La Presse Bisontine 75 - Mars 2007

BESANÇON

Presse Bisontine n°75 - Mars 2007

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AFFAIRE

RÉACTION Responsabilité collective Jean-François Longeot : “Personne n’a eu le courage de lever ce lièvre” Le conseiller général du canton d’Ornans fait partie des rares élus à reconnaître que chacun savait ce qui se passait à l’A.D.E.D. Commentaire.

Suites judiciaires ? A.D.E.D. : le dossier qui dérange L’A.D.E.D. n’existe plus. Épinglée en juin par un rapport de la chambre régionale des comptes qui pointait du doigt “le standing” de cette asso- ciation attachée au Conseil général, sa seule évocation ennuie les élus.

Les élus du Conseil général du Doubs n’au- raient rien vu venir.

L a Presse Bisontine : Selon vous, les élus connaissaient-ils le fonctionnement de l’A.D.E.D. ? Jean-François Longeot : Je précise tout d’abord que je n’ai jamais été au conseil d’administration de l’A.D.E.D. À mon sens on n’a pas voulu voir ce qui se pas- sait dans cette association. Tout le mon- de cautionnait. C’était malheureuse- ment devenu “comme ça.” C’est évident que tout le monde savait, même le grand public s’en apercevait parfois. L.P.B. : Alors pourquoi n’avoir rien dit ? J.-F.L. : Je ne sais pas. Peut-être que per- sonne n’a eu le courage de lever ce lièvre. LP.B. : Quelles suites ont été données à ce dos- sier ? J.-F.L. : Aujourd’hui ce qui me gène, au- delà du fait d’avoir obtenu ce rapport et d’en avoir débattu, est qu’en tant que conseiller général, je ne sais même pas si Guy Millet, l’ancien directeur a été licencié ou s’il est parti de lui-même. Je trouve inquiétant que nous n’ayons pas été informés du départ du directeur. Il me semble important que le Président

I l dérange ce rapport de la chambre régionale des comptes sur la gestion de l’agence de dévelop- pement économique et touristique du Doubs (A.D.E.D.). Ce document de 53 pages publié en juin fait apparaître des conclusions contrastées. Certains points sont positifs, d’autres font l’objet de vives cri- tiques comme le paragraphe dans lequel est décor- tiqué le “standing de l’association.” Frais d’hôtel, de restaurant, de voyage, de réception, “le train de vie était parfois emprunt d’un laxisme regrettable” indique la chambre régionale des comptes. La carte bancaire de l’A.D.E.D. utilisée par sondirec- teur fonctionnait visiblement à l’excès. Le président disposait également d’un tel moyen de paiement. “Certaines dépenses peuvent paraître excessives s’agis- sant de deniers publics” précise le rapport qui porte sur la période 1997-2004.

des élus qui passent du temps à éplucher des comptes, ont pu passer à côté de cela” s’insurge une source proche de ce dossier. D’autant que “certains faits rele- vés présentent un certain caractère de gravité. Mais au-delà des frontières de la Franche-Comté, cette affaire ne paraît pas exceptionnelle” complète un spé- cialiste financier. Les élus auraient donc fermé les yeux. Et aujour- d’hui la page est tournée. Rares sont ceux à s’inter- roger sur les suites à donner à ce rapport. L’histoi- re est vite oubliée et la mémoire courte. Claude Jeannerot lui-même s’est peu soucié du sort dudirec- teur de l’A.D.E.D. dont il ne sait pas s’il a été licen- cié ou s’il a démissionné. “Je peux vous dire qu’il n’a pas perçu d’indemnités.” Gérard Galliot, président actuel de Développement 25, (l’association qui fait suite à l’A.D.E.D.). affirme que le directeur “a bien été licencié.” Finalement ce rapport qui a dit tout

Jeannerod informe les conseillers géné- raux sur cette question. L.P.B. : Guy Millet aurait été licencié sans indem- nités ? J.-F.L. : Alors j’aimerais que l’on m’écri- ve et que l’on me prouve qu’il est parti sans indemnités sachant qu’il avait un contrat et que cela faisait 20 ans qu’il était en poste. Recueilli par T.C. Jean-François Longeot : “Je trouve inquiétant que nous n’ayons pas été informés du départ du directeur.”

Ce sont ces dérives constatées sur une si longue durée qui dérangent les élus du Conseil général aujour- d’hui. Comment ont-ils pu ne pas voir les dérapages financiers de cet- te antenne du Département. Pour- quoi l’opposition n’a pas dénoncé ces abus ? “On s’est étonné à plu- sieurs reprises” remarque simple- ment Claude Jeannerot président duConseil général duDoubs qui en faisait partie à l’époque. “Comment

haut ce que tout le monde pen- sait tout bas est tombé à point nommé pour l’équipe Jeanne- rot qui a mis fin à l’A.D.E.D. Mais lapagede l’agencededéve- loppement économique et tou- ristiquen’est peut-êtrepas enco- re complètement tournée. Le Parquet de Besançon qui a connaissance des faits, pourrait engager des poursuites. T.C.

“On s’est étonné à plusieurs reprises.”

POSITION Suivre les recommandations Le Conseil général tourne la page Le conseiller général du canton d’Ornans fait partie des rares élus à reconnaître que chacun savait ce qui se passait à l’A.D.E.D. Commentaire. P our le Conseil général, l’Agence de Développement Économique du Doubs (A.D.E.D.) appartient désor-

vrant au monde économique. Le Départe- ment n’a plus la majorité (Christian Jac- quet, président de la Chambre de Métiers et Alain Boissière, président de la Fédé- ration du Bâtiment sont dans le bureau). Et nous avons remis de l’ordre dans l’or- ganisation comptable en supprimant notam- ment la carte bancaire. La seule chose qui compte désormais est que nous ayons mis en œuvre les mesures demandées par la Chambre. Mais je précise néanmoins que nous avions décidé de mettre en place un C.D.T. et Développement 25 avant que nous recevions ce rapport qui, finalement, nous a confortés dans nos choix. Nous avons anticipé les mesures.” Et Gérard Galliot, président de Développement 25 de préci- ser : “Nous sommes dans une phase de recrutement du futur directeur.” Bref, tout est reparti comme sur des rou- lettes, sur des bases saines. La page est tournée un peu trop vite selon certains observateurs proches de ce dossier qui esti- ment qu’en “dissolvant l’A.D.E.D., c’était le meilleur moyen, pour le Conseil géné- ral, de dissoudre d’un coup, tous les pro- blèmes.”

mais à de l’histoire ancienne. Le rapport de la Chambre régionale des Comptes qui épinglait l’association sur son train de vie pendant la période 1997-2004 a été débat- tu en assemblée départementale le 13 juin 2006. La collectivité a pris bonne note des observations faites par l’organisme de contrôle et en a tiré les conclusions qui s’imposaient. À partir de là, l’affaire est classée. Le président Claude Jeannerot et son équi- pe ont tourné la page en remaniant l’A.D.E.D. pour créer deux entités dis- tinctes afin d’éviter les confusions entre les genres comme ce fut le cas dans le pas- sé. L’A.D.E.D. a été scindée en deux pour créer d’un côté le comité départemental du tourisme (C.D.T.) et de l’autre Déve- loppement 25 qui accompagne les projets économiques. “Nous avons procédé à une remise en ordre de l’organisation en créant deux organismes” précise Claude Jean- nerot. Il ajoute : “Nous avons élargi les bases dirigeantes de l’association en l’ou-

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