La Presse Bisontine 72 - Décembre 2006
L’INTERVIEW DU MOIS
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Rayonnement Besançon souhaite combler son défi- cit de notoriété, on le sait. Elle semble d’ailleurs vouloir le faire à tout prix et ce, grâce à un événement fort, popu- laire et rayonnant, qui porterait la capi- tale comtoise au pinacle de la notorié- té culturelle nationale. Exit Bourges et son Printemps, fi de La Rochelle et ses Francofolies, oubliés Belfort et ses Eurockéennes. Soit. Hélas, on ne pour- ra pas dire que l’énième tentative lan- cée en octobre par la ville et son “fes- tival des musiques de rue” soit la bonne. Certes moins fumeux que les éphé- mères “Instempsfestifs”, ce festival qui se voulait populaire, s’est en fait révé- lé populiste. Près d’un million d’euros engagés pour “amuser la galerie”, alors que dans le même temps, la tradition- nelle fête de la musique - quelle diffé- rence après tout ? - rassemble dans un même désordre, trois fois plus de monde. Le problème de fond, c’est que dans son souci de trop bien faire, Besançon se croit obligé d’aller cher- cher ailleurs les talents qu’elle pourrait aisément dénicher et rassembler ici même. On n’a pas encore compris que ce qui marche émane toujours du cru, du local. Le constat est strictement le même, voire pire, pour le Conseil régio- nal qui se lance dans la course à la notoriété. Que dire en effet du festival que concocte la Région pour décembre - “le cinéma de la musique“, voilà un nom encore plus vaseux - à la pro- grammation scandaleusement élitiste, conçue par une nomenklatura d’initiés à destination du cercle tout aussi étri- qué des “cultureux” locaux. Et voilà plus de 300 000 euros lâchés par la Région. Serait-ce le prix d’un article dans les Inrockuptibles, d’un entrefilet dans Télérama ou d’un passage éclair au 20 heures de France 2 ? Fanfaron- nant la victoire totale de la gauche, à la ville, à la Région et au Département, les élus locaux n’avaient-ils pas clamé de concert que les projets ambitieux seraient d’autant mieux coordonnés que tous les leviers du pouvoir étaient désormais du même côté ? Ces deux manifestations grandiloquentes lan- cées coup sur coup par la Ville et la Région, sans aucune cohérence d’en- semble et peut-être même sans concer- tation, n’ont qu’une infime ressem- blance : le thème de la musique. Et au milieu du gué, on ampute à l’ancestral festival international de musique ses pans les plus fédérateurs et populaires. Quel gâchis ! Je an-François Hauser Éditorial
PRESSE
Le directeur du Journal du Dimanche
Le Journal du Dimanche vient de lancer en partenariat avec la radio Europe 2 un blog politique baptisé “Génération 2007” à destination des 18-35 ans. Explications avec Jacques Espérandieu, directeur de la rédaction du Journal du Dimanche. “ Je ne crois pas à la fatalité du déclin de la presse”
L a Presse Bisontine : Vous venez de lancer un blog poli- tique, Génération 2007, en partenariat avec la radio Euro- pe 2. Comment est née cette idée ? Jacques Espérandieu : L’idée principale, c’était de toucher des jeunes de 18 à 35 ans car on sait qu’ils vont compter pour cette élection. Or ils font partie de ceux dont on ne sait finalement pas très bien ce qu’ils veulent. On a décidé de s’accorder avec la
tions de loisir, de sortie de proximité.
L.P.B. : Le site Internet a-t-il boosté vos ventes ? J.E. : Booster non. Mais rien que sur Internet nous sommes en train d’atteindre le seuil de 600 000 pages lues qui est le seuil pour espérer gagner de l’argent. Nous avons lancé également en mai une nouvelle maquette. Et depuis le premier juillet, tous les mois, nos ventes sont meilleures, compa- rées au même mois de l’année précédente. Je ne sais pas en quelle mesure le site y a contribué. Mais la politique passionne à nouveau les Français et la couverture politique est justement une des grandes forces du journal. Dans un marché sinistré, nous continuons de progresser. L.P.B. : France Soir, Libération…Beaucoup de quotidiens ont traversé ces derniers temps des difficultés. Quel avenir pour la presse quotidienne selon vous ? J.E. : Le problème de la presse écrite, c’est le prix tout d’abord. En France, les journaux sont trop chers. C’est lié en partie au réseau de distribution. Le dimanche, lorsque nous sortons, la moitié des kiosques sont fermés. Nous avons mis un réseau de distribution parallèle, dans les boulangeries, à la criée, et ça marche. Nous enregistrons une aug- mentation + 8 % à + 10 %. Cela prouve qu’il y a une demande mais les gens ne sont pas disposés à fai- re 3 kilomètres pour aller acheter leur journal. Il faut réfléchir pour leur amener au plus près. On
Jacques Espérandieu a pris la tête du Journal du Dimanche il y a un an. “Je ne crois pas à la fatalité du déclin de la presse”, dit-il.
