La Presse Bisontine 84 - Janvier 2008

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n°84 - Janvier 2008

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LUNETTES Décision au 31 décembre Cébé Frasne-Pontarlier : “2 % de chance de sauver l’activité” Le sort de Cébé est-il scellé ? Vu la tournure que prennent les événe- ments, la réponse est “oui”. L’usine de Frasne va fermer et la plateforme logistique de Pontarlier également. Pourtant, tout n’est peut-être pas perdu si le groupe Marcolin accepte de se séparer de la marque.

BESANÇON

L’unité de Morteau déplacée

L’entreprise Ixméca renforce ses positions à Besançon L’entreprise Ixméca de Morteau pourrait être transférée à Besançon en 2008, où est implantée une unité du groupe. Un moyen d’échapper, entre autres, au problème de main-d’œuvre propre à la bande frontalière.

“E n cinq ans, Marcolin a réussi à sabo- ter 110 ans d’existence.” La direction de l’usine de Frasne est dépitée. L’épilogue de l’aventure Cébé laisse un goût amer. Chacun savait que la société avait des hauts et des bas, mais pas au point de fer- mer ce site de production et la plateforme logis- tique de Pontarlier. Et pourtant, après que Cébé a affiché des déficits pendant les cinq dernières années (dont 10,8millions d’euros de pertes nettes en 2006), le groupe italien qui fabrique 6millions de lunettes solaires de luxe sous licence (Mont- Blanc, Ferrari, etc.) a décidé de cesser la pro- duction de masques de ski et de casques ainsi que la vente de ces produits. Résultat, le site de Frasne fermera définitive- ment ses portes au 31 décembre au plus tard. 64 personnes sont concernées. La plateforme logis- tique de Pontarlier qui se trouve dans les locaux de L’Space 900 bénéficie d’un sursis de trois mois puisqu’elle stoppera l’activité en mars. Dix sala- riés sont sur la sellette, auxquels vient s’ajouter la suppression de 18 postes à Paris. 92 emplois sont donc menacés par cette mesure. Toutes les personnes concernées doivent faire l’objet d’un plan de reclassement qui courra sur 2008. À Frasne, la direction accuse directement la poli- tique commerciale deMarcolin “qui a acheté Cébé en 1999 pour se diversifier et qui s’est plantée. Ils n’ont pas d’affection particulière, ce sont des finan- ciers. Pourquoi, ça nous fait mal, parce que nous sommes liés affectivement à cette marque.” En 2005, Cébé a fabriqué 850 000 masques de ski et 550 000 en 2006, une baisse liée à la dou- ceur exceptionnelle de l’hiver. Néanmoins, ces chiffres placent cette enseigne parmi les plus gros fabricants de ce genre de produits techniques et de qualité, plébiscitée par les amateurs de sports d’hiver. Cébé réalisait 50%de son chiffre d’affaires sur l’arc alpin franco-suisse, et 50%sur l’ensemble de la planète. Les volumes de production étaient là selon la direction de Frasne, le problème est que les res- ponsables de lamarque auraient rogné lesmarges pour commercialiser les produits jusqu’à ne plus dégager aucun bénéfice. “Une faute commercia-

le” qui aurait fini par conduire Cébé dans le mur. D’ailleurs, dans le débat actuel, à aucunmoment la qualité des produits et la crédibilité de lamarque sont mises en cause pour expliquer le déclin. “C’est à se demander aussi pourquoi Marcolin a chan- gé l’ensemble de l’outil informatique de Cébé il y a un an et déplacé la plateforme logistique à Pon- tarlier pour finir par fermer. Un jour tout allait bien, le lendemain tout allait mal” remarque une source proche du dossier. Le bateau aurait donc pris l’eau suite à une mauvaise gestion. Ce n’est sans doute pas un hasard, mais bien la preuve de la notoriété de Cébé, si Marcolin refu- se pour l’instant de céder le nom (une possibili- té que ce groupe n’excluait pourtant pas il y a un an), sous lequel il continuera à commercialiser des lunettes solaires fabriquées en Chine. Le problème est qu’en gardant la propriété de la marque, le lunetier empêche dans l’immédiat tou- te reprise par un tiers de l’activité de fabrication de masques de ski et de casques commercialisés sous la griffe Cébé. Plusieurs scénarios de reprise ont été proposés à Marcolin. Ils ont tous été écartés. “Il y a enco-

