.B.).

NON - Gabriel Jannin, 69 ans, maire de Gennes

A près 37 ans et six mandats élec- tifs (dont trois de maire) passés au service de sa commune, Gabriel Jannin ne se représente pas. Il l’a annoncé à ses conseillers municipaux il y a deuxmois et les encourage depuis à constituer une liste “sans sensibi- lité affichée, c’est important dans un petit village” explique l’intéressé. “Tout va s’arrêter, c’est vrai, mais ça va me donner du temps pour faire autre cho- se.” Face à ce changement de vie, Gabriel Jannin est serein et affirme que sa vie politique “fort intéressante” , ne lui a jamais pesé. Il précise que ce

n’est pas le ras-le-bol qui l’a poussé à faire ce choix. “Mon épouse est en retraite depuis septembre” et s’il n’en dit pas plus, on sent chez lui l’envie de passer à autre chose. Quand il a commencé en 1970, Gennes ne comptait que 300 habitants.Aujour- d’hui, ils sont plus de 700 “mais ça n’a pas créé de problèmes. Quand on fait son travail, il n’y a pas de rai- son.” L’ancien gestionnaire financier se dit “confiant quant à la relève” et espère que son successeur préférera comme lui “le tour de vis côté fonc- tionnement au profit d’investissements pour le village.”

Dans ce contexte, comme Jacques Giraud à Cussey-sur-l’Ognon et Gilles Ory à Bonnay, Jean-Claude Petitjean, maire de Geneuille fait presque figure d’exception en briguant un second mandat. “Comme en 2001, on propose une liste ouverte dans un esprit de tolérance et de respect des idées” annonce-t-il. La décision remonte à juillet 2007. Jean-Claude Petitjean veut Dame Blanche

tants et l’arrivée de nouvelles populations venues de la ville avec des exigences de citadins. “Dans les petites communes, le maire est l’homme-orchestre qu’on flingue au moindre prétex- te. En plus, c’est un pur boulot de bénévolat. J’ai besoin de chan- ger d’air.” Inquiet pour son village et pour la communauté de communes “qui n’a rien apporté aux petits qui n’ont pas beaucoup de moyens” , il souligne la nécessité d’une évolution et d’une mutua- lisation des services mais n’affiche pas un grand optimiste. Jean-Claude Petitjean, lui, compte sur les nouveaux venus pour faire repartir au plus vite certains dossiers “urgents” comme celui des transports “pour nos anciens comme pour nos lycéens qui aujourd’hui n’ont droit qu’à un car le matin, un car le soir.” Les candidats du Val de la Dame Blanche savent donc à quoi s’attendre. A.B. Michel Bourgeois, maire de Devecey, se dit “très mar- qué” par les péripéties (démissions en série…) qui ont secoué la vie de sa commune (photo archive L.P.B.).

suivre les gros dossiers en cours (Ligne à Gran- de Vitesse, desserte des gares T.G.V., réamé- nagement de la R.N. 57…) et mener à bien d’autres travaux dans le village (construction d’un bâtiment communal d’un autre périsco- laire, restauration de la cure…). “Je suis autant et même un peu plus motivé qu’en 2001. À 58 ans, je ne suis pas usé.” Quant à l’attitude de ses collègues de la communauté de communes, “ils ont de bonnes raisons pour arrêter. Ça va changer, ça va apporter du sang neuf.” La relève, Denis Périssol, 70 ans, maire de Mérey-Vieilley, l’attend de pied ferme mais ne la voit pas franchement venir. Malgré tout, et après quatre mandats (un d’adjoint, trois de maire), il n’est pas candidat, évoquant à la fois de plus en plus de travail, l’ingratitude des habi-

“C’est un pur boulot de bénévolat.”

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