La Presse Bisontine 72 - Décembre 2006

DOSSIER

13

FESTIVALS : LA FOLIE BISONTINE

Besançon ne fait pas dans la demi-mesure. Le but dans les deux cas : créer un événement majeur pour asseoir l’image de la région. Pour y arriver, les col- lectivités locales n’ont pas lésiné sur les moyens. 920 000 euros de budget total pour le premier, plus de 250 000 pour le second. Des budgets qui font grincer des dents dans le milieu bisontin.

ÉVÉNEMENTIEL Créer une image de marque Ville, Région : à chacun son festival

À deux mois d’intervalle, la Ville de Besançon et la Région Franche-Comté ont lancé leur nouveau festival d’envergure. Est-ce bien judicieux ?

“A u niveau national, on assiste à une espèce de mode des col- lectivités. Celle du festival. Cha- cun veut avoir sa manifesta- tion, avec son logo en grand sur l’affiche. C’est flagrant, en Franche-Comté comme ailleurs. Ils y mettent les moyens car ils veulent une image très forte, passer au journal de TF1” , analyse une responsable associative du milieu culturel bisontin. Chacun son festival. Le constat est fla- grant à Besançon. À deux mois d’inter- valle, deux nouveaux festivals culturels ont été lancés par les collectivités locales. En octobre, le festival des musiques de

fait et plafonnait à 20 000 visiteurs. En mal d’image au plan national, les col- lectivités locales poursuivent le même objectif. Créer un événement pour faire parler d’elles, asseoir leur réputation. En gros, utiliser la culture en vitrine. “Pen- dant longtemps, la ville n’a pas cru à la culture. Elle vient de comprendre que la culture peut être un vecteur de développe- ment. Mais on ne réveille pas comme cela une ville endormie” , analyse l’un des orga- nisateurs du festival des musiques de rues. “En dehors de la bonne fréquentation, ce qui nous a satisfaits, c’est qu’on a eu beau- coup d’échos dans la presse nationale” , affirme Michel Roignot. Les similitudes entre les deux festivals sont frappantes. Dans les deux cas, les projets portés sont des greffes. Portés par des équipes extérieures au milieu cultu- rel local, ils ont été lancés à grande échel- le dès la première édition, sans montée en charge progressive. Besançon a été une des premières villes à organiser un appel à candidature pour l’implantation d’un projet culturel. “Souvent, les festivals gran- dissent progressivement. Nous, c’est le contraire, on commence tout de suite par un gros festival. L’inconvénient, c’est qu’il faut créer et structurer l’équipe en même temps. Mais c’est passionnant” , reconnaît Pascal Esseau, l’un des deux organisa- teurs de Musiques de Rues. Les deux festivals ont aussi peut-être les mêmes travers. À force de rechercher l’ori- ginalité à tout prix, pour “faire ce qui ne se fait nulle part ailleurs” , ils se basent sur des concepts complexes, pas toujours évidents à saisir. Reste une question. Deux festivals - nouveaux qui plus est - en si peu de temps ne risquent-ils pas de brouiller les messages, notamment au niveau natio- nal ?

rues porté par la ville de Besançon et du 4 au 10 décembre, le festival inter- national de cinéma de la musique qui est lui, financé principalement par la Région. “Avec le festival internatio- nal de la musique, en sep- tembre, cela fait même trois gros festivals autour de la musique en deux mois. Il y a

Des similitudes frappantes.

un peu un encombrement et une dispersion du public” , remarque Daniel Boucon, le directeur du théâtre de l’Espace. Pourquoi alors lancer tous ces festivals en même temps ? “On a longtemps été la belle endor- mie, à Besançon” , reconnaît-on à la Région. Tout le monde semble se réveiller en même temps… Depuis 2004, la Région voulait “une mani- festation régionale qui puisse avoir un retentissement national, à faire rayonner jusqu’à Paris.” La Ville de Besançon, elle, a déjà essayé plusieurs formules. “Le bou- levard Hugo”, en 2002, pour le bicente- naire de l’écrivain, puis “les Instempfes- tifs”, axé autour du théâtre de rue qui n’avaient pas réussi à convaincre tout à

Made with FlippingBook Annual report