La Presse Bisontine 75 - Mars 2007

Presse Bisontine n°75 - Mars 2007

DOSSIER

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CONFIDENCES Ses passions Jean-Louis Fousseret en privé On connaît le personnage public, beaucoup moins l’homme. Qu’est- ce qui a forgé Jean-Louis Fousseret et qu’est-ce qui le fait avancer ?

Revenus Combien gagne

Réactions Ses adversaires le jugent : “Il manque de vision” Jean Rosselot et Françoise Branget sont ses deux principaux opposants “historiques”. Ils jugent l’homme Jean-Louis Fousseret. Jean Rosselot :

Jean-Louis Fousseret ? L e maire de Besançon touche chaque mois la somme de 6 607 euros nets. Cette somme est répartie ainsi : 4 258 euros lui sont versés au titre de sa fonction de mai- re et 2 349 euros pour son poste de président de la communauté d’agglomé- ration du Grand Besan- çon. Pour cette dernière fonction, il pourrait tou- cher plus, en fonction du nombre d’habitants de l’agglomération. Mais étant donné qu’il porte égale- ment la casquette de mai- re, la somme globale est plafonnée à ces 6 607 euros, soit 43 339 de nos anciens francs. Par ailleurs, Jean-Louis Fousseret est à la tête d’autres structures. Il pré- side notamment le conseil d’administration de l’hô- pital de Pontarlier, le syn- dicat mixte de l’aérodro- me de La Vèze, le syndicat immobilier de Micropolis, la S.A.I.E.M.B. (organis- me logeur), le syndicat mixte Lumière (réseau haut débit de la ville). Il est éga- lement vice-président de l’association des maires des grandes villes de Fran- ce et il est membre du conseil national du déve- loppement durable. Pour toutes ces autres res- ponsabilités, Jean-Louis Fousseret n’est pas rému- néré. Malgré un emploi du temps qu’on devine bien au-delà des 35 heures.

D ifficile de pénétrer l’inti- mité de Jean-Louis Fous- seret tant sa vie est atta- chée à la fonction qu’il occupe. Il n’est pas rare de voir allumée la lumière de son bureau de maire le dimanche en fin d’après-midi. Il est de ces hommes qui ne décro- chent jamais vraiment. Mainte- nant qu’il n’a plus que la ville et l’agglo dans son champ de vision politique, il semble s’y donner à fond. Et les loisirs, et les sorties, et la famille dans tout cela ? Il avoue quelques petits hobbies - il n’a de passion que pour son engagement public - : le bricola- ge, notamment “tout ce qui touche à l’électricité” , l’informatique (son ancien métier de 1967 à 1997), ou encore le jardinage. “J’aime bien sentir le goût de la terre” dit- il. Dans sa maison de Saint-Fer- jeux, il cultive ses tomates, ses fraises, y a planté deux ceps de vigne, sème sa salade. “Beaucoup de gens ont du mal à imaginer mon père le dimanche en vête- ments de jardinage à prendre soin de ses salades. C’est pourtant vrai” assure sa fille cadetteAnne-Lise. Au rayon sport, il a une vague

appétence pour la marche et “un peu le ski.” Rien de plus. Jean- Louis Fousseret n’est pas plus un intellectuel. “Quand il a été élu, certainsmilieux intellos bison- tins attendaient qu’il fasse ses preuves. Ils l’attendaient au tour- nant. Ces milieux, méfiants, sont aujourd’hui rassurés” commen- te un proche du maire. La musique, il l’écoute à travers son métier, lorsqu’il va voir l’orchestre de Besançon ou quand il est invi- té à l’opéra (il l’est systématique-

de maire. “Pour m’échapper, j’ai- me marcher dans la neige, du côté des Longevilles-Mont-d’Or dans le Haut-Doubs.” Pour cette sai- son, c’est raté. De sa famille, il parle peu. Ses deux filles - l’aînée a 40 ans, elle vit à Paris, la cadette a 37 ans et vit à Besançon -, ses deux petites- filles, sa femme Régine… Il évoque rarement le sujet. De cet- te dernière, il affirme pourtant : “C’est elle qui organise ma vie, elle me fait sa petite revue de pres- se de ce qui se passe dans les vil- lages autour de Besançon. Elle m’aide beaucoup car elle ressent très bien les choses à Besançon, elle sait me faire remonter le sen- timent des gens. Mais elle reste très discrète. C’est une anti-Céci- lia” lâche-t-il au moment où le discours politique reprend le des- sus. Dans la discussion, il revient vite à ce qui anime sa vie et ce qui le passionne. Ce n’est pas Mozart, ni Chopin. Ce n’est pas Nietzsche ni Sartre. C’est Besançon et les Bisontins. Jean-Louis Fousseret est un terrien. J.-F.H.

