La Presse Bisontine 76 - Avril 2007

BESANÇON

La Presse Bisontine n°76 - Avril 2007

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POLITIQUE Sa nouvelle vie Paulette Guinchard : “Pourquoi j’arrête” La députée de la deuxième circonscription met un ter- me définitif à sa carrière politique, elle ne sollicitera plus aucun mandat. Après dix ans passés à l’Assem- blée Nationale, elle se dit “fatiguée, usée.”

Paulette Guinchard aura passé cinq ans comme députée dans la majorité gouvernemen- tale (1997- 2002) et cinq dans l’opposition (2002-2007), avec une

L a Presse Bisontine : Vous n’êtes encore jamais revenue sur les rai- sons qui vous ont poussée à annon- cer votre retrait de la vie politique. Paulette Guinchard : Je suis tout sim- plement usée moralement et physi- quement par ces dix ans passés en tant que parlementaire. Ce sont donc ces raisons tout à fait personnelles, et mûrement réfléchies, qui m’empê- chent de continuer un tel investisse- ment. J’étais arrivée au bout de la façon dont je pouvais m’investir. L.P.B. : Le rythme de vie était à ce point effré- né ? P.G. : Avec le recul, je m’aperçois que le système est malsain. Il nous fait mener des vies de fous, sans samedi, sans dimanche, tout cela parce que les gens attendent tout d’un respon- sable politique. J’affirme aujourd’hui que la forme dans laquelle s’exerce ce genre de mandats n’est plus du tout adaptée. En particulier pour des personnes d’un certain âge ou fra- giles, ou pour des élus plus jeunes qui ont une famille, des enfants. Je rêve d’un statut de l’élu comme dans les pays du Nord où le travail d’un hom- me politique s’arrête comme tout autre travail, à des heures raisonnables. En France, la forme dans laquelle s’exerce le pouvoir est inacceptable. C’est notamment pour cela que je défends désormais pleinement l’idée du mandat unique. L.P.B. : Vous n’arriviez donc plus à suivre ? P.G. : Quand on est invité chez des gens ou qu’on fait un repas de Noël et qu’on s’écroule de fatigue au bout de la table, il y a de quoi se poser des

questions. Au nom de quoi on peut accepter de faire de la politique com- me cela ? En plus, dans cette fonc- tion, on est “bouffé” par des choses qui ne devraient pas entrer dans les attributions d’un député. Je pense notamment aux innombrables céré- monies de remises de médailles, etc. C’est trop. Et ce n’est pas là l’essen- tiel. L.P.B. : Vous partez amère ? P.G. : Je ne pars avec aucune amer- tume, au contraire. En dix ans, je me suis aperçue que l’engagement poli- tique n’est pas vain et inutile. Qu’il permet vraiment d’organiser la vie des citoyens. Je ne me suis jamais sentie déconnectée de la vie quoti- dienne, au contraire, je pense avoir apporté quelque chose.

parenthèse d’un an au

gouvernement Jospin en tant que secrétaire

d’État aux personnes âgées.

re, le 21 février, j’ai déposé trois amen- dements, les trois ont été retenus. L.P.B. : À quoi ressemblera votre nouvelle vie, après juin ? P.G. : Pour le moment, je veux me repo- ser, je veux souffler. Je terminerai mon travail, ainsi que mon mandat de conseillère municipale, ensuite je prendrai plus de temps pour moi. Entre-temps bien sûr, je mettrai tou- te mon énergie pour l’élection de Ségo- lène Royal et sur le plan local, pour celle de Marie-Guite Dufay pour conserver la circonscription. Je n’aban- donnerai pas la politique, je conti- nuerai d’adhérer au P.S. C’est juste un arrêt de mes mandats électifs. Il y a une vie après la politique… Les projets ne manquent pas : j’ai notam- ment envie de travailler sur la ques- tion de la place des femmes dans la

société. Et si vous saviez avec quel bonheur je retrouve le plaisir de fai- re la cuisine… L.P.B. : Conserver la circonscription à gauche ne va pas être facile. De Mme Dufay, votre dauphine, on dit parfois qu’elle manque de “chaleur humaine” ? P.G. : C’est une bosseuse incroyable et quelqu’un de très généreux. L’image que l’on donne de soi ne correspond pas toujours à la réalité. Son énergie apparaît peut-être comme de la froi- deur mais chacun aussi a sa façon de faire. Et une élection, ça change aus- si les gens. Moi aussi, j’apparaissais parfois comme quelqu’un de distant avant d’être élue. Quant à ses chances de victoire, tout dépendra des résul- tats de l’élection présidentielle.

