La Presse Bisontine 71 - Novembre 2006

L’ÉCONOMI E

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A PRÈS LE DÉCÈS D ’ UN SALARIÉ À S AINT -V IT Plus de 13 000 accidents en Franche-Comté Les accidents du travail sont plus graves qu’avant L e délégué syndical de l’entre- prise EMT 25 en a dénombré 37 depuis le début de l’année. Des coupures, des coups, des chutes sur sol glissant… Une graves. Sur l’ensemble de la Bour- gogne-Franche-Comté, 2 214 acci- dents graves ont eu lieu en 2005, contre 1 966 en 2004. C’est 12,6 % de plus d’une année à l’autre. Le dramatique accident qui a coûté la vie à un salarié de l’entreprise EMT 25 à Saint-Vit en septembre met en lumière un phénomène qui est loin d’avoir disparu. Au contraire.

nue.” La direction, elle, garde le silen- ce, tant que l’enquête n’a pas abou- ti. Du côté syndical, on ne manque pas de mettre le doigt sur “l’inadap- tation des locaux. Les bâtiments ont été faits pour 80 salariés, nous sommes près de 200 actuellement” pointe Fer- jeux Maurivard, délégué syndical dans cette entreprise de mécanique

Si le nombre d’accidents du travail est en légère baisse, leur gravité aug- mente. Xang le Quang, ingénieur conseil à la direction des risques pro-

émanation de produit irritant sur une machine a provoqué 12 arrêts de travail d’un seul coup. Jusqu’au 38 ème accident, fatal. Le 14 septembre der- nier aux alentours de 13 heures,André Gonnot s’introduit par le côté à l’in- térieur d’une grosse presse carrossée d’une puissance de 400 tonnes, pour y effectuer une opération de main- tenance. Sa présence dans la presse est passée inaperçue. Un autre opé- rateur, arrivé à son poste à 13 heures, démarre la presse. Le lendemain, la direction de l’entreprise annoncera aux salariés le décès d’André Gon- not. Erreur du salarié qui n’aurait pas signalé sa présence dans lamachi- ne, non conformité partielle de la presse, organisation interne ? L’en- quête diligentée par la gendarmerie de Saint-Vit appuyée par la brigade de Quingey est toujours en cours pour tenter de connaître les responsabili- tés de chacun dans cet accident dra- matique. Unmois après le drame, la vie a repris son cours chez EMT 25. Seule évo- lution notable, une personne a été officiellement nommée en charge “de la sécurité et de l’amélioration conti-

E n cas d’incapacité permanente partielle découlant d’un acci- dent du travail, la victime qui ne peut reprendre son emploi perçoit une rente payée par l’assurance coti- sée par l’employeur. Mais si la victi- me ou ses ayants-droits ne sont pas satisfaits du montant de cette indem- nisation, ils peuvent saisir le tribunal pour “faute inexcusable”. Si la pro- cédure aboutit favorablement, c’est à l’employeur directement qu’il revien- dra de payer la différence. “Il n’y a jamais eu autant de demandes de fau- te inexcusable. Le système est encou- ragé par les avocats. Si la victime est déboutée, elle ne perd rien et si elle gagne, l’avocat y gagne aussi” com- mente un spécialiste de la question. Ces procès pour faute inexcusable ont essentiellement cours en ce qui concerne le risque amiante. L’augmentation des procédures

fessionnels de la C.R.A.M., avance une explication. “Précisons que l’intégra- tion des mesures de sécu- rité dans les nouveaux bâti- ments, l’entretien des machines, l’organisation des livraisons, auraient tendance à faire baisser la gravité des accidents. Il faut savoir aussi que la

spécialisée dans le découpa- ge et l’emboutissage. Il dénon- ce aussi “l’absence d’inves- tissements depuis des années dans le domaine de la sécu- rité. Depuis longtemps, on demande que débutent au moins des négociations dans le domaine de la pénibilité du travail dans la métallur- gie” dit-il, mettant également

Principal secteur

d’activité touché, la métallurgie.

spécialiste. Ensuite, il ne faut pas oublier la négligence. “Il y a des recom- mandations incontournables comme consigner les sources d’énergie dans une machine avant de s’occuper de sa maintenance” poursuit M. le Quang. Mais dans la délicate question des accidents du travail, la négligence humaine est à géométrie variable : faut-il pointer du doigt la victime, l’employeur qui organise le travail, le donneur d’ordres. Le débat reste entier. J.-F.H. Il ne faut pas oublier que la majorité des accidents du travail sont des accidents de la route.

le doigt sur l’instabilité au sommet de son entreprise. “Nous avons eu trois directeurs en deux ans et demi. On ne sent pas une réelle volonté de faire les choses. À chaque nouveau directeur, c’est une nouvelle organi- sation à mettre en place.” Mais EMT 25 n’est pas un cas à part dans l’industrie locale. En Franche- Comté, en 2004, 13 497 accidents du travail assortis d’un arrêt de travail sont survenus. Parmi eux, 827 se sont avérés graves et 20 mortels. Princi- pal secteur d’activité touché, la métal- lurgie avec 195 de ces 827 accidents

plupart des accidents du travail graves ont lieu sur la route. Cependant, dans l’industrie, les accidents de mainte- nance sont fréquents. Il y a vingt ans, quand un personnel de maintenance venait entretenir une machine, il “pous- sait tout le monde”, c’est-à-dire que la production était arrêtée pendant une semaine s’il le fallait. Avec les notions de flux tendus, désormais, tout doit se faire en même temps. D’où des risques plus importants. Tout ce qui n’est pas de l’ordre du productif n’est plus prioritaire dans le monde industriel aujourd’hui” analyse le

CHAMPIONNAT DE FRANCE NATIONALE 1 MASCULIN

ESBM - VILLENEUVE LOUBET Samedi 28 octobre 2006 à 18h GYMNASE DES MONTBOUCONS

ESBM - NICE Samedi 18 novembre 2006 à 20h GYMNASE DES MONTBOUCONS

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