La Presse Bisontine 74 - Février 2007

L’ÉVÉNEMENT

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L’environnement bisontin MENACÉ É

L’environnement est souvent malmené. Ce n’est pas propre à un secteur en particulier. Le Grand Besançon a aussi son lot d’affaires diverses où il apparaît que le respect de la nature est souvent passé au second plan des intérêts économiques. Les associations de protection de l’environne- ment comme la commission de protection des eaux veillent sur la santé de la terre et sur ceux qui l’exploitent. Les agriculteurs font partie des acteurs les plus critiqués par ce genre d’organisme qui les assignent sans hésiter au tribunal car ils ont asséché une zone marécageuse ou qu’ils ont modifié le lit d’un cours d’eau pour optimiser la rentabilité de leur terre. Mais les agriculteurs ne sont pas les seuls à se faire épingler. Voici quelques exemples d’affaires réglées ou en cours que la commis- sion de protection des eaux a sur le feu.

VILLERS-SOUS-MONTROND Depuis le 1 er janvier Les déchets verts partiront à Roche-lez-Beaupré

L’épilogue de l’histoire de la plateforme de traitement des déchets verts de Villers-sous-Montrond se conclut par une fermeture progressive du site.

rien. La collectivité ne l’a pas recon- duite dans sa mission. Résultat, ce site qui a connu une his- toire à rebondissements depuis son ouverture en 2002 va muer. “Cette plateforme va stopper progressive- ment son activité. Plusieurs pistes de reconversion sont à l’étude. Elle va changer tout ou partie de son acti- vité. Il y a là un bel outil de travail qui nous a coûté trop cher pour l’aban- donner” estime Damien Collet. C’est donc une page qui se tourne pour Villers-sous-Montrond où l’im- plantation de ce dispositif avait été mal perçue par les habitants d’une partie du village de Mérey-sous-Mon- trond plus proche de l’installation. L’équipement a ensuite été pointé du doigt par l’association de défen- se de l’environnement, la commis- sion de protection des eaux, qui n’est pas contre ce genre de structure à

condition que les règles d’implanta- tion soient respectées. C’est là que le bât blesse. À l’origine, cette plateforme traitait aussi les boues résiduelles des sta-

bancale. Cela s’est arrêté d’un coup suite à la pression des écologistes” ajoute le chef d’entreprise. À la contestation des riverains s’est donc ajoutée l’action de la commis- sion de protection des eaux qui est entrée dans le détail de l’affaire. Elle a contesté le fait que cette société ait pu commencer à fonctionner sans avoir l’autorisation délivrée par les services de l’État au titre des ins- tallations classées. L’association a déposé plainte à deux reprises en juin et en décembre 2002. Toutes les deux ont été classées sans suite. “Pour ce genre d’équipement, l’autorisation n’est donnée qu’après une étude d’impact et une enquête publique” affirme Français Devaux de la commission de protection des eaux. Dans ce dossier, les étapes se sont enchaînées dans le désordre puisque l’enquête publique a démar- ré après que le site entre en fonc- tionnement. Collet Environnement n’a obtenu son autorisation qu’un an et demi après avoir ouvert ses portes à Villers-sous-Montrond. “Une fois de plus, nous sommes dans une situation de fait accompli. La pré- fecture s’en moque” s’insurge Fran- çois Devaux. Le 5 septembre 2003, la commission de protection des eaux avait déposé une nouvelle plainte en s’adressant directement au doyen des juges d’ins- truction du Tribunal de Grande Ins- tance de Besançon. L’affaire a été jugée, la société Collet vient d’éco- per de 5 000 euros d’amende dont 4 000 avec sursis. L’association doute également de l’étanchéité du bassin de collecte des jus résiduels issus de la décomposi- tion des matières organiques. D’une capacité de 1 400 m 3 , les défenseurs de l’environnement supposent qu’il puisse déborder en cas de forte pluie et que les jus normalement traités en station d’épuration s’écoulent dans la nature. La question ne se posera plus si le site change de des- tination. T.C.

tions d’épuration. Face à la propaga- tion des odeurs pes- tilentielles qui s’échappaient de cet espace à l’air libre, les habitants s’étaient mobilisés en signant des péti- tions pour que ça cesse. Quinze mois

“Nous sommes dans une situation de fait accompli.”

C’ est fait ! Depuis le 1 er janvier, suite à un appel d’offres, les déchets verts collectés par le S.Y.B.E.R.T. (syndicat mixte de Besançon et de sa région pour le trai- tement des déchets) seront compos- tés par la société Compo France de Roche-lez-Beaupré. C’est la dure loi d’attribution des marchés publics qui peut priver d’un coup une entre- prise de sa pitance. La société bour- guignonne Collet Environnement “qui n’a toujours été qu’un presta- taire de service” rappelle Philippe

Gonnier directeur du S.Y.B.E.R.T., vient d’en faire l’expérience. Au début des années 2000, elle a construit une plateforme de traite- ment des déchets verts à Villers- sous-Montrond, vers Tarcenay, “pour répondre à l’appel d’offres lancé par le S.Y.B.E.R.T.” raconte Damien Col- let, un des responsables de la socié- té qui décrochera le marché. En 2006, sur cette plateforme de 26 000 m 2 , elle a traité encore près de 10 000 tonnes de matières végétales en pro- venance du syndicat. Et puis plus

plus tard, Collet Environnement a perdu les boues. “Pour nous, la sup- pression du poste de valorisation des boues s’est accompagnée d’une perte d’activité de l’ordre de 70 %, soit 600 000 euros. Sans les boues, la situation devenait financièrement

La plateforme de Villers-sous- Montrond va progressive- ment stopper son activité.

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