La Presse Bisontine 76 - Avril 2007

La Presse Bisontine n°76 - Avril 2007

DOSSIER

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SOCIAL 6 000 emplois ? Il n’y a pas que des créations ! Les chiffres annoncés par R.F.F. sur l’impact de la L.G.V. sur l’emploi local sont importants. Mais au-delà des statistiques, le résultat de l’addition est à tempérer.

COMMENTAIRE 5 000 salariés Sébastien Perrin : “La ligne est une locomotive pour l’emploi” Le secrétaire général de la fédération des travaux publics note que la ligne à grande vitesse double le nombre d’emplois à pour- voir dans la région dans le secteur des T.P.

O n a presque du mal à y croire. Et pourtant, R.F.F. affirme que la construction de la ligne à gran- de vitesse mobilise 6 000 emplois, dont 2 000 sont des emplois indirects géné- rés dans les services qui gravitent autour du projet comme l’hôtellerie et la restauration. La majorité de ces emplois donc, est ventilée entre les dif- férents corps de métiers des travaux publics. “On estime que si la ligne L.G.V. n’existait pas, ce sont 4 000 emplois qui n’existeraient pas non plus” indique Thierry Sarrat, chef de mission de la L.G.V. Rhin-Rhône branche Est. Cela ne signifie pas pour autant que

le chiffre annoncé correspond à des créations nettes d’emplois qui pour le coup sont plus difficiles à quantifier. R.F.F. ne connaît pas le pourcentage que représentent les nouvelles embauches dans ce projet. Thierry Sar-

publics tempèrent l’optimisme de R.F.F. et estiment plutôt que la fourchette se situe entre 15 et 20 %. Selon Réseau Ferré de France, un quart des effectifs correspondrait donc à des créations nettes d’emplois. Thierry Sar- rat ajoute : “On considère aussi que deux emplois directs génèrent un emploi indirect” et au bout du compte voilà comment on arrive à 6 000. Mais les statistiques sont parfois trom- peuses. Pour l’instant, en particulier dans l’hôtellerie, des établissements n’ont pas encore ressenti l’effet L.G.V. En tout cas pas suffisamment pour embaucher.

rat estime cependant que sur un chantier comme celui-ci, “lorsqu’une entre- prise a besoin de 100 per- sonnes sur le terrain, elle doit renforcer son effectif dans des proportions qui sont de l’ordre de 25 % à 30 %.” Certains profes- sionnels des travaux

“Ce sont 4 000 emplois qui n’existe- raient pas.”

L a Presse Bisontine : Les travaux publics recrutent. À com- bien estimez-vous le nombre de postes à pourvoir en Franche-Comté, L.G.V. comprise ? Sébastien Perrin : Dans le cadre du programme “Ambi- tions T.P.” on estime à 30 000 le nombre de personnes à recruter en France. Pour la Franche-Comté, on s’est fixé un nombre de 300 personnes à recruter en 2007, hors L.G.V. Si on intègre dans nos calculs la ligne à grande vitesse, on peut doubler ce chiffre sachant que 5 000 salariés travaillent aujourd’hui dans les travaux publics dans la région. L.P.B. : Ce projet est donc une véritable source d’emploi dans votre secteur d’activité ? S.P. : La ligne est une locomotive pour l’emploi et en particulier pour les travaux publics. C’est une réalité économique. On assiste en ce moment à une hausse globale de l’activité régionale dans un certain nombre d’entreprises qui interviennent en sous-traitance sur ce projet. L’impact, on le mesurera véritablement à la belle saison où on attend une montée en charge des travaux.

EMBAUCHES Maçons, conducteurs d’engins Encore 200 postes à pourvoir ! Les entreprises de travaux qui interviennent sur le chantier recrutent.Mais elles peinent à trouver les profils adaptés à leurs besoins.

A vec le démarrage de nouvelles phases de travaux sur la ligne L.G.V. à l’été, 200 offres d’emplois liées au chantier sont à pouvoir. En six mois, 400 ont déjà été pourvues ! Les dossiers de candidatures s’accumulent dans les deux cellules de recrutement spé- cialement créées pour accompagner ce pro- jet. “Nous en avons enregistré 500 à la cel- lule A.N.P.E./P.L.I.E. de Besançon et 600 à la cellule A.N.P.E./Conseil général de Haute-Saône basée à Héricourt. Ce sont surtout les grandes enseignes nationales des travaux publics qui nous sollicitent” indique Odile Ferru, chef de projet emploi L.G.V. Pour la plupart, ce sont des demandeurs d’emploi qui n’ont aucune expérience dans le B.T.P. mais qui tentent leur chance. “Il y a de réelles opportunités à saisir” ajou- te-t-elle. Être titulaire du permis de condui- re et faire preuve “d’une forte motivation” est le minimum requis par les sociétés de travaux publics qui embauchent. Tous les postulants ne signeront pas des contrats à durée indéterminée, mais des contrats courts par exemple. Les employeurs émettent donc peu d’exi- gences à la sélection. Pourtant, la difficulté de trouver une adéquation entre l’offre et

