La Presse Bisontine 75 - Mars 2007

BESANÇON

Presse Bisontine n°75 - Mars 2007

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EN BREF

QUARTIER BATTANT Rencontres avec ceux qui le font vivre Battant, au cœur des habitants

Humour L’humoriste franc- comtois Thierry Mouette jouera son One-man-show “Que du bonheur” le 6 avril prochain à 21 heures, salle Bat- tant à Besançon. Peinture La peintre Colette Sala expose ses œuvres du 16 mars au 7 avril à la galerie Cimaise du 10, rue de la Préfecture à Besançon. Handball La Coupe de la Ligue Féminine de hand- ball aura lieu du 8 au 11 mars en Franche- Comté. La Coupe de la ligue féminine réunit sur quatre jours les huit meilleures équipes de D1 féminine à l’is- sue des matches allers du champion- nat 2006/2007. Cette année s’affronteront Dijon, Metz, Le Havre, Nîmes, Bègles, Mios Biga- nos, Besançon, Issy- les-Moulineaux. Le vainqueur se qualifie pour une place en Coupe d’Europe. Réservations au 03 81 47 35 85. Novillars L’association Les Ptits Zécoliers de Novillars organise son loto annuel le dimanche 25 mars à la salle polyvalente de Novillars (ouver- ture 13 h 30, début des jeux 14 heures). Le carton est à Depuis le 2 janvier, un site internet per- met de comparer, depuis chez soi, les tarifs du carburant dans les stations ser- vices, avant de se rendre à la pompe. Pour Besançon, ça marche bien sûr, à condition de taper le nom de notre ville sans sa cédille. Résultat, les prix s’affichent pour 10 stations. À découvrir sur www.prix-carbu- rants.gouv.fr Traumatisés L’association des familles de traumati- (A.F.T.C.) est désor- mais installée au 8, rue de la Liberté à Besançon. Céline Sauvard assure l’ac- cueil du lundi au jeu- di de 13 h 15 à 17 heures. Rensei- gnements au 03 81 88 98 60. 6 euros. Essence sés crâniens de Franche-Comté

D’abord quartier des vignerons, puis des horlogers, ou encore des prostituées, le quartier Battant porte en lui une partie de l’âme de Besançon. Animé, enjoué, changeant, il n’aspire qu’à être rencontré, au coin d’une de ses ruelles colorées Lui, ou l’une des personnalités qui y a fait sa vie. Christelle Tranel, coiffeuse : “Si tu n’avances pas, tu recules”

L e sourire aux lèvres, le maquillage impeccable, Christelle Tranel accueille les clients de son salon de coiffu- re avec un mélange de profes- sionnalisme et de simplicité. “J’ai jamais voulu faire autre chose explique la jeune femme. Depuis que j’ai 15 ans, j’ai tou- jours voulu mon propre salon. J’aime travailler avec mes mains, et surtout discuter.” Arrivée de Haute-Saône pour suivre son amoureux, Chris- telle commence sa vie active avec un C.A.P. et un Brevet

Christelle Tra- nel est deve- nue officielle- ment propriétaire de son commerce. “Maintenant, je vais refaire certaines

Professionnel de coiffeuse. Et lorsque le salon de sa tante est mis en vente, elle saute sur l’occasion : elle en devient gérante à tout juste 29 ans. “Dans ma tête, j’étais prête.” Et si l’on évoque les difficultés de l’installation, le poids des responsabilités, Christelle Tra- nel balaye tous les doutes d’un large sourire. “C’est facile. Pour les finances, j’ai un comptable. Et pour le reste… aucun pro- blème.” Tellement peu de soucis en fait que depuis le 1 er octobre 2006,

Des projets plein la tête pour Christelle Tranel

au salon Océane.

choses.” Elle s’explique : “J’y passe 9 heures par jour et je veux m’y sentir bien.” Car avec la demoiselle, il faut que la vie bouge. “Comme disait mon grand-père, si tu n’avances

monotonie.” Et d’ajouter “Quand je coiffe, je ne fais jamais deux fois la même cho- se. Le “On fait comme d’habi- tude”, je peux pas !”

pas, tu recules. L’important ce sont les projets, la passion. Quand je me lève le matin, je n’ai pas l’impression d’aller travailler. Je n’aime pas la

Mohammed Neghliz, pâtissier oriental : “Il faut avoir du courage et du respect”

mille saveurs,MohammedNegh- liz parle de sa fierté. Pour ses filles aux grandes études, pour son fils champion du monde de karaté, pour son métier qu’il adore, pour sa passion, le foot- ball et les arbitrages tous les week-ends. Et de conclure : “Le rêve, c’est la réussite sous toutes ses formes. Si on veut y arriver, il faut avoir du courage et du respect. Et ne pas avoir peur. Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Le positif, on le laisse aller. Le négatif, il faut le tra- vailler pour enapprendre quelque chose.”

