La Presse Bisontine 74 - Février 2007

DOSSIER

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LA SUISSE : une menace ou un exemple à suivre pour l’industrie bisontine ? Y A-T-IL UNE PLACE POUR LE THERMALISME À BESANÇON

Relancer le thermalisme à Besançon… Idée réaliste ou complètement utopique ? À la mairie, la réflexion est en cours depuis quelques semaines, des privés se positionnent aussi actuellement sur la création de complexe de balnéothéra- pie. C’est vrai, la ville a un riche passé, des eaux d’une qualité exceptionnelle. Mais est-ce assez ? Au niveau national, le thermalisme est loin d’être flo- rissant, avec un recul lent mais constant du nombre de curistes. Mais pour certains acteurs du tourisme, la carte thermale est un atout à ne pas négliger.

PROJET

Inscrit dans Besançon 2020 Besançon réfléchit à relancer le thermalisme Les bains ont disparu depuis les années soixante-dix à Besançon. Mais la ville réfléchit actuellement à une reprise de l’activité thermale pour doper son offre touristique.

de ce thème serait très périlleux” , note Patri- ce Ruelle, plutôt favorable à la réflexion en cours. “Par contre en tant qu’activité d’ac- compagnement, cela peut être intéressant. Cela viendrait renforcer le positionnement du tourisme d’affaire. Faire des Spas à proxi- mité d’un futur palais des congrès, par exemple, cela permettrait de vendre des packages pour des séminaires d’entreprises : on vous pro- pose un cadre professionnel pour organiser vos réunions de cadres et une fois le travail terminé, vous pouvez profiter des installa- tions de bien-être” , propose-t-il. “C’était avant qu’il fallait réagir, avant que les thermes ne soient rasés” , affirme Chris- tian Godet, le directeur du Casino de Besan- çon, contemporain de l’essor du thermalis- me bisontin. Il ne croit pas à la seconde vie du thermalisme. “Relancer du thermalisme à Besançon avec les particularités de l’époque est voué à l’échec, parce qu’en France et en Europe, les stations thermales ne fonction- nent pas très bien. À ses débuts, le therma- lisme marchait bien, attirait les classes aisées. Puis pendant plusieurs décennies, ce sont les classes populaires qui y sont venues, on l’a fait survivre grâce aux prises en charge par la Sécurité sociale. Mais faire du thermalis- me par la Sécurité sociale n’est pas rentable. Les seules choses qui se développent désor- mais, ce sont les Spas, les soins de bien-être mais cela suffit souvent juste à équilibrer” , reprend le directeur du Casino. S.D.

A u milieu de la centaine de pages du document intitulé “Besançon 2020”, qui recense les pistes et les projets de déve- loppement pour l’avenir de la ville, la pro- position tient en une ligne, au chapitre du tourisme. “Le thermalisme est une activité ancienne de Besançon qui n’est plus prati- quée. Or c’est une véritable filière économique qui pourrait constituer une opportunité. Opportunité touristique et du point de vue de la santé publique. Des études seront conduites pour analyser les conditions de développement de ce secteur” , peut-on lire dans le document, rendu public fin 2006. Relancer le thermalisme à Besançon. L’idée peut paraître étrange, voire irréaliste, tant le passé en question est lointain. Dans la vil- le même, d’ailleurs, nombreux sont ceux à ignorer que la capitale comtoise fut, au tour- nant du XIX ème siècle, une station thermale d’importance, avec ses bains juste à côté du casino actuel. Au sein des services municipaux, la réflexion a commencé depuis le mois de novembre. “On se trouve dans un travail classique de prospective, à un stade de réflexion purement technique. On en est à étudier le caractère utopique ou non du projet” , affirme Jean-

Marie Léman, directeur du service déve- loppement local, qui devrait achever la réflexion au premier trimestre 2007. Reste à savoir si le projet est seulement réa- liste ou réalisable. Car le thermalisme est loin d’être une simple affaire. À la fin des années soixante, l’hôtel thermal, implanté à côté du casino, a été rasé. Pour relancer l’activité, il faut donc repartir de zéro, tout reconstruire. “Techniquement se pose le pro- blème de l’implantation” , note Patrice Ruel- le, le directeur de l’office du tourisme de Besançon. Impossible de reconstruire les thermes à la Mouillère, leur emplacement initial, faute de terrain disponible. Reste à

la station et de reconstruction des équipe- ments. Pour une raison simple, c’est que per- sonne ne l’a jamais fait. “En tout cas, pas dans des villes de la taille de Besançon” , affir- me Waïner Tabone, délégué général de la confédération nationale des exploitants ther- maux, qui réunit une centaine d’établisse- ments français. Relancer le thermalisme pose aussi un pro- blème de taille. Pour être reconnue comme établissement thermal, il faut obtenir un conventionnement avec l’Assurance mala- die, qui prend en charge une partie des soins médicaux. Ce qui est loin d’être évident, alors que l’heure est plutôt aux réductions des dépenses de l’Assurance maladie. À Salins-les-Bains, les thermes espèrent ain- si obtenir une nouvelle orientation théra- peutique de soins depuis quelques années. “Mais on a très peu d’espoir de l’obtenir dans le contexte actuel. Relancer une activité ther- male, c’est très lourd” , note son directeur. Plutôt que le thermalisme, Besançon pour- rait alors se contenter de balnéothérapie, pour laquelle la qualité de l’eau importe peu et les coûts d’investissement sont moindres. Des soins de bien-être en pleine vogue. “Pour une ville comme Besançon, tout axer autour

trouver un emplacement entre Besançon et Miserey- Salines où l’eau thermale est puisée. Les anciennes cana- lisations, elles, existent tou- jours. L’eau de Miserey continue d’être puisée et utilisée dans le centre de la Mouillère, un cabinet de kinésithérapie. Difficile, voire impossible, de chiffrer le coût de l’investis- sement d’une réouverture de

Les seules choses qui se développent, ce sont les Spas.

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