La Presse Bisontine 76 - Avril 2007
BESANÇON
La Presse Bisontine n°76 - Avril 2007
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SANTÉ À côté de l’hôpital Minjoz Un institut du cancer en 2009 à Besançon Le C.H.U. de Besançon doit se doter d’ici deux ans d’un institut où se concentreront tous les services de lutte et de soins contre le cancer. Une priorité parmi les priorités aux yeux du président du conseil d’administration de l’hôpital, Jean-Louis Fousseret.
Action Relay H : le rayon de soleil de l’hôpital
L a Franche-Comté est une des der- nières régions françaises à ne pas disposer d’un outil unique de lutte contre le cancer. Pas de maison du cancer, pas de centre de lutte. Et ce, mal- gré la présence de grands professionnels au C.H.U. de Besançon, reconnus natio- nalement dans leur discipline. La capita- le régionale réagit enfin. Le conseil d’ad- ministration du C.H.U. JeanMinjoz, présidé par Jean-Louis Fousseret, a confirmé son intention de créer à Besançon un “insti- tut fédératif régional de cancérologie”. “C’est l’avenir de la cancérologie qui est en jeu à Besançon. Il faut absolument doter Besançon d’un tel institut pour donner les meilleurs moyens aux médecins de traiter cette “vacherie” susceptible de toucher tout le monde” commente M. Fousseret qui dit porter ce projet “avec ses tripes.” Plus qu’une maison du cancer qui ne fédé- rerait que les associations de lutte, plus qu’un centre de lutte qui ne s’occuperait que des soins, un institut fédératif rem- plit trois fonctions : les soins, la recherche et la coordination d’un vrai réseau régio- nal, lien entre tous les centres hospita- liers de Franche-Comté. “C’est d’ailleurs une condition impérative pour que nous soutenions le projet : il faut une approche régionale avec une “filiale” à Belfort-Mont-
çon et la communauté d’ag- glomération du Grand Besançon se sont d’ores et déjà engagées à injecter 2 millions d’euros chacune dans le projet. Le Conseil général du Doubs 2 millions et la Région Franche-Com- té 1 autre million. Jean- Louis Fousseret ne relâche pas la pression auprès des trois autres Conseils géné- raux de Franche-Comté pour qu’ils mettent eux aussi la main à la poche. “Il y a une vraie volonté de mener à bien ce dossier. Les collectivités publiques apportent près de 40 % du financement, il fau- dra que l’État nous aide aus-
béliard et des points d’appui à Vesoul et Lons-le-Saunier. Tout ne doit pas être cen- tré sur Besançon. Et on veut que cet insti- tut soit un vrai partenariat public-privé” tempère Patrice Blémont, le directeur de l’Agence Régionale de l’Hospitalisation (A.R.H.). Cet institut du cancer sera matérialisé dans un nouveau bâtiment qui doit être construit dans le périmètre proche du
M arylin Bonneaux, la gérante, et son équipe du Relay H de l’hôpi- tal Minjoz renouvellent chaque année leur action : deux fois par an, à Mardi Gras et à Hal- loween, les salariés du Relay H se mobilisent pour donner un peu de soleil à l’hôpital. Le 21 février dernier, ils avaient enfilé les costumes fabriqués par la gérante elle-même, ils s’étaient grimés à l’atelier maquillage monté pour l’occa-
sion et commencé leur journée à 6 h 30 du matin par la fabri- cation de 200 litres de pâte à crêpes, confectionnées sur pla- ce pendant toute la journée. “Tous les gens qui passent au Relay H ont droit à leur crêpe, et nous passons dans les 1 100 chambres du C.H.U. offrir des crêpes auxmalades.” Les mous- quetaires d’un jour avaient éga- lement ouvert un atelier maquillage au profit des enfants malades du C.H.U.
C.H.U. Minjoz. “Dans ce bâtiment qui sera entière- ment dédié, sera concentré tout ce qui concerne la poli- tique de soins, ainsi que la prévention, le dépistage et les soins de supports, c’est- à-dire l’accompagnement” ajoute le président du C.H.U. La construction abri- tera notamment un hôpital de jour avec 60 lits en onco- logie médicale, ainsi qu’un nouvel appareil de radio- thérapie. “On retrouvera en un même lieu tout ce qui est nécessaire pour vaincre cet- te maladie.” Le coût d’un tel projet s’élè- vera entre 22 et 26 millions d’euros. La ville de Besan-
Le coût d’un tel projet : entre 22 et 26 millions d’euros.
si. Et nous sollicitons aussi le privé - cli- nique Saint-Vincent et Polyclinique - pour les impliquer totalement dans le projet” ajoute M. Fousseret. Le dossier a été vali- dé par l’I.N.C.A., l’institut national du can- cer dans le cadre du plan cancer 2003- 2007. La construction du bâtiment dédié à cet institut fédératif doit démarrer fin 2008 pour une mise en service progressive dès l’année suivante. J.-F.H.
