La Presse Bisontine 75 - Mars 2007

REPORTAGE

Presse Bisontine n°75 - Mars 2007

30

DEVENIR FRANÇAIS… Le 25 janvier dernier, une trentaine de Bisontins ont participé à la céré- monie de naturalisation, à la préfecture. Un moment plein d’émotions scellant une nouvelle vie de citoyen.

I l est 17 heures 30. Le moment restera dans les esprits. La convocation à la main, certains Bisontins passent la porte de la préfecture de Besançon. Ce jour- là, ils vont être naturalisés. Ils sont une trentaine à se réunir dans le salon parfaitement rond de la pré- fecture. Le silence semble de mise. Ils ont pris place le long des murs, collés, adossés, alignés. Personne n’ose faire un pas dans l’arène. La solennité se lit sur la plupart des visages. Les futurs Français sont venus en famille. Une maman tente d’empêcher son bébé de pleurer. Elle le supplie même. Pas encore, pas tout de suite. Après la cérémonie, il pourra, mais pas pour le moment. Peut-être est-ce l’attente de la procédure, peut-être est- ce la dernière ligne droite, peut-être faut-il faire bonne impression, jusqu’au bout… Chacun a ses raisons de se tai- re, de murmurer. Peu importe. Cha- cun sent la palpitation de l’instant.

Après le silence Les agents administratifs sont déjà dans la salle. Les officiels entrent. En tête, Bernard Bouloc, le secrétaire général de la préfecture. Il invite l’as- sistance à remplir la salle. Le moment est venu. La petite troupe se déplace, tout en laissant, instinctivement, une large place entre eux et le pupitre. Com- me des élèves dans une salle de classe, le jour de la remise des dissertations. La cérémonie de naturalisation du 25 janvier 2007 commence. Un des fonctionnaires du service public prend la parole. Les mots se bouscu- lent : “dossier”, “décret”, “inscription”, “livret de famille”, “majeur”, “Fran- çais”… L’énumération des futures démarches administratives assomme un peu l’assistance. Il faut dire que n’importe quel citoyen serait perdu devant la liste des procédures à venir. Celles qui feront, de chaque homme et chaque femme regroupé dans le salon, des Français, avec carte d’identité, pas- seport et tout ce qui s’en suit. Mais l’énumération s’arrête, sur une phra- se, alléchante : “Vous pourrez revenir demander des renseignements indivi- duels à la fin de la cérémonie.” Le sou- lagement se lit sur les visages. À peine le temps de respirer, que la cérémonie continue. Bernard Bouloc s’approche du pupitre. Dans la salle, les corps se raidissent légèrement. Le “discours de bienvenue” rappelle à cha- cun que devenir Français n’est pas perdre ses origines. C’est “apporter sa diversité, sa culture, sa personnalité” à la nation. Que la devise “liberté, égali- té, fraternité” va être la leur, qu’il fau- dra la “porter avec fierté, tous ensemble, et non chacun pour soi.” Bien sûr le secrétaire général de la pré-

fecture rappelle également les droits et devoirs du citoyen français, souligne l’importance de la parité et de la laïci- té et met en avant “l’union consacrée” entre chacun des nouveaux Français, et la nation. Le préfet s’arrête. Les der- niers mots prononcés restent en sus- pens dans l’air. Le moment paraît durer une éternité. Dans la salle, plus rien ne bouge. Et soudain, les applaudisse- ments. Toutes les personnes assemblées se mettent à frapper dans leurs mains. Ce n’est pas un déluge retentissant, ce n’est pas non plus de timides coups. Le bruit des deux mains, l’une contre l’autre, provient du cœur. Le bruit des deux mains soulage. La salle respire. Et la Marseillaise retentit. Place à l’émotion Certains laissent alors s’évacuer le silence du début, l’émotion de l’ins- tant par quelques larmes. “J’ai res- senti mon cœur battre, très fort explique Militsa Oujarevic, née en Yougosla- vie. Mes sept enfants, ils sont déjà fran- çais. Moi aussi maintenant. J’aime ce

Certains S.D.F. refusent de se rendre dans les

structures d’héberge- ment. Par peur d’être

rackettés par- fois ou parce que les chiens sont interdits.

Cette année, l’abri de nuit des Glacis a été rénové entièrement. “Il y a aussi une dimension sociale, des problèmes de dépendance, de santé à solutionner. Sinon, on risque de retourner vite à la case départ”, affirme Ludovic Brenot.

Made with FlippingBook flipbook maker