tion qui a abouti à une proposition de loi concernant la situation des retraites pour les femmes. Là, je suis vraiment dans mon travail de députée. L.P.B. : Vous en gardez alors quelques fier- tés de ces dix années ? P.G. : Plusieurs satisfactions. La pre- mière, c’est que j’ai découvert qu’on peut faire bouger les choses quand on est député. Quand les gens disent que la politique ne sert à rien, ce n’est pas vrai. Ensuite, je me suis rendue compte que le dossier du vieillisse- ment n’était pas beaucoup pris en compte. Je suis contente d’avoir fait évoluer un peu les choses dans ce domaine. J’ai par exemple ouvert le débat sur le prix des maisons de retrai- te. Le travail que j’ai entamé va être poursuivi, j’en suis satisfaite. Le der- nier jour de la session parlementai-

L.P.B. : Qu’est-ce qu’il res- tera de ces dix ans pour vous ? P.G. : Les discours que j’ai essayé de faire pas- ser sur le vieillisse- ment, sur le handicap. Et je crois que j’ai été écoutée. Il y a la mise en place de l’A.P.A. bien sûr, mais égale- ment des choses moins visibles. Un exemple : j’ai reçu cet automne une femme dont la retraite de 500 euros par mois, est ampu- tée de 200 euros par la réforme Fillon. J’ai alors mené un grand travail sur cette ques-

“La forme dans laquelle s’exerce le pouvoir est inacceptable.”

Propos recueillis par J.-F.H.

CHAPELLE-DES-BUIS Une action au tribunal Querelle autour d’un sentier de randonnée La mairie de Besançon a aménagé un sentier piétonnier sur les hauteurs de la ville à Chapelle-des-Buis. Ce n’est pas du goût du riverain voisin. Une bataille judiciaire est enclenchée.

À l’automne dernier, la vil- le de Besançon engage des travaux d’aménagement d’un sentier de marche dans le quartier de la Chapelle-des-Buis. Georges et Marie-France Ober- son, riverains du chemin des Trois-Châtels, voient ce sentier longer en partie leur propriété. Estimant subir un grave préju- dice, les époux Oberson n’y vont pas par quatre… chemins : ils réclament 100 000 euros de dédommagement à la ville. “Nous avons décidé de ne pas nous lais- ser faire” juge Georges Oberson. Après une visite sur les lieux, la ville constate la présence “de nombreux déchets et matériaux divers entreposés sur les terrains communaux ainsi que l’édifica- tion de divers ouvrages (abris pour stocker le bois…) sur ces

mêmes terrains.” On se rend alors coup pour coup. “Je ne suis pas contre ce sentier, mais il suf- fisait de le faire à peine plus bas. Nous n’avons plus aucune tran- quillité ” estime M. Oberson. En décembre dernier, les époux Oberson ont saisi le préfet pour rappeler à l’ordre les services de la ville et engagé une procé-

riverain contestataire la démo- lition de ces “constructions illé- gales” et s’apprête à intenter une action devant le Tribunal de Grande Instance de Besan- çon pour obtenir la suppression de ces ouvrages édifiés par la famille Oberson. Georges Ober- son a pourtant tenté de renouer le dialogue. “J’ai sollicité un ren- dez-vous avec le maire. Celam’a été refusé catégoriquement. Par- lez-moi de démocratie !” s’in- surge le riverain. Estimant que la ville “se permet n’importe quoi” , il souhaite maintenant qu’elle aménage des palissades pour protéger sa propriété des regards indiscrets des marcheurs. “Plus la ville ripostera, plus je les emmerderai” promet-il.

dure en référé devant le tribu- nal administra- tif, requête déclarée irrece- vable pour “absence de moyens.” Aujourd’hui, c’est la ville de Besançon qui contre-attaque. Elle réclame au

“Plus la ville ripostera, plus je les emmerderai.”

Après juin, Paulette Guinchard vivra entre Besançon et Chaux-Neuve, son deuxième pied-à-terre.

J.-F.H.

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