La Presse Bisontine 80 - Septembre 2007
L’INTERVIEW DU MOIS
La Presse Bisontine n°80 - Septembre 2007
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Éditorial
LITTÉRATURE Les Mots Doubs du 14 au 16 septembre “Besançon est le seul salon où je viens tous les ans” Que se passe-t-il lorsqu’un écrivain n’a plus d’idées ? Pour son huitième roman, David Foenkinos s’amuse à imaginer sa “vie catastrophe” dans “Qui se souvient de David Foenkinos ?”
Rentrée Les parasols - hélas pas les parapluies - sont définitivement rangés au garage, le soleil n’est plus qu’un vague souvenir pour ceux qui l’ont trouvé cet été, une espérance définitivement enterrée pour ceux qui l’attendaient en Franche-Com- té. L’été 2007 a replié ses bagages sans que personne n’ait eu la sensation qui les aient défaits durant ces deux mois de grisaille. Naturellement, les profes- sionnels du tourisme dans leur grande majorité ne peuvent qu’afficher le visa- ge desmauvais étés. Ceux qui s’en tirent se comptent sur les doigts d’une main. Quand va-t-on définitivement renoncer à vendre en Franche-Comté le soleil l’été et la neige l’hiver ? Ces deux paramètres de plus en plus aléatoires devraient être totalement bannis des politiques régio- nales en matière de promotion touris- tique. À l’image de l’Irlande, la Franche- Comté est un havre de nature préservée, vendons-la comme telle ! Brutalement, les sujets vaguement mis sous l’étouf- foir durant deuxmois resurgissent : sep- tembre sera le mois des vifs débats sur la T.V.A. sociale, sans doute des pre- mières revendications syndicales de tel- le ou telle catégorie sociale, de la fisca- lité locale dont chacun percevra l’effet direct en ouvrant sa boîte-à-lettres. Dès cet automne, le gouvernement et son vrai chef, le président de la République, prendront sans doute de plein fouet la mauvaise humeur d’un pays largement privé de soleil cet été. Le moral semble- t-il est déjà en berne. La France aborde la mauvaise saison. Sur le plan local, d’élections il s’agira à nouveau. Dès le 1 er septembre, collectivités et adminis- trations entrent déjà dans la tradition- nelle période de réserve pré-électorale. Cette année, deux élections en cachaient en fait une troisième. Les municipales de mars 2008 se profilent déjà. Et ce n’est sans doute pas dans les grandes villes de la région que les enjeux sem- blent les plus forts. À Besançon par exemple, une droite déchirée entre dans la bataille. Cause quasi perdue. Mais c’est sans doute dans les petites com- munes périphériques, pourtant sans grand enjeu, que les débats s’annoncent les plus vifs. Observons bien les attitudes de certains élus locaux ou prétendants au titre. Ils battent déjà campagne, dis- crètement, mais assurément. Il n’y a pas de doute : les batailles du printemps pro- chain sont déjà sur orbite. La rentrée n’épargne personne.
L a Presse Bisontine : Vous êtes un des habitués du salon littéraire des Mots Doubs… David Foenkinos : C’est vrai. Je crois y être venu à chaque édition. C’est d’ailleurs le seul salon où je viens tous les ans. La première année, j’ai trouvé cela très bien, impressionné par la foule. Mainte- nant, c’est devenu le premier grand salon de la ren- trée littéraire. On a senti une vraie demande. Et maintenant, je connais pas mal de monde, parmi les libraires, c’est agréable de les retrouver. Sans oublier que l’ambiance est sympathique. La pre- mière année, le libraire qui nous accueillait nous a servi un petit blanc dans l’après-midi… délicieux. L.P.B. : Comment est le public bisontin ? D.F. : Il lit beaucoup, c’est indéniable. C’est un public que j’aime. Je ne veux pas faire de généralité, mais dans le sud de la France, les salons sont souvent plus calmes. L’année dernière, j’avais été chargé de réaliser la dictée, on s’était bien amusé. Pour mes livres, j’ai la chance de passer sur des plateaux de télévision mais je ne suis pas convaincu que ce soit le plus important. C’est le contact direct avec le public. Les gens peuvent vous dire ce qu’ils ont aimé, moins aimé. Pour un écrivain, les salons sont le seul contact avec le public. Le reste du temps, c’est assez solitaire. L.P.B. : 729 livres se partagent l’affiche de cette rentrée lit- téraire, un nouveau record. C’est trop ?
