La Presse Bisontine 71 - Novembre 2006

I NDUSTRIE Avenir d’Augé Découpage : l’incertitude Depuis le plan social et la mise en redressement judiciaire de l’entreprise Augé Découpage, les six membres du C.E. et délégués du personnel montent au cré- neau pour défendre les salariés. Mais pour eux, la bataille a un goût amer. Les gars d’Augé LE PORTRAIT

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“J e préférerais qu’on se voie à plusieurs, avec deux ou trois copains du C.E., parce qu’on a tous notre vécu, nos raisons” , avait prévu l’un d’eux au téléphone. Près de 18mois après lamise en redres- sement judiciaire d’Augé Découpage, on avait voulu savoir qui étaient ces hommes, faire le tour avec eux de leur engagement, de la façon dont on gère une crise sociale, côté salariés. Autour de la grande table en cercle, dans le local syndicat d’Augé, ils sont finalement cinq. Quatre membres du C.E., un représentant du personnel. Ne manque à l’appel qu’un dernier membre du Comité d’entreprise, non syndiqué et sans étiquette. Tous les autres sont encartés à laC.G.T., le seul syndicat de l’entreprise. Depuis juillet 2005, la tensionest unpeu retom- bée. Mais les problèmes demeurent. Le 30 septembre dernier, deux repré- sentants des salariés étaient devant le tribunal de commerce, qui devait étu- dier la poursuite du plan de continua- tion présenté par la direction d’Augé. “On a donné nos impressionsmais pas d’avis. Un plan de cession pourrait être présenté prochainement par un de nos gros créanciers. On attend de connaître

l’ascenseur, il a “fait partie de lamafia, de la famille” , dit-il en riant. À côté de lui, on préfère se qualifier de “Robin des bois.” La lutte a laissé un goût un peu amer. Difficile à digérer, même s’ils disent “ne pas être désabusés.” ChezAugé plus qu’ailleurs peut-être, la crise a été un choc, d’autant plus rude à encaisser, que l’entreprise a connu des années fastes. “Ça nous était déjà arrivé en 1976 de repeindre les grilles, par fau- te de travail. Des crises, on en a connu, c’est cyclique. Mais jamais comme cel- le-ci” , reprend Michel Chapelain. “Là, ça s’est cassé la figure en trois ans.” En2000, l’entreprise tournait avec près de 500 ouvriers, dont plus d’une cen- tained’intérimaires, offrait 15 000 francs d’intéressement à ses employés.Aujour- d’hui, ils ne sont plus que 236 salariés. “Ils partent car ils ne voient pas de pers- pectives dans l’entreprise. Certains sont favorables à un plan de cession, ils en ont marre des procédures, de l’incerti- tude.” “On n’a pas eu de rôle revendi- catif puissant, pendant toute cette pério- de. On est plutôt lucide” , affirmePatrick Ellenrieder, milieu de la quarantaine et “fort en gueule” comme il se décrit. “Lucide, non on ne l’a pas été” , l’apos-

les deux dossiers avant de dire ce qui est le mieux” , explique Michel Chape- lain, pratiquement 30 ans chez Augé et autant de syndicalisme, parce que “sans syndicat, on se retrouverait au Moyen âge.” Au début de l’affaire, quand l’entre- prise a dû se résoudre au plan social et licencier 95 salariés, ils sont mon- tés au créneau. Logique. “On était tous novices, on n’y connaissait rien. On n’avait jamais eu à faire face à ce type de situation. On a déjà dû s’y mettre, apprendre nous-mêmes” , dit pourtant encoreMichel Chapelain. Dans l’ombre, pour les épauler, un cabinet d’experts, le cabinet Secafi, mandaté par le comi- té d’entreprise, les conseille, détaille les alternatives avec eux. “Tous les deux jours, à l’époque, on était en réunion avec ladirection, nos conseillers venaient toujours avec nous. On a passé des heures à discuter avant et après ces réunions pour trouver une solution” , reprend Nicolas Mahu, 34 ans, le plus jeune de la bande. Pas très politisé au départ, l’homme est arrivé depuis quatre ans à laC.G.T. “par besoin.” Un souci avec sa hiérar- chie il y a quelques années, le syndi- cat lui est venu en aide. Pour renvoyer

Les délégués du personnel et les membres du C.E. d’Augé découpage presque au complet. “Avec du recul, on voit nos erreurs. On n’a pas su nous organiser. Mais même ainsi, n’aurait-on peut-être pas pu limiter la casse.”

licenciement. “Mais on pouvait pas fai- re grand-chose” , remarque un autre. Et puis, reprennent-ils tous, il y avait le contexte, “la peur terrible des sala- riés.” Depuis desmois, les ouvriers se regar- daient dans le blanc des yeux, faute de commandes. L’avenir maintenant ? “Les gens partent quand ils peuvent car ils ne voient pas de perspectives dans l’entreprise. Ils en ont marre des pro- cédures, de l’incertitude. L’entreprise peut tenir trois ans au moins encore. Mais il y a toujours cette épée de Damo- clès au-dessus de nous” , reprend l’un des syndicalistes, fataliste. S.D.

trophe de l’autre côté de la table Fabien Bailly, le plus virulent de tous, syndi- caliste par conviction politique. “Onn’a pas sauvé les emplois, on aurait dû se bagarrer unpeuplus. Il y a eudesmobi- lisations, c’est vrai, à la préfecture, avec les collectivités locales. Mais le résul- tat est là, des gens sont partis avec des indemnités dérisoires.” A-t-on fait assezpour sauver les emplois. “Avec du recul, on voit nos erreurs. On n’a pas su s’organiser. Maismême ain- si n’aurait-on peut-être pas pu limiter la casse” , reprend PatrickEllenrieder. Il avoue un regret, ne pas avoir pu pro- téger la catégorie des plus de 50 ans, une dizaine a fait partie du plan de

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