La Presse Bisontine 74 - Février 2007

DOSSIER

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BILAN

Léger recul du thermalisme Dans un climat morose, les stations thermales misent sur le bien-être

Des différences selon les pathologies traitées

En France, le thermalisme représente 550 000 cures par an, un chiffre en léger recul chaque année. Pour se maintenir, la plupart des stations thermales misent sur le développement de centres de bien-être.

du vieillissement pour permettre de déboucher sur une plus large utilisa- tion des cures thermales” , reprend le C.N.E.T.H. Ils sont aussi de plus en plus nombreux à investir le secteur du centre de bien-être et de la balnéo- thérapie. “Cela permet d’attirer une clientèle plus jeune et qui ne serait jamais venue au thermalisme dont l’image est trop vieillissante. En cure thermale, la moyenne d’âge est de 63 ans” , explique-t-on à Plombières-les- Bains, qui s’est doté d’un centre de bien-être en 1997. Le bien-être représente d’ailleurs une part de plus en plus importante dans l’activité des stations thermales. En Franche-Comté, Luxeuil, Salins-les- Bains et Lons-le-Saunier ont toutes leurs spas.

La morosité du secteur thermal cache en fait des disparités importantes, selon les stations. “Chaque station n’est agréée que pour une ou deux orienta- tions thérapeutiques. Or certaines sont en progression tandis que d’autres sont délaissées par les curistes” , reprend Waïner Tabone. Les stations thermales spécialisées dans le traitement de mala- dies respiratoires ou infantiles voient le nombre de leurs curistes diminuer inexorablement. Celles qui traitent les rhumatismes - l’indication thérapeu- tique qui concerne le plus grand nombre de curistes - se portent plutôt bien. Pour se relancer, les établissements thermaux cherchent à investir de nou- veaux champs de compétence, “com- me la prévention et l’accompagnement

B esançon réfléchit à relancer le thermalisme, pourtant le sec- teur est loin d’être au beau fixe au niveau national. Au contrai- re. “Globalement, c’est une activité qui, au niveau de son concept traditionnel, est en légère régression” , note Waïner Tabone, le délégué général du conseil national des établissements thermaux (C.N.E.T.H.). Actuellement, environ 550 000 curistes fréquentent chaque année les stations thermales. C’est 10 % de moins qu’il y a dix ans. “Dans les années soixan-

te-dix jusqu’aumilieu des années quatre- vingt-dix, la baisse était encore plus importante car la Sécurité Sociale met- tait un frein important au développe- ment du thermalisme. Avec l’harmo- nisation et la simplification de la prise en charge des soins en 1997, la situa- tion s’est un peu améliorée depuis quelques années, avec une tendance à la stagnation des effectifs globaux” , précise Didier Ringwald, le directeur des thermes de Plombières-les-Bains, dans les Vosges.

S.D.

GRAND EST Des projets d’investissement Les stations thermales du Grand Est sortent

leurs épingles du jeu Avec une croissance globalement plus soutenue que la moyenne hexagonale, le thermalisme se porte bien dans les stations locales de Franche- Comté ou des Vosges. Une situation qui s’explique en partie par un phénomène de rattrapage.

À Luxeuil, les thermes atti- rent 2 500 curistes, soit 46 000 jour- nées de soins par an. Autant d’argent injecté dans l’économie locale.

se en forme. “C’est devenu une activité complémentaire indis- pensable. Chaque année, on progresse de 15 à 20%au niveau du chiffre d’affaires réalisé” , reprend Didier Ringwald. Le secteur du bien-être représente désormais 40 % de l’activi- té totale de la station thermale. Une proportion qui pro- gresse encore. “Avant, nous ne fonctionnions qu’à la jour- née. Depuis deux ans, on a aussi développé une offre de courts séjours, avec de l’hébergement sur place.” L’offre devrait d’ailleurs encore se développer. À partir de 2008, les thermes de Plombières devraient construire une nouvelle grande pis- cine. Pour un coût de 3 millions d’euros. Luxeuil : redémarrage réussi de l’activité thermale Sa progression dénote dans le contexte morose du therma- lisme. En l’espace de cinq ans, le nombre de curistes accueillis à Luxeuil, la station thermale de la Haute-Saône, est pas- sé de 1 090 à plus de 2 500. “C’est une station qui a pris l’as- censeur. C’est vrai qu’on avait de la marge de progression” , commente Jeannine Rosazza, la directrice de l’établisse- ment. En clair, Luxeuil revient de loin. En 1995, l’établissement thermal avait fait faillite, avant

