La Presse Bisontine 73 - Janvier 2007

DOSSIER

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LA SUISSE : une menace ou un exemple à suivre pour l’industrie bisontine ?

Faut-il avoir peur de la Suisse ? Charges plus faibles, fiscalité allégée, main-d’œuvre abondante… La compétitivité helvétique et le mouvement de délocalisations d’entre- prises françaises vers l’eldorado voisin inquiè- tent les entreprises du Doubs. Pour proté- ger l’industrie locale, certains prônent d’ailleurs la révision des accords bilatéraux. Mais menaçante, la Suisse est aussi l’exemple à suivre. De l’autre côté de la frontière, le can- ton de Neuchâtel a ainsi réussi à implanter 70 nouvelles entreprises étrangères sur son territoire, dont certaines représentent plus d’une centaine d’emplois. La Franche-Com- té peine encore à faire de même. Les inves- tissements étrangers se comptent sur les doigts de la main. Question de renommée certes, mais aussi de culture. Longtemps, la Franche-Comté est restée trop passive. Le changement vers une politique plus offen- sive de la région est notable, mais récent.

INDUSTRIE

Concurrence Les délocalisations vers la Suisse sont prises au sérieux Le phénomène des délocalisations de sites industriels

vers la Suisse inquiète. C’est déjà vrai pour ceux installés à proximité de la frontière. À Besançon, on commence à s’en inquiéter aussi.

C e n’est pas encore l’euphorie, mais l’industrie locale se porte un peu mieux. C’est en tout cas ce qui res- sort de l’enquête de conjoncture de l’union des industries et métiers de la métal- lurgie (U.I.M.M.) de Franche-Comté réalisée auprès de 800 entreprises à l’automne 2006. “Il y a une légère tendance à la reprise par rapport à 2005 qui n’avait pas été une bonne année, il est vrai. On ne peut pas parler de

10 salariés dans le Doubs, la Suisse concentre la moitié des projets d’implantations en Euro- pe occidentale. Un chiffre qu’il convient néan- moins de relativiser en sachant que l’attrac- tivité de cette partie du continent européen décline puisqu’elle ne représente plus que 11%des projets d’implantation. Ce recul s’opè- re au profit des Pays d’Europe Centrale et Orientale (44 %), l’Asie (20 %) et le Maghreb (10 %). Les secteurs les plus concernés sont principalement industriels. Les entreprises issues de la métallurgie, de l’industrie auto- mobile, de l’horlogerie, des machines et des équipements représentent déjà 60 % du total des implantations existantes. Sur le plan des perspectives de transfert, cette part relative tend à s’accroître aux alentours de 66%. L’évo- lution inquiète pourtant. “Il semblerait exa- géré de parler d’un rush des entreprises fran- çaises sur la Suisse” , rassure BernardAellen, le responsable du service de la promotion éco- nomique du canton de Neuchâtel, pour qui le phénomène a toujours existé. Et à Besançon, “nous sommes à la bonne dis- tance de la Suisse. Pas trop près pour ne pas être sujet, comme le Haut-Doubs, à la fuite de main-d’œuvre qualifiée, mais en même temps suffisamment près pour pouvoir profiter de la dynamique transfrontalière. La Suisse est un atout” , pense Denis Baud, vice-président de la C.A.G.B. qui espère voir le mouvement des entreprises s’inverser. “Les investisseurs suisses se montrent très intéressés par Temis. Si le prix du foncier augmente de l’autre côté de la frontière, certaines entreprises pour- raient venir s’implanter ici” commente-t-il optimiste. S.D.

forte croissance mais tous les indicateurs sont au vert” , ana- lyse Étienne Boyer, le prési- dent de l’U.I.M.M. du Doubs. La moitié des entreprises affir- me ainsi avoir été en croissance sur le second semestre 2006, contre 38 % seulement l’année d’avant. Sur le plan de l’emploi également, l’évolution est à l’amélioration avec seulement

“Profiter de la dynamique trans- frontalière.”

14 % des entreprises enregistrant une bais- se de leurs effectifs au second semestre, contre 23 % en 2005. Mais une chose inquiète les entrepreneurs : l’accélération du phénomène de délocalisa- tion vers la Suisse. Unmouvement qui touche essentiellement la bande frontalière duHaut- Doubs, de Pontarlier à Morteau. Même si l’agglomération bisontine reste relativement à l’abri du phénomène, certaines entreprises de cette zone aussi se “poseraient la ques- tion” , attirées par une fiscalité plus intéres- sante mais aussi par le manque de main- d’œuvre qualifiée disponible en France. Selon l’enquête réalisée en 2005 par la C.C.I. International auprès de 710 entreprises indus- trielles ou de services à l’industrie de plus de

Plusieurs entreprises ont déjà choisi de se délocaliser en Suisse,

par faute de main- d’œuvre.

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