“Avec Jean-Louis Fousseret, nous sommes dans des rapports cordiaux répondant au principe d’élégance républicaine, d’où se dégage une inévitable estime parce qu’il sait aussi ce que cela signifie être un opposant politique. Et je sais que quand on est maire, on est sur le pont matin, midi et soir, voire par- fois la nuit. Ceci dit, Jean-Louis Fousseret a plusieurs failles. Il a beau être plein de bonne volonté, il manque tou- jours cruellement de vision. Je ne le vois toujours pas correctement penser le développement de la capi- tale régionale. Il aura du mal tant qu’il ne pensera pas le territoire dans un périmètre qui va de Mar- nay à Valdahon et de Rougemont à Saint-Vit. C’est la raison pour laquel- le je pense que sur cette question- là, il y a comme un “maire-bis” qui apparaît en la personne de Ray- mond Forni. C’est le manque de hauteur de Jean-Louis Fousseret

“Certains milieux intellos attendaient qu’il fasse ses preuves.”

ment en tant que maire). “J’aime le jazz et la chanson française” dit-il. La lecture, il la pratique “par obligation. J’ai beaucoup lu sur Vauban derniè- rement. Souvent, le soir, jem’envoie des gros rapports pour préparer mes prochaines journées.” Tou- jours pas d’échap- patoire aumétier

Jean Rosselot : “Je ne suis pas disponible à plein-temps, je n’ai pas 3 000 fonctionnaires à ma disposition comme lui, cela ne m’empêche pas d’être très présent sur le terrain.”

Jean-Louis Fousseret en dates

qui engendre l’émergence d’un maire-bis. Enfin, vis-à-vis des acteurs de ce territoire, il ne sait pas créer de synergies. Je ne comprends pas par exemple que sur un dossier aussi stratégique que l’accueil du futur T.G.V., il ne soit pas à l’initiative d’actions fortes avec ses amis de la gauche Jeannerot, Forni et Krattinger en Haute-Saône. Il a une vision trop étriquée.” Françoise Branget : “Je ne veux pas juger une personne que je ne connais pas en dehors de la politique et qui ne manifeste pas une sympathie fan- tastique à mon égard. Je peux juste lui reprocher son manque de respect vis-à-vis de moi dans les débats. Jean-Louis Fousse- ret est un homme qui n’a pas la culture du dialogue ni de l’écou- te. Alors que l’écoute devrait être la qualité principale d’un hom- me politique. Pour le reste, je respecte l’individu même si nous n’avons pas d’affinités particulières. Sur le plan plus politique, il a un manque évident de vision, de cohérence et de charisme. Sur tous les projets d’envergure, il n’y a aucune vision à long terme. Un seul exemple : l’îlot Pasteur où le dossier est complètement en panne à cause de Jean-Louis Fous- seret qui a voulu à tout prix imposer sa vision des choses alors que dès le départ il y avait un gros problème juridique. Le pas- sage en force est sa principale caractéristique.”

Le maire de Besançon est né le 23 décembre 1946 à la clinique de la Mouillère à Besançon. Il gran- dit à Velotte, à la Roche d’Or. Sa grand-mère était gardienne de cette propriété. Puis il pour- suit son enfance rue de la Butte. Fils d’un père qui a été pendant près d’un demi-siècle le “mai- re” de la commune libre de Saint-Ferjeux, il a hérité de lui ce “sens des autres.” “Jean-Louis Fousseret s’est fait par filiation à travers un inves- tissement depuis tout jeune aux côtés de son père dans le milieu associatif. Cela fait plus de cin- quante ans qu’il va à la rencontre des gens” ana- lyse un proche. Jean-Louis Fousseret est diplômé de l’école natio- nale d’horlogerie de Besançon, il a travaillé pen- dant trente ans, de 1967 à 1997, comme infor- maticien puis chargé de la maintenance de systèmes électroniques dans une multinationa- le. Il a passé trois années de sa vie profession-

nelle à Paris. Puis il s’installe en 1978 à Planoise. Dix ans plus tard, il est élu conseiller général du canton de Planoise. Entre-temps, il entre au conseil muni- cipal de Besançon en 1983. Avec Paulette Guin- chard-Kunstler, ils sont les deux seuls élus cet- te année-là à se voir confier directement un poste d’adjoint. Le maire Robert Schwint avait eu du flair… Jean-Louis Fousseret s’occupera du milieu asso- ciatif. C’est là qu’il a construit le réseau qu’il entretient aujourd’hui. Puis il sera chargé du tourisme et de la vie des quartiers. Il passe ensui- te cinq ans comme député à l’Assemblée Natio- nale (1997-2002), battu par feu Claude Girard en 2002. L’an dernier, il annonce qu’il ne briguera plus aucun autre mandat que celui de maire et pré- sident de l’agglomération de Besançon.