D ire que lamain-d’œuvre française quitte les sociétés duHaut-Doubs pour aller gagner sa vie en Suisse est désormais un lieu commun. Cela fait partie de la réalité économique de ce terri- toire. Mais pour les entrepre- neurs qui sont confrontés au quotidien à ce phénomène, la situation est pesante. Elle l’est d’autant plus lorsqu’ils ont le sentiment d’être les bonnes poires d’un système dans lequel ils jouent le rôle de formateur du personnel avant que celui-ci ne décide de rejoindre la Suis- se, plus alléchante financière- ment, après avoir acquis sa pre- mière expérience en France. La société Ixméca de Morteau (qui fut d’abord Altech avant d’intégrer le giron du groupe

re une issue possible estime la direc- tion, un petit espoir de sortir de l’impasse. Nos chances de réussite sont de l’ordre de 2 %.” La marge de manœuvre est maigre, mais les responsables de Frasne ne veulent pas gâcher cette occasion,aussi min- ce soit-elle. Selon nos informations, des sala- riés de l’usine du Haut-Doubs avec l’appui d’investisseurs seraient prêts à relancer la production. Ils ne pour- ront relever ce défi qu’à la seule condition que Marcolin leur cède aumieux la marque Cébé ou qu’un accord soit trouvé pour qu’ils puis- sent produire les masques de ski sous cette étiquette. Dans le cas contraire, c’est le dernier hiver où l’on verra dans les vitrines des articles Cébé. T.C.

Dion devenu Ixméca depuis peu) a pris la mesure du pro- blème. La maison-mère basée à Maule dans les Yvelines, restructure en ce moment l’ensemble de ses sites (9 au total) répartis sur l’ensemble du territoire national. Dans le cadre de sa réflexion, elle prévoit de fusionner les usines de Morteau et de Besan- çon. L’unité duHaut-Doubs spé- cialisée notamment dans l’usinage de produits à desti- nation de l’industrie horlogère qui emploie une trentaine de salariés, devrait être transfé- rée début 2008 dans les locaux de Ixméca situés dans la zone d’activité d’École-Valentin. Dans l’opération, Maule fait des éco- nomies de structure et peut espérer préserver ses salariés.

À ce jour, la direc- tion de Morteau remarque que la décision de trans- férer l’unité n’a pas encore été arrêtée. “Elle sera prise fin décembre début janvier. Il se peut que l’on déci- de de maintenir Morteau finale- ment.” Un scénario peu probable puisqu’à la fois la direction de Maule et de

Ixméca, à Morteau, subit de plein fouet la fuite de

“Il y a encore

une issue possible.”

la main- d’œuvre vers la Suisse.

Besançon confirme que le trans- fert est engagé. Le projet a été exposé aux salariés qui le cas échéant seront amenés à faire les trajets pour aller travailler à Besançon.

AUTOMOBILE

Le groupe Bourbon en mutation L’agglo accueillera la direction technique de Fabi Automobile

Le groupe Bourbon, déjà implanté à Pelousey, a des projets pour sa filiale mortuacienne. Il envisage de transférer la direction technique de l’entreprise Fabi en périphérie de Besançon.

L’ entreprise Fabi devrait faire l’objet d’une restructuration dans les mois à venir. Le groupe Bourbon de Saint-Lupicin (Jura) a “un projet de transfert” pour sa filiale mortuacienne, confir- me la direction jurassienne par la voix de son service commu- nication. Dans l’immédiat, Bour- bon ne souhaite pas s’étendre davantage sur ce dossier qui est “à l’étude. Rien n’est encore entériné. C’est une réflexion.” Officiellement, les contours du projet ne sont donc pas encore arrêtés. Le plasturgiste indus- triel (279 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2004), qui emploie 2 358 personnes répar- ties sur 14 sites en Europe pré- cise seulement qu’il s’agirait de déplacer une partie de l’activité de Morteau dans “la région de

Besançon” , sur un site, a prio- ri , autre que celui de Bourbon Automobile à Pelousey. Selon nos sources, l’activité concernée par le départ est la direction technique qui englo- be notamment le bureau d’études. Un secteur qui emploie

murmure-t-on chez Fabi. Une fois de plus, en filigrane de ce commentaire, c’est la Suisse qui est montrée du doigt. C’est pour recruter sereinement et éviter que les cadres ne passent la frontière que la société juras- sienne cherche à s’éloigner du Haut-Doubs. Peut-être est-il aussi plus faci- le de convaincre les candidats à l’emploi d’intégrer une socié- té qui se situe aux portes de la capitale régionale reconnue pour sa qualité de vie. Enfin, chez Fabi, des salariés indiquent que Bourbon étudierait la possibi- lité d’installer l’unité sur le pla- teau de Saône (zone de Mami- rolle par exemple), un secteur géographique facilement acces- sible pour les employés concer- nés par le transfert depuis le Haut-Doubs.

aujourd’hui une soixantaine de personnes. En revanche, l’ensemble de la production reste- ra à Morteau. L’argument avan- cé par la direction de Bourbon pour justifier ce choix est celui “de la difficulté de recruter du per- sonnel à la direc- tion technique”

“Rien n’est encore entériné.”

Une soixantaine de personnes à Morteau serait concernée par le projet.

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