La Presse Bisontine 75 - Mars 2007

ÉCONOMIE

Presse Bisontine n°75 - Mars 2007

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AUTOMOBILE Le cap pour 2007 Vincent Deffeuille : “La vraie reconquête aura lieu en 2008” Depuis le début de l’année, le Bisontin est seul aux commandes du groupe Deffeuille. À 38 ans, le dirigeant est aujourd’hui à la tête de 550 salariés. Il trace ses priorités pour renforcer sa position dans un marché de l’automobile de plus en plus concurrentiel.

L a Presse Bisontine : Deffeuille Auto- mobiles est désormais votre pro- priété à 100 % ? Vincent Deffeuille : C’est effective- ment le cas depuis le 1 er janvier. Avant, nous étions deux associés à 50-50, Jean-Pierre Cône et moi- même. Chacun gérait une partie de la Franche-Comté. En ce qui me concerne, c’était le Jura et le Haut- Doubs. J’ai tout simplement rache- té les parts de mon associé qui est parti à la retraite.

Vincent Deffeuille, président du groupe éponyme,

riés, nous comptons désormais par- mi les principales P.M.E. de Franche- Comté. Notre seul “souci”, c’est que nous ne sommes pas perçus com- me un groupe. Chaque personne a dans l’idée que chacun de nos points de vente est un garage indépen- dant. Cela nous pose d’ailleurs quelques problèmes quand on sou- haite recruter de jeunes talents en management, ressources humaines oumarketing. Avec la taille que l’on a maintenant, nous sommes une grosse P.M.E. qui a besoin d’une nouvelle structuration.

feuille ? V.D. : En termes de chiffre d’affaires, il est de l’ordre de 250 millions d’eu- ros. Le groupe emploie 550 salariés. Il est aujourd’hui, toutes marques confondues, le premier groupe de

P.D.G. de Renault ? V.D. : Certainement. Le construc- teur a souhaité réduire les ventes “non profitables”, c’est-à-dire les ventes aux loueurs professionnels et les véhicules de service. D’où le tassement général. D’autre part, il a repoussé le lancement de certains nouveaux modèles. Ceci dit, sur la partie vente aux particuliers, on n’a pas enregistré de tassement des ventes en ce qui nous concerne. Ce n’est pas une chute des ventes de 30 % comme certains l’ont dit. Car- los Ghosn a voulu aussi repousser la sortie des nouveauxmodèles pour être sûr d’approcher le zéro défaut quand ces voitures sortiront. L.P.B. : Comment fonctionne votre concept de voitures à bas prix avec la Logan et sa nouvelle déclinaison familiale ? V.D. : C’est un vrai phénomène. Aujourd’hui, 34 % des ventes de Renault sur la France sont des Dacia (N.D.L.R. : la marque appartenant à Renault qui produit les Logan en Roumanie). Les acheteurs de Dacia sont les gens qui veulent rouler futé première fois, avoir une voiture neu- ve. Cela nous permet donc d’attirer des clients que nous n’avions jamais vus. C’est très bon pour nous. L.P.B. : Comment se répartit votre chiffre d’affaires global de 250 millions d’euros ? V.D. : Les véhicules neufs repré- sentent 40 % du chiffre. Le reste est réparti entre les véhicules d’oc- casion (1/3 du reste), l’atelier (1/3) et les pièces de rechange (1/3). Le reste (2 à 3 % du chiffre) est consti- tué par la location. L.P.B. : Allez-vous imprimer votre “patte” maintenant que vous gérez le groupe seul ? V.D. : On a des procédures de fonc- tionnement en place qui marchent bien, il n’y a donc pas de raison de tout changer. Ceci dit, courant 2007, nous apporterons quelques évolu- tions dans le fonctionnement et la structuration du groupe. L’idée est notamment de mieux faire fonc- tionner les entreprises entre elles sur le plan géographique. Qu’il y ait plus de synergies entre les points de vente de Pontarlier, Besançon, Morteau par exemple pour le Doubs. L’idée est d’améliorer le fonction- nement global de l’entreprise. C’est mon grand chantier de l’année 2007. “Les voitures à bas prix sont un vrai phénomène.” et utile, qui n’atta- chent pas d’impor- tance aux voitures en général. Avec les modèles Dacia, nous accrochons beaucoup les gens qui ont tou- jours acheté des véhi- cules d’occasion et qui veulent, pour la

L.P.B. : La figure de proue du groupe Def- feuille, c’est la marque Renault. Mais vous commercialisez aussi Nissan etAlfa Roméo. Quel est le niveau des ventes de ces trois marques ? V.D. : Nous avons vendu l’an der- nier 7 500 véhicules neufs au total : 6 500 Renault, 600 Nissan et une centaine d’Alfa Roméo. En ce qui concerne les véhicules d’occasion, nous en avons écoulé 10 000 : 4 000 à des particuliers et 6 000 à des garagistes. L.P.B. : Vos points de vente sont répartis sur trois départements de Franche-Com- té (Doubs, Haute-Saône et Jura). L’ambi- tion du groupe Deffeuille est-elle de cou- vrir les quatre départements franc-comtois ? V.D. : En ce qui concerne Renault, le Nord Franche-Comté est géré par une filiale en direct du construc- teur. Logiquement, notre stratégie serait qu’àmoyen terme - d’ici quatre ou cinq ans -, on puisse couvrir la Franche-Comté dans son intégra- lité. Les autres projets, à plus court terme, c’est d’être présents en Hau- te-Saône avec Nissan et de déve- lopper également la marque Alfa Roméo. L.P.B. : Les derniers chiffres de l’automo- bile sont plutôt pessimistes, notamment pour les ventes de voitures françaises. Qu’en est-il des perspectives du groupe Deffeuille pour 2007 ? V.D. : Sur le plan national, les ventes de voitures neuves se sont établies à 2,05 millions en 2006. En 2007, le marché devrait être à peu près étal. Pour Renault, nous sommes plutôt optimistes, l’année se fera en deux temps. Jusqu’en juin, les ventes ne devraient pas exploser. Mais la deuxième partie de l’année corres- pondra à deux actualités : la sortie de la nouvelle Twingo en juin et cel- le de la nouvelle Laguna en octobre. Voilà deux ans que Renault n’a pas sorti de nouveaux modèles, cela explique le tassement des ventes qui a été beaucoupmédiatisé. À elle seule, la Twingo représente 2 % du marché total des voitures en Fran- ce, toutes marques confondues, c’est énorme. Notre objectif cette année est donc logiquement de faire mieux qu’en 2006. Mais la vraie reconquête aura lieu en 2008 avec la montée en puis- sance des deux nouveautés 2007 et la sortie l’an prochain de 11 nou- veaux modèles (5 lancements et 6 restylages). Notre objectif est que Renault atteigne entre 27 et 30 % dumarché français, contre 24 % ces derniers temps. Aujourd’hui, ce que veulent les consommateurs, c’est de la nouveauté. L.P.B. : Repousser les sorties fait partie de la stratégie de Carlos Ghosn, le nouveau