U ne histoire de famille. Elle commence sous le soleil d’Al- ger, dans une pâtisserie. C’est là que les grands-parents, puis les parents deMohammedNegh- liz ont ouvert leur établissement. Là que le tout jeune homme apprend l’amour des friandises pour papilles. Et en 1996, l’histoire se pour- suit. Dans une autre ville, un

autre pays. “Pour l’avenir demes enfants, leur scolarité, je suis venue en France.” Et Mohammed Neghliz arrive à Besançon. Il ne parle pas la langue, ne peut pas exercer. Peu importe. “Il fallait galérer un peu…” Il redresse la tête fière- ment. “Mais quand on veut y arriver…” Alors à 43 ans, il pas- se son C.A.P. de pâtissier. “Il y

avait une réglementation à res- pecter, des normes sanitaires.” Finalement, il ouvre son salon de thé. Et avec du temps et de la patience, il perfectionne ses douceurs de tous pays. “Allégées en sucre et en matière grasse” précise-t-il. “J’ai ma façon de faire, de me démarquer, de tra- vailler le produit en profondeur.” Et au milieu de ces délices aux

Une réussite basée, selon Mohammed Neghliz, sur un travail acharné.

L’ air embaume les parfums d’ailleurs. Et dans les yeux de Houssein Sbaity, restaura- teur, le Liban étincelle. Son pays d’origine, l’homme l’a quitté à 25 ans. “C’était à cause de la guerre. Je suis venu à Besan- çon rejoindre un ami, avec ma femme. C’était difficile de tout laisser, les parents, les amis” explique-t-il. Mais le jeune homme de l’époque ne s’est pas démonté. Parlant anglais presque couramment, la porte le fait revenir sur le sol français. “Ici, c’est mon deuxiè- me pays. J’ai été naturalisé, par- ce que la France, je m’y sens bien. C’est surtout le respect et la mentalité des gens que j’ai- me.” Houssein Sbaity marque une pause. “L’important, c’est le travail, la santé, les enfants. Vivre bien, sans problème. Ici, je suis bien.” Houssein Sbaity, restaurateur : “Ici, je suis bien” virer un indésirable. Le cas cependant est rare. Et com- me chaque jour, le bar du Tonton accueille plus souvent des amis. “Je connais tout lemonde ici. Je suis là depuis 40 ans. Et ça va bien. C’est bientôt la retraite, mais en atten- dant, je fais la journée…Demain…” Il est comme ça, “Monsieur Bari- ka”. Pour tous, il porte le nom de son bar, porte le nom de son villa- ge, porte à son cou un grand bol d’humanité. Hamadi Djemaï, patron de bar : “Je connais tout le monde ici” Chaque jour, pour Houssein Sbaity, c’est le Liban dans le cœur et la France dans les mains. Hamadi Djemaï, le cœur en bandoulière. il commence par travailler dans un restaurant de spécialités françaises. “C’est mon métier depuis le Liban. Là-bas je tra- vaillais dans l’établissement de mon oncle.” Il ajoute : “Je vou- lais faire quelque chose pour moi. Et comme j’avais de l’ex- périence, il n’y a eu aucun pro- blème.” Alors Houssein Sbaity rachète le restaurant, revend, devient chef de grillades, avant d’ou- vrir, il y a 5 mois, son établis- sement : spécialités libanaises. “J’aime ce métier. Je fais àman- ger aux gens, je discute avec eux.” Et parmi les clients du restaurant, Houssein Sbaity retrouve des Libanais d’origi- ne. Un petit plaisir de chaque jour. “Quand ils viennent, on parle de là-bas. Et c’est comme si j’étais au Liban. Malheureu- sement, la guerre recommence. Ça me fait mal.” L’esprit du restaurateur s’éloigne. Mais le tintement de T rois pommes de haut, plissées comme des patates, Hamadi Dje- maï, dit “Tonton” ou “MonsieurBari- ka” pour les intimes, cache sous ses yeux presque clos un cœur d’or. La petite histoire du vieux bon- homme commence en Algérie, à Barika. Elle se poursuit en France en 1966. Elle cache sûrement quelques blessures. Sa femme et ses enfants sont restés là-bas. “Elle n’a pas voulu venir” dit-il timide- ment. Les événements, comme on les nomme, sont passés dans la vie d’Hamadi Djemaï. Mais pour les détails, il faudra repasser. Car le maître du petit café ne s’oc- cupe pas énormément de lui. Son truc ce serait plutôt les autres et leur bien-être. Parfois, au cours de l’après-midi, on entend Tonton s’in- quiéter : “Il est froid ton café ! T’en veux un autre ? C’est pas bon froid.” Les aigris penseront à une manœuvre habile de commerçant. C’est mal connaître le patron. Car pour le plat de couscous à la fin d’un moisdifficile, les étudiantsnedébour- seront qu’un sourire. Tant pis pour la note, elle sera réglée plus tard. Un cœur en or, évidemment, mais aussi du caractère. Son bar, c’est son royaume. Et il n’est pas ques- tion de venir le troubler avec de mauvaises ondes. “On laisse pas les gens faire ce qu’ils veulent. S’ils ne sont pas corrects, on les sort dehors.” Et “on” vous l’assure : trois pommes de haut n’ont jamais empêché de

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