D.F. : Il y a énormément de livres mais c’est aussi le moment où il y a énormément d’espace pour par- ler des livres. Je trouve cela plutôt sympa car je m’en sors plutôt pas mal. On cherche son nom sur la lis- te des 20-30 livres des sélections desmagazines, il y a un côté ludique. J’essaye en tout cas de ne pas m’an- goisser, mais c’est vrai que pour s’en sortir, mieux avoir déjà publié. Il faut relativiser. J’ai déjà publié à presque toutes les périodes de l’année, mes livres sont sortis en septembre, en janvier, en mai. À chaque fois, cela s’est plutôt bien passé et il n’y a pas eu d’énormes différences.
“La littérature
L.P.B. : Si vous deviez résumer votre dernier roman “Qui se sou- vient de David Foen- kinos ?” D.F. : C’est ma vie
est un terrain de jeu.”
dans 10 ans. Version catastrophe. Je suis incapable d’écrire, tout le monde m’a oublié, ma femme m’a quitté, ma fille fait du tennis et j’ai perdu mon inspiration. Je joue
avec certains éléments de la réali- té mais c’est une fiction. Dans un train, cet auteur a soudain une gran- de idée de roman, celle qui lui per- mettra de faire un grand come-back . Mais il l’oublie. Il va la rechercher pendant tout le livre. C’est un peu un polar. L.P.B. : La perte de l’inspiration vous angois- se ? D.F. : Si je n’ai plus d’imagination, je perds ma capacité à faire des romans. Après le “Potentiel érotique de ma femme”, j’ai eu assez de mal à me remettre à l’écriture, à retrouver
David Foenkinos est un fidèle des Mots Doubs.
des idées. C’est revenu sur des choses un peu dif- férentes. Même si l’univers reste le même. Il y a par exemple dans tous mes romans deux Polonais. Ici, ce sont des profs de tennis d’une joueuse polo- naise, elle aussi. Je suis fasciné par les artistes qui ont eu une capa- cité à créer et qui ne l’ont pas perdu. Un jour, j’ai entendu une interview de Paul McCartney à qui on demandait ce qui le rendrait le plus heureux. Après tous ses succès, il a répondu “faire un nou- veau tube.” L.P.B. : Est-ce étrange de devenir soi-même un personnage de son roman ? D.F. : C’est drôle. Quand j’ai écrit ce livre, je ne me suis pas imaginé une seule seconde que c’était moi. Bien sûr, des gens qui me connaissent retrouvent certaines caractéristiques, mais ce n’est pas auto- biographique. Je m’amuse de l’autofiction où l’au- teur se raconte à la première personne. La littéra- ture est un terrain de jeu. Mon but, c’est d’écrire une histoire agréable et que ce soit ludique. Il n’y a pas tellement de livres comiques en France. Entre les infanticides chez Mazarine Pingeot, la mort d’un enfant chez Marie Darrieusecq… J’ai de la chance de pouvoir me démarquer. Pour tous ceux qui sont déprimés par les autres romans, il y a mes livres [rires]. Zoom David Foenkinos en quelques dates - Né en 1974, écrivain - Lauréat de la fondation Hachette en 2003 - Publie en 2004 le “Potentiel érotique de ma fem- me”, chez Gallimard. Il coécrit également un film pour le cinéma avec Jacques Doillon et le scéna- rio d’une bande dessinée. - août 2007 : Son dernier livre, “Qui se souvient de David Foenkinos” sort chez Gallimard. Propos recueillis par S.D.
Jean-François Hauser
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