L’AVIS DES MÉDECINS 5 000 nouveaux cancer par an
Pour les praticiens bisontins chargés de la lutte contre le cancer, la création de l’institut est primordia- le pour l’amélioration des soins, mais aussi vitale pour l’avenir de la cancérologie en Franche-Comté. “C’est aussi une question d’attractivité”
A u niveau - 2. Enterré dans les sous-sols de l’hôpital Minjoz. Des pièces sans fenêtres, des couloirsmonotones où patientent les malades. Si la qualité des soins prodigués dans les services de cancérologie de Minjoz ne font aucun doute, les conditions d’accueil ne sont plus dignes d’un hôpital au XXI ème siècle. Les praticiens sont les pre- miers à reconnaître cet état de
fait. Le projet d’institut du can- cer arrive au bon moment. Car le risque de voir partir certains talents vers d’autres régions était bel et bien réel. “Il y a ailleurs en France, des centres où la qualité des soins, les conditions de travail et l’en- vironnement sont optimaux. Il arrive très régulièrement d’avoir des appels du pied de ce genre d’établissement” avoue le pro-
fesseur Xavier Pivot, chef du ser- vice oncologiemédicale auC.H.U. de Besançon. “Si on fait ici une structure du cancer, cela per- mettra aussi de pérenniser les équipes médicales” ajoute celui qui est en France, un des grands spécialistes du cancer du sein. Mais la priorité est aussi ailleurs. “C’est un service colossal rendu à la population franc-comtoise” ajoute aussitôtM. Pivot. “Si l’ins-
titut se fait, nous allons devenir attractifs pour d’autres profes- sionnels, pour la recherche et sur- tout pouvoir offrir lemeilleur soin possible aux patients.” Car pour l’instant, la prise en charge du cancer et de ses consé- quences est éclatée dans plu- sieurs services, quand ce n’est pas dans d’autres endroits de Besançon. Assistantes, sociales, diététiciennes, psychologue rejoin- draient ainsi les services de soins médicaux dans ce futur institut. Pour le professeur Jean-Fran- çois Bosset, chef du service de radiothérapie, c’est aussi “un challenge économique” à relever. “La Franche-Comté est de plus en plus en concurrence avec ses régions voisines que sont l’Alsa- ce ou Rhône-Alpes. Ce sera d’au- tant plus vrai avec le futur T.G.V. Créer cet institut, c’est aussi une question d’attractivité de notre région” dit-il. L’amélioration des équipements grâce à la construction de cet ins- titut, serait de taille. “Un seul exemple : avec trois appareils de radiothérapie (les rayons), on commence à recevoir les patients à 6 h 30 dumatin. Ça oblige cer- tains à partir à 4 heures dumatin
Le professeur Jean-François Bosset est aussi président de la Ligue contre le cancer de Franche-Comté, qui donnera 1 million d’euros pour le projet.
Jean-François Bosset, “l’intérêt d’un tel institut pour lesmalades est immense.” L’enjeu est de taille. Sur les 20 dernières années, le nombre de patients porteurs d’un cancer est passé de 160 000 à 270 000 en France, soit une augmentation de plus de 60%. EnFranche-Com- té, 5 000 patients nouveaux sont détectés chaque année, atteints d’un cancer. Parallèlement, la France est un des pays d’Euro- pe où le nombre de guérisons est le plus élevé. La création d’un institut du cancer répond donc à cette exigence demaintenir cet- te excellence et à améliorer la prévention. L’objectif final est bien de sauver des vies. J.-F.H.
de chez eux. Et les séances s’éta- lent jusqu’à 20 heures le soin” indiqueM. Bosset. Autre point : “On n’a pas aujourd’hui à Min- joz d’organisation efficace des soins de support, c’est-à-dire les soins prodigués par les psycho-
Le professeur Xavier Pivot, en haut de la photo, est membre de l’institut natio- nal du cancer, chargé du cancer du sein.
logues, les nutri- tionnistes, les assistantes sociales, les kinés. Pour l’ins- tant, il n’y a qu’un seul psy- chologue pour nos deux services d’oncologie et de radiothérapie. C’est très insuf- fisant.” Pour
5 000 patients nouveaux sont détectés chaque année.
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