distribution d’auto- mobiles en Franche- Comté. Sur le plan français, nous sommes certaine- ment dans les 20 premiers groupes. Et au niveau régio- nal, avec 550 sala-

est à la tête d’un des dix premiers groupes Renault de France.

“Objectif : couvrir toute la Franche- Comté.”

L.P.B. :Que pèse aujourd’hui le groupe Def-

BANQUE

La Caisse d’Épargne s’engage Quand l’écureuil tape du poing

Bousculée par la plainte d’autres banques françaises, la Caisse d’Épargne risque son monopole du Livret A. Une situation loin d’être à sa convenance.

participeraient pas au finance- ment des logements sociaux. D’où “un impact sur les finances publiques” de l’État. En attendant la publication du contre argumentaire des banques désireuses du Livret A, ainsi que la position finale de la Commis- sion européenne, le petit écureuil devra prendre sonmal en patien- ce. Mais Alain Maire se dit “vigi- lant et confiant.” Il faut encore ajouter, à titre informatif, qu’en Bourgogne Franche-Comté, 1 107 292 personnes détiennent un de ces fameux livrets A. De par son histoire et la loi de 1999, la Caisse d’Épargne pos- sède un statut coopératif. Elle doit donc financer des missions d’intérêt général sur ses propres résultats. Et pour le logement social, la Caisse d’Épargne, tout comme la Banque Postale, col- lecte l’argent remis par les épar- gnants, et le confie à la Caisse des Dépôts. Celle-ci rémunère la Caisse d’Épargne pour cette col- lecte et gère l’argent ainsi recueilli. Elle réutilise une partie de l’ar- gent pour financer les logements sociaux, ou d’autres missions d’intérêt général. La Caisse d’É- pargne n’adoncpas le libre emploi de l’argent des livrets A : elle ne peut pas l’utiliser pour investir. Une banque pas comme les autres M ais d’où vient la particulari- té de la Caisse d’Épargne ?

L e petit écureuil de la Cais- se d’Épargne commence à taper du pied. Certaines banques voudraient lui enlever l’exclusivité du LivretA, ce comp- te-épargne ouvert à tous et aux intérêts exonérés d’impôts. Mais pour comprendre la colère dupetit mammifèrebancaire, il faut remon- ter un peu en arrière. Pour faire simple, tout est parti de la Commission Européenne et d’un dépôt de plainte de banques françaises et étrangères, comme le Crédit Agricole, la BNP Pari- bas, la Société Générale, entre autres. Une des réclamations : être autorisés à distribuer le Livret A aux épargnants. Il faut savoir, que depuis sa création, le fameux livret n’est proposé que par la Caisse d’Épargne et la Banque Postale. Raisons historique et légale. Même si la réponse de la Com- mission Européenne n’est pas encore clairement connue, l’écu- reuil préfère monter au créneau, “contre la banalisation de livret A.” Selon Alain Maire, le président du directoire de la Caisse d’É- pargne Bourgogne-Franche-Com- té, ce produit bancaire “est un pro- duit d’épargne populaire, vecteur d’intégration bancaire, finançant avec succès le logement social. Son monopole est conforme au droit Européen, il n’est donc pas une entrave à la liberté d’établisse- ment.” Sur ce point-là, la Com- mission tranchera.

Mais le petit écureuil a d’autres arguments. Il considère en effet que le Livret A n’est pas “un pri- vilège.” Chiffres à l’appui, elle sou- ligne que “54%des titulaires d’un livret Ane détiennent aucun autre produit bancaire à la Caisse d’É- pargne.” Pas d’effet d’attraction des épargnants donc, mais éga- lement un privilège à contrepar- ties. En effet, pour bénéficier du fameux livret, la banque a dû subir une limitation d’accès à certains marchés d’épargnants, entraînant un “handicap dans son dévelop- pement commercial et financier” Autre inquiétude pour la Caisse d’Épargne : si les autres banques avaient le droit de distribuer éga- lement le livretA, les conséquences seraient multiples. D’abord un risque de focalisation des banques

sur les plus gros épargnants, au détriment des plus petits, “conformé- ment à leurs poli- tiques commerciales affichées.” Or l’équi- libre de ce système tient justement au fait qu’il existe un grand nombre de petits contre un petit nombre de gros. De plus, les autres banques, non soumises à l’obliga- tion de participer aux missions d’in- térêt général, ne

Mais le petit écureuil a d’autres arguments.

J.C.

Propos recueillis par J.-F.H.

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