Cinq ans après, Luxeuil est en train de gagner son pari, en partie grâce à lamobilisation de tous les acteurs locaux. “Les curistes sont avant tout des touristes, il faut pouvoir leur pro- poser des activités. Le message désormais est compris par la mairie, les commerçants” , reprend Jeanine Rosazza. “2 500 curistes, ce sont 46 000 journées de soins par an. Même si tous ne vont pas au cinéma ou au restaurant, cela représen- te quand même une manne.”

Plombières le virage de la balnéothérapie 33 ème sur 105 stations thermales en France. Avec près de 4 000 cures par an, la station vosgienne de Plombières-les- Bains se défend bien. Depuis trois ans, la situation des thermes s’est redressée avec + 5%de croissance par an, bien mieux que la moyenne nationale. “Nos atouts, ce sont nos orientations thérapeutiques. Le traitement de l’appareil xxxxxxx notamment” , indique Didier Ringwald, le directeur des thermes. Cette croissance coïncide aussi avec le changement de pro- priétaire à la tête de la station. En 1995, la commune avait racheté les thermes vétustes et en perte de vitesse à l’État, propriétaire du lieu, et réalisé lesmodernisations et les inves- tissements nécessaires pour la survie du site. Elle a cédé le site en 2003 à un groupe d’actionnaires indépendants, mené par Élysée Vendôme, un groupe financier parisien implan- té dans le secteur des maisons de retraite. “Depuis dix ans, on avait peu communiqué, on a besoin de se faire connaître. Cela prendra encore 10 ans” , reconnaît son directeur. Plombières a surtout su amorcer le virage de la balnéothé- rapie très tôt. Dès 1997, la ville avait créé un centre de remi-

Thermes agrandis en 2012 à Salins Un contrat de station en préparation, un projet de nouveaux thermes à l’ho- rizon 2012 ou 2013…ÀSalins-les-Bains aussi, on a pris conscience que le ther- malisme avait besoin d’être redynami- sé pour continuer à attirer sa clientèle. Résultat, depuis cinq ans, la petite sta- tion jurassienne gagne 5 à 10 % de curistes en plus chaque année et amul- tiplié par deux ses entrées à la journée pour la balnéothérapie et les soins de

Toutes les stations du Grand Est progressent de plus de 20 % chaque année sur le créneau de la balnéothéra- pie.

d’être racheté Après la faillite de 1995, la municipalité a racheté les thermes puis les a cédés en 1999 à la Chaîne thermale du soleil, numéro un mondial dans le secteur du thermalisme avec 21 sites en France. Depuis 2000, la station thermale a mené une véritable thérapie de choc pour rega- gner sa place au soleil. Près d’un million d’euros ont été investis pour moderniser les thermes. “Et il faut encore mettre des sous. Un étage attend encore d’être rénové” , reprend Jeannine Rosazza. Le contrat de station a permis aussi de doper la rénova- tion du parc d’hébergements. L’hôtel des Thermes vient de rouvrir, celui du Métro- pole devrait bientôt suivre.

bien-être. “ On réalise 20 % de notre chiffre d’affaires avec la relaxation. C’est une vraie tendance dont on ne voit pas la fin” , se félicite Frédéric Gachet, le directeur des thermes, qui faire passer cette part à 40%dans les prochaines années. Mais le grand projet de Salins, c’est le déménagement des thermes prévu d’ici “quatre à cinq ans.” “Comme le bâtiment actuel devient trop petit, un nouveau devrait être construit dans le parc des Cordeliers” , reprend Frédéric Gachet. Un renouveau qui devrait coïncider avec la mise en place du contrat de station - inscrit dans le cadre du contrat de pro- jet État-Région et qui permet d’obtenir des subventions - comme à Luxeuil. Il devrait notamment permettre à Salins de surmonter progressivement son principal handicap, l’ab- sence d’hébergement sur place.

Luxeuil revient de loin. Le contrat de station lui a permis de repartir.

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