La Presse Bisontine 77 - Mai 2007

Presse Bisontine n°77 - Mai 2007

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TECHNIQUE Le contrôle du laboratoire Sur le tracé, tous les sols sont analysés

C’est à Chaucenne que les échantillons des sols sont passés au crible pour voir dans quelle mesure il faudra les améliorer afin de garantir dans la durée la stabilité de la ligne T.G.V.

Test pour déterminer la résistance du sol à partir d’un échantillon prélevé sur le terrain.

lioration du sol, “on peut faire venir des matériaux de haute qualité de l’extérieur à condition, une fois de plus, qu’ils répondent aux critères fixés par le cahier des charges. Lorsque nous sommes face à une zone humide par exemple, on pla- ce des rochers avec très peu de par- ticules fines” poursuit le respon- sable du laboratoire. Tous les matériaux qui sont apportés d’une carrière extérieure sont analysés systématiquement pour vérifier leur compatibilité avec le site pour lequel ils sont destinés. Parfois les engins doivent décaper

le terrain sur 20 m de profondeur pour trouver une couche de matiè- re suffisamment stable pour ser- vir de base au terrassement de la ligne grande vitesse. Une fois l’opé- ration terminée, la portance du sol est mesurée une dernière fois. On parle d’une “réception à la plaque.” Il s’agit d’un camion équipé d’un outil qui effectue sur le sol une pression de plusieurs tonnes. L’en- semble est contrôlé une dernière fois par le laboratoire de Réseau Ferré de France, maître d’ouvra- ge du projet. T.C.

Neuf techniciens travaillent au laboratoire de Chaucenne.

C’ est une des exigences du chantier T.G.V. : sur l’en- semble du tracé, le sol doit être parfaitement stable dans la durée. Aucun mou- vement de terrain n’est toléré. Cet- te donnée inhérente au cahier des charges, impose aux équipes de terrassement de savoir où elles mettent les pieds. Pour cela, elles s’appuient sur les renseignements transmis par le laboratoire implan- té sur la base logistique de Chau- cenne, en charge du lot A4, spé- cialisé dans la reconnaissance des sols. Cette cellule emploie neuf techni- ciens qui effectuent des prélève- ments de sol quotidiens sur le tra- cé de la ligne grande vitesse. Ils analysent ensuite des échantillons de terre avant de les classer sys- tématiquement par famille et de les archiver. Le rôle du labo est essentiel dans ce projet, non seulement pour déter- miner avec précision la nature des sols sollicités (en complément de l’étude pédologique qui a déjà été effectuée lors de l’élaboration du projet), mais aussi pour apporter des solutions quand l’instabilité est constatée. “Certains matériaux sont impropres comme les argiles qui en présence d’eau peuvent dou- bler de volume. Pour déterminer le degré d’argilosité de la matière, on plonge l’échantillon dans unmélan- ge d’eau et de B.B.T. (bleu de bro- mothymol). Plus le sol est argileux et plus il absorbe de B.B.T.” explique Alain Vuillaume, responsable du laboratoire terrassement. Ces tech- niciens savent tous de ces sols de

leur teneur hydrique à leur nature. “Il y a sur ce chantier quatre grandes familles de sols : sable, limon, argile et roche cal- caire.” Le labora- toire en évalue éga- lement l’indice portant immédiat pour déterminer si le terrain est suf- fisamment résis- tant pour suppor- ter le trafic. Sur ce tracé, la plu- part des sols subis- sent des améliora-

me celui-ci. Les déblais d’un sec- teur peuvent servir de remblai un peu plus loin, à condition qu’il y ait compatibilité entre ces diffé- rents types de sols. Certains déblais sont inutilisables sur ce chantier dont leurs caractéristiques ne cor- respond pas au cahier des charges. “Ces matériaux-là sont évacués et finissent en dépôts.” Inversement, toujours pour des raisons d’amé-

Hervé Pinchinot, directeur de projet sur le lot A4.

“La chaux rend les argiles insen- sibles à l’eau.”

tions pour renforcer leur portance. “On peut les traiter par exemple à la chaux vive. Dès que cette matiè- re est au contact de l’eau, elle mon- te en température. Cette caracté- ristique permet à la fois d’enlever l’eau des terrains traversés, et dans le temps d’empêcher les argiles de se gonfler. La chaux les rend insen- sibles à l’eau.” Dans ses études, le labo tient comp- te d’un autre paramètre plus aléa- toire : le karst. C’est une des carac- téristiques géologiques de la région. “Lorsqu’on sait que nous appro- chons d’une zone karstique, alors on stoppe le chantier et on sonde le terrain suivant un maillage très serré pour détecter une éventuelle faille ajoute le technicien. Si on ne trouve rien, on considère qu’il n’y a pas de problème et que le risque est nul.” Les mouvements de matière sont importants sur un chantier com-

En plaçant les échantillons d’argile au contact d’un mélange d’eau et de B.B.T. on détermine rapidement la sensibilité de la matière à l’eau.

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