radio Europe 2 pour monter cette opération en commun parce qu’el- le s’adresse directement à cette cible des 18- 35 ans et aussi parce qu’ac- cessoirement, celle-ci fait partie du même groupe de presse que nous - le groupe Hachette Filipacchi - ce qui simplifiait les négociations. On a décliné cette opération en trois points. Le premier, c’était de lancer
“Faire émerger une opinion publique nouvelle.”
ce blog, qu’on a nourri - avec nos journalistes - avec l’historique des élections, des fiches sur chaque can- didat potentiel… Ensuite, sur la base de ce que les bloggeurs nous ont dit, on a commandé un grand sondage - qui a été publié dans notre édition du 19 novembre - pour savoir ce qu’attend cette géné- ration, quelles sont ses inquiétudes… Et enfin, la dernière étape de cette opération, c’est que les hommes et les femmes politiques candidats pour les présidentielles viendront dialoguer et s’expri- mer sur ce blog . L.P.B. : Quel était votre objectif ? J.E. : Faire émerger une opinion publique nouvel- le. Et pour inciter aussi les jeunes de 18 à 35 ans justement à ne pas se contenter des blogs mais de les amener doucement vers la presse écrite et notre journal en particulier. L.P.B. : On a beaucoup parlé ces dernières semaines de la vidéo de Ségolène Royal qui circule sur Internet, chaque per- sonnalité politique a désormais son blog . Quel rôle joue Inter- net dans cette campagne ? J.E. : La première vraie élection qui s’est en partie jouée sur Internet, c’est le référendum pour la consti- tution européenne. Ce sont les partisans du non qui d’ailleurs avaient investi les premiers ce ter- rain et ont su le mieux s’en servir. Pour la prési- dentielle, tous sont partis sur Internet. À gauche, Ségolène Royal avait d’ailleurs pris de l’avance sur les autres. Son site “Désirs d’avenir” existe depuis près d’un an déjà. Ces derniers temps, c’est vrai, avec l’affaire de la vidéo, cela s’est un peu retour- né contre elle. Mais Internet va incontestablement jouer un rôle important. L.P.B. : Revenons au J.D.D. Depuis un an, le journal est dis- ponible en ligne. Qu’est-ce que cela apporte pour vous ? J.E. : C’est important et cela le sera de plus en plus. L’idée, avec notre site Internet, ce n’est pas d’en faire un concurrent du journal. On espère que le développement du site au contraire contribuera au développement du journal. On privilégie les ren- dez-vous autour de l’info. Quand nos journalistes reviennent de reportage, ils racontent leurs anec- dotes, tout ce qui n’a pas pu trouver de place dans le journal sur le site. On met aussi en ligne la tota- lité des résultats des sondages publiés dans le jour- nal. Le deuxième objectif, comme nous paraissons le dimanche, c’est de donner toutes les informa- Bio express 1949 : naissance en Ardèche 1971 : diplômé de Sciences-Po 1977 : commence sa carrière comme journaliste aux Échos, puis rejoint le magazine l’Express 1995 : est nommé rédacteur en chef du Parisien puis à partir de 1998 directeur adjoint de la rédac- tion du quotidien 2005 : devient directeur de la rédaction du Journal du Dimanche en décembre
étudie une solution de portage à domicile, mais cela coûte cher. Et puis, il faut améliorer le contenu. Si les lecteurs ne suivent pas, c’est peut-être qu’il faut se remettre en question. Quand je vois la façon dont nos ventes progressent, je me dis que la demande de presse écrite est là. Mais il faut être bon. Je ne crois pas à la fatalité du déclin de la presse. Le nombre de journaux risque de diminuer mais il res- te de la place pour des choses très ciblées, très excep- tionnelles. Propos recueillis par S.D.
du 18 novembre au 02 décembre 2006
est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 5 bis, Grande Rue B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81
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ZAC CHATEAUFARINE
Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Novembre 2006 Commission paritaire : 1102I80130
à Besançon
Crédits photos : La Presse Bisontine, Conseil régional, J.D.D., Jacques Maille, Georges Maurivard, Claude Streit, Ville de Besançon.
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