La Presse Bisontine 75 - Mars 2007

Presse Bisontine n°75 - Mars 2007

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MONTBOUCONS Élevage de moutons Sous le parking, les champs Berceau d’ovins depuis trois générations, les 10 hectares de la ferme d’Emmanuel Chatelain font l’objet de bien des convoitises. Une situation plutôt préoccupante pour l’agri- culteur, qui continue tout de même à croire à la possibilité de cohabitation entre le monde agricole et citadin.

L es 400 brebis d’Emmanuel Chatelain ont bien travaillé. Aux alentours de la ferme des Mont- boucons, l’herbe des prés ressemble à du gazon anglais. Il est vrai que les animaux ont plutôt inté- rêt à brouter durement, car leurs 10 hectares de ter- rain de jeu semblent bien menacés par le nouveau P.L.U. En effet, les deux voisins de l’agriculteur, le lycée Pier- re-Adrien Pâris et le C.F.A. du B.T.P. deviennent gour- mands. “Il y a un projet d’extension d’un hectare, plus le futur parking, nécessitant également un hectare sou- ligne Emmanuel Chatelain. Un fait confirmé par Jean- Claude Petitjean, chef des travaux du lycée : “Nous avons besoin d’une nouvelle plateforme, pour faire tra- vailler les étudiants. Mais il ne s’agit pas d’un terrain de formation à la conduite, bruyante, d’engins.” Et pour Sébastien Perrin, secrétaire général de la Fédération des Travaux Publics de Franche-Comté et directeur du C.F.A. des travaux publics, “la deman- de pour l’aire d’évolution et le parking émane des deux établissements, lycée et C.F.A. Celle-ci a été portée à l’attention de la Région et de la ville, qui les a inclus dans le projet d’urbanisme.” Il précise : “Il existe une vraie nécessité derrière. D’une part, l’afflux et l’attrait des jeunes pour notre type de formation obligent à s’étendre. Autrement les formations sont condamnées. Quant au stationnement, il faut savoir qu’actuelle- ment, les élèves pratiquent le parking sauvage. Cela gêne la bonne circulation et c’est donc dangereux. Et puis il me semble que le vivre ensemble nécessite quelques aménagements.” Face à ces demandes, Emmanuel Chatelain s’inter- roge tout de même sur le bien-fondé du bétonnage de ses prés. “Je comprends tout à fait que les élèves ont besoin de place. Mais un parking d’1 hectare… Et il faut tout de même garder une distance minimale entre les activités agricoles et citadines. Ces terres proches des bâtiments sont utilisables en toutes saisons pour les pâturages. Elles constituent ce que j’appelle l’es- pace vital de l’exploitation.” Le comble, c’est qu’à côté du C.F.A., il existe un ter-

rain, d’un peu plus d’1 hectare, dont lamairie est propriétaire. Mais qu’el- le refuse d’utiliser pour les exten- sions. “Ils m’ont donné deux rai- sons : d’abord des problèmes de sécurité. Ensuite qu’ils réservent ce terrain pour le projet de Z.A.C., “Les portes de Vesoul”. Mais ce projet, on en parle, on en parle, mais ça ne vient pas vite.” Cette bataille pour garder sa terre, Emmanuel Chatelain la livre depuis 1999. “C’est la Société d’économie mixte d’Équipement du Départe-

Les petits agneaux d’Emmanuel Chatelain sont entre de bonnes mains, en attendant le vote définitif du P.L.U.

Le P.L.U. en dates Septembre 2001 : Engage- ment de la procédure de révi- sion De 2002 à 2004 : Concerta- tions et organisation des études préalables Janvier à juillet 2005 : Diffu- sion de projets auprès du grand public À partir de fin 2005 : Forma- lisation et rédaction du projet 6 juillet 2006 : Arrêt définitif du projet de P.L.U. 13 nov. au 23 décembre 2006 : Réalisation de l’enquête publique Courant mars 2007 : Com- munication du rapport et des conclusions de la commission d’enquête Mars à juin 2007 : Rédaction définitive du P.L.U. en fonction des conclusions de l’enquête publique Juin 2007 : Vote au conseil municipal du P.L.U. amendé

ment du Doubs (S.E.D.D.), négocia- trice pour la Région, qui me contac- tait. Au plus fort, en 2001, c’était presque toutes les semaines. Ils m’ont deman- dé de vendre, à l’amiable, pour envi- ron 3 euros le mètre carré souligne le propriétaire des lieux. Et ça a recom- mencé en 2006 avec le nouveau P.L.U. Je ne veux pas dire, mais cela ressemble quand même à une sorte de harcèle- ment.” Propriétaire des terrains autour de sa ferme depuis trois générations, l’agri- culteur loue également d’autres champs. “Ils sont vers Pirey, École-Valentin, Miserey…Et je loue aussi bien à d’autres propriétaires : la mairie, l’hôpital, à l’armée ou à des particuliers raconte Emmanuel Chatelain. Mais ils sont en location précaire, pour un ou deux ans

seulement.” Difficile donc de concevoir une exploita- tion rentable avec des terrains qui risquent de partir à n’importe quel moment. Pourtant, l’éleveur s’accommode très bien de sa proxi- mité avec la ville. “Les agriculteurs périurbains qui survivront sont ceux qui tourneront en avantage, ce qui est au départ un gros inconvénient explique-t-il, enthousiaste. Il faut profiter du bassin de consom- mateurs directs qui nous entoure.” Alors l’éleveur propose ses moutons pour les fêtes musulmanes de l’Aïd, organise des méchouis dans ses champs, fait visiter la ferme aux écoliers, utilise ses tondeuses sur patte pour entretenir les terrains de Témis 2… Et pour montrer sa bonne volonté, pour emmener le troupeau dans les champs un peu plus éloignés, “je vais à pied, par les routes, sur les che- mins goudronnés, avec le chien et le troupeau. Mais sur les zones de promenade, comme il est interdit d’y laisser tomber des crottes de moutons, je reviens ensui- te avec un balai.” J.C.

“Cela ressemble quand même à une sorte de harcèlement.”

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chaque jour, les soins de Francine et Jean-Claude Courtois.

Un nombre qui risque de diminuer très prochainement.

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pective de laisser derrière soi son travail et une maison ayant vu défiler déjà trois géné- rations reste une éventualité douloureuse à leurs yeux. Et Jean-Claude Courtois d’ajou- ter : “Pourtant, l’agriculture est comme une bouffée d’environnement. Grâce à elle, il y a un peu de nature en ville.” J.C.

fils est à l’école d’agriculture. Il risque donc de vouloir reprendre l’exploitation. Il sera certainement obligé de partir” regrette l’ex- ploitant. Alors, bien sûr, les Courtois comprennent : la ville a besoin de place, c’est la crise du logement… Mais tout de même. La pers-

* Tarif du 01/03/07 au 31/03/07 - hors adaptation au sol,V.R.D., p.p. peintures, moquettes, aménagements extérieurs et zone sismique.

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