Christian Bornot, l’homme de cabinet O n dit de lui qu’il est le meilleur spécialiste bison- tin des questions de loge- ment. L’intéressé ne dément pas. “J’ai une certaine expérience en effet…” Christian Bornot est aus- si un habitué du monde politique. Il a été l’attaché parlementaire du député Joseph Pinard entre 1981 et 1986 et d’Huguette Bouchar- deau de 1986 à 1987. En dehors de cette parenthèse, il arpente les couloirs de la mairie depuis 1979. Sa première expé- rience de cabinet, il l’a eue avec Robert Schwint de 1987 à 1991. Ensuite, il prend les rênes du ser- vice logement de la ville de Besan- çon. Mais sa principale fierté est ailleurs. “À la fin des années quatre- vingt, j’ai contribué à lancer et l’idée de l’intercommunalité alors que tout le monde se tirait dans les pattes” dit-il.

Jean-Marie Pinel, le directeur adjoint

En octobre 2004, il rejoint Jean- Louis Fousseret qu’il a connu com- me militant P.S. au moment où le futur maire devenait conseiller général de Planoise en 1988. Le maire de Besançon l’a appelé en octobre 2004 pour l’épauler sur plusieurs dossiers-clés : le suivi des affaires relatives au C.H.U. - dontM. Fousseret préside le conseil d’administration -, le développe- ment durable et naturellement, les questions d’urbanisme et d’ha- bitat. C’est aussi lui qui est char- gé de faire le lien entre la ville et l’agglo. Christian Bornot se voit très bien terminer sa carrière aux côtés dumaire. Il ne doute d’ailleurs pas un instant de sa réélection… Ce qu’il pense du maire : “C’est un homme toujours aussi actif qu’à ses débuts mais plus sûr de lui. Je n’ai pas du tout les mêmes rapports que ceux que j’entrete- nais avec Robert Schwint qui était plus distant et mesuré. Là, c’est

H omme de confiance parmi tous, c’est lui queJean-LouisFousseret appelle lematin à 7 h 30 quand il veut savoir ce qui s’est passé à la mairie en son absence. Jean-Marie Pinel est le plus matinal des proches collabo- rateurs. Dans les couloirs de la mairie, on dit de lui que c’est “l’homme qui trouve des solu- tions à tout.” Il s’occupe plus particulièrement de certaines tâches comme la culture, les rela- tions internationales, l’administration géné- rale et le protocole. Il forme un vrai tandem avec Éric Anguenot. “Mon parcours est sur le point de s’achever” commente le sexagénaire qui a fait toute sa carrière à la ville de Besan- çon où il est entré en 1970, sous Jean Minjoz, au service ressources humaines. Il travaille- ra ensuite au secrétariat général, puis à la direction générale des services, enfin au cabi- net. “Au cabinet, nous sommes un peu les pom- piers de service” dit-il. À 61 ans, la carrière de Jean-Marie Pinel à la ville de Besançon est sur le point de s’achever.

Ce qu’il pense du maire : Jean-Marie Pinel est de ceux qui connais- sent le mieux Jean-Louis Fousseret. “Je l’ai vu arriver en 1983 à la mairie en tant qu’ad- joint aux associations. J’ai donc toujours travaillé avec lui.” Ces derniers temps, “il a pris une certaine étoffe” reconnaît Jean- Marie Pinel. Il qualifie le maire de “cha- leureux. C’est inné chez lui, il est à l’écoute. C’est peut-être aussi un défaut. À unmoment, il faut savoir dire : “Je ne peux pas.” Mais sur ce plan, il commence à s’améliorer com- mente M. Pinel qui qualifie également le maire de “ boulimique. Donc, il faut suivre.”

beaucoup plus simple et direct. Mais ce n’est pas parce qu’on lui parle facilement qu’on peut lui dire n’importe quoi. Il sait ce qu’il veut. Et maintenant, il sait prendre un peu plus de recul sur les choses, ce n’est pas plus mal.” Christian Bornot, ancien attaché parlementaire revenu au cabinet du maire.

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