la demande est réelle malgré les forma- tions mises en places préalablement au recrutement. “Pour un placement, il faut présenter en moyenne cinq candidatures. C’est vrai que l’on essaie de positionner sur ce projet des gens qui sont éloignés de l’em- ploi depuis longtemps” avoue Odile Ferru. Pour la première fois en effet, Réseau Fer- ré de France a aménagé, dans ses marchés de travaux, une clause sociale pour favo- riser “l’emploi des publics en situation de précarité ou en difficulté d’insertion pro- fessionnelle à hauteur de 7 % des heures travaillées” précise R.F.F.

métiers de maçons nécessaires sur le chan- tier sont peu prisés. “Sur le seul tronçon A, nous recherchons une quarantaine de personnes dans ce corps de métier” qui souffre de désaffection. Travailler en exté- rieur, par tous les temps, calme les ardeurs, même si la profession a évolué tant dans les conditions de travail proposées que dans les niveaux de salaire. Les entreprises comme le groupe Bonne- foy à Saône assurent directement des for- mations en interne. Les trois centres d’ap- prentissages franc-comtois aux métiers des travaux publics ne suffisent plus à pour- voir la demande. “Il y a des gens avec les- quels on signe un C.D.I. et qui ne se pré- sentent jamais à l’entreprise. Nous avons rencontré une cinquantaine de cas de ce genre en trois ans” déplore Frédéric Bon- nefoy, directeur général du groupe. Certaines sociétés de travaux publics qui doivent intervenir sur le chantier L.G.V. se disent prêtent à recruter lamain-d’œuvre dans d’autres pays européens si elles ne trouvent pas les compétences sur le mar- ché franc-comtois. On peut espérer quand même qu’elles finissent par trouver chaus- sure à leur pied dans les deux cellules actives du recrutement où affluent les can- didatures.

L.P.B. : Des emplois sont créés donc dans le cadre de la réalisation de la ligne. Mais qu’adviendra-t- il de ces postes à la fin du chantier ? S.P. : Il y aura un effet après L.G.V. Si on veut que cette ligne soit utile au déve- loppement économique, il faudra créer des voix d’accès à des zones d’activité éco- nomiques par exemple. Tout l’enjeu pour nous avec ce projet L.G.V. qui est une véri- table vitrine est d’attirer des gens dans ces métiers, de les former, et de créer des emplois durables. Propos recueillis par T.C.

“Il y aura un effet après L.G.V.”

La ligne grande vitesse est donc une opportunité pour remettre le pied à l’étrier de l’emploi un certain nombre de personnes. Tous ces profils ne correspon- dent pas systématiquement aux attentes des employeurs. “Récemment, nous avons pré- senté vingt candidats à une société. Elle en a recruté cinq.” Parmi les postes les plus durs à pouvoir, mais qui reçoivent le plus de candidatures, il y a celui de conducteur d’engin. Un emploi qui demande une qualification. À l’inverse, les

“Des gens avec les- quels on signe et qui ne se pré-

L’ entreprise Bonnefoy intervient sur la construction de la Ligne Grande Vitesse en tant que co-traitant du groupe Guintoli, le plus gros terrassier français. Sa mission : rétablir les voiries. “ Par exemple, à chaque fois que le T.G.V. traverse une route existante, il faut dévier la route. Toutes les routes coupées doivent être rétablies. C’est notre rôle” explique Frédéric Bonnefoy, directeur général du groupe. La société de Saône intervient également sur le chantier L.G.V. en tant que fournisseur de béton (400 000 m 3 ) conjointement avec Holcim et S.A.T.M. “On traite toutes les fournitures de béton de la Côte-d’Or à Belfort.” Le pro- jet ne présente pas de difficultés particulières pour le lea- der des travaux publics franc-comtois, “mais les contrôles sont d’une très grande rigueur.” Pour les besoins du pro- jet, Bonnefoy a ouvert une carrière à Thervay, une com- mune du Jura située à quelques kilomètres de Pesmes. Un site qui sera remis en état à la fin des travaux. Le chantier T.G.V. représente un surcroît d’activité de l’ordre de 10 à 15 % pour la société de travaux public de Saône. Mais au-delà des chiffres, travailler sur ce pro- jet c’est aussi bon pour l’image. SAÔNE Groupe Bonnefoy Ligne à Grande

sentent jamais.”

Deux exigences : permis de conduire et motivation.

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