La Presse Bisontine 71 - Novembre 2006

19 LE DOSSIER

F RICHE INDUSTRIELLE De l’atelier à l’habitat Le loft dans tous ses états L’ espace ne l’impressionne pas. Les charpentes métalliques et les murs bruts non plus. Au contraire, Christophe Perez tion de bâtiments industriels” indique Christophe Perez responsable de la société C.P.I. de Chemaudin. L’ar- chitecture est sa passion. C’est un peu un second emploi. Christophe Perez a jeté son dévolu sur les bâtiments industriels. Son truc : transformer d’anciens ateliers en confortables lofts.

origines de la construction. Un ate- lier est un atelier. On en retrouve les traces dans le respect des ouvertures ou dans la conservation de l’ossatu- re du lieu (une charpente métallique apparente par exemple). Il a trans- formé ainsi les locaux de l’entrepri- se Zodiac avenue Clemenceau, et ceux de la sociétéAlcatel de la rue du Châ- teau Rose. “La base de mon métier, c’est la loca-

en joue pour aménager des lofts dans des usines désaffectées, des bâtiments que tout oppose à la conception de l’habitat traditionnel. Lui sculpte les volumes, les agences, les colorise, pour leur donner une dimension humaine, sans faire table rase des

Il dévore les livres sur le sujet, pioche les idées partout où il passe, et se jet- te à l’eau. “Le patrimoine industriel commence à se raréfier. Il ne reste que quelques usines à Besançon” dit-il en prenant soin de ne pas divulguer les adresses de ces sites afin d’éviter d’alerter d’éventuels concurrents. “Ces bâtiments sont intéressants dans le sens où on peut y faire des appar-

Il n’y a rien de superflu dans la décoration du loft.

600 m 2 d’atelier en 4 appartements auxquels s’ajoutent 150 m 2 de gara- ge. Dans son projet, Christophe Per- ez a découpé le toit, pour réaliser des patios intérieurs, à l’abri des regards. “Il était nécessaire d’en passer par là pour apporter de la lumière dans les logements” , dans l’opération le loge- ment gagne une terrasse à ciel ouvert, en plein centre-ville. Un petit coin tranquille. Cet entrepreneur veut désormais aller plus loin dans sa démarche. Il sait que les bâtiments industriels à Besan- çon ont tendance à se raréfier. C’est la raison pour laquelle il travaille actuellement à un nouveau concept d’habitat. Il imagine des maisons indi- viduelles dont l’aménagement inté- rieur ressemblerait à un loft. Le pro- jet est en cours de maturation. Mais Christophe Perez est affirmatif, ce produit sortira des sentiers battus.

tie avant de tout revoir, tout en gar- dant l’âme du bâtiment” précise de concepteur autodidacte qui collabo- re avec les architectes. Le prix brut des lofts avoisine les 1 500 euros le

mètre carré. Ensuite, le tarif évolue en fonction du niveau des prestations sou- haitées par l’acquéreur. Christophe Perez agence ses lofts comme s’il devait lui-même y habiter. On retrouve ainsi sur les murs du stuc ou encore des

tements différents, type loft. En plus ils sont sou- vent bien situés, avec une possibilité de stationne- ment - ce qui n’est pas négligeable à Besançon.” Les lofts de Christophe Perez sont de grands espaces, souvent décloi-

“Il faut surtout avoir la bonne idée.”

faïences métro dans la salle d’eau. Le traitement de la décoration est simple, sans superflu. Il va à l’es- sentiel. “On peut mettre dans un appar- tement des matériaux coûteux, mais ce n’est pas ça qui fait que le résultat sera beau. Il faut surtout avoir la bon- ne idée.” Dans les anciens locaux d’Alcatel rue du Château Rose, il a découpé les

sonnés, rythmés par le choix des maté- riaux, des couleurs, et des différences de niveau. Par exemple avenue Cle- menceau, il a créé sept appartements qu’il a équipés d’une terrasse priva- tive surélevée. “Le bâtiment formait un “L”. Nous avons démoli une par- tie pour créer des parkings. Ces pro- jets demandent plus de travail que dans le neuf. Il faut démolir une par-

Le découpage du toit de l’usine a permis de créer un patio.

B ESANÇON

Dans le Sidhor

Drôle de construction pour bel appartement Rue de la Mouillère, un ancien immeuble industriel construit juste après la guerre abrite six appartements dans ses étages et des bureaux. Tout le reste est vide.

M arie a quitté le quar- tier Saint-Ferjeux où elle vivait dans une maison individuelle pour s’ins- taller dans un appartement situé dans un ancien immeuble industriel de la Mouillère qui

vrent l’ensemble de la façade sont caractéristiques de ce bâti- ment de cinq étages construit en 1947-1948 par deux archi- tectes de Saint-Étienne, Lucien Seignol et Alfred Ferraz. L’ob- jectif du Sidhor était de regrou- per sous un même toit plu- sieurs entreprises dont les activités horlogères étaient complémentaires. Ainsi, se sont installées dans ces locaux des sociétés comme Cheval Frères, Lip Montage, ou encoreAugé Ressort. Depuis,

abritait la société immobiliè- re pour le développement de l’horlogerie (S.I.D.Hor.). L’ins- cription figure encore en grand au-dessus de la porte d’entrée surmontée d’un aigle. Les grandes baies vitrées qui cou-

Le grand escalier cylindrique et cossu est caractéristique de l’architecture du XX ème siècle.

Les bureaux ont été transformés en un appartement où vit aujourd’hui Marie.

Son apparte- ment est un peu

tative d’une époque” souligne le service de la conservation

l’industrie horlogè- re a périclité, et l’es- pace a changé de main. La Caisse des dépôts et des Consi- gnations y a un temps aménagé ses bureaux avant de rejoindre la City. Une partie de l’espace est

de la direction régio- nale des affaires cul- turelles. Dix édifices à Besançon ont été ainsi labellisés. Le Sidhor intrigue. “On a encore l’im- pression d’entrer dans une usine quand on passe la porte. C’est

“On a encore l’impression d’entrer dans une usine.”

entre classique et modernité. Les plantes confèrent à l’en- semble un aspect naturel d’où se dégage une certaine séré- nité. Le silence est accentué par le fait que Marie n’a pas de voi- sins directs. Tout le reste de son étage est vide. Mais à ter- me, d’autres de ces cellules devraient être commerciali- sées être elles aussi transfor- mées en logement. T.C.

hybride, car il se situe à mi- chemin entre le loft et le loge- ment classique. Il s’articule autour de gros piliers qui font partie de la structure même du bâtiment, et aboutit sur une vaste verrière qui donne sur la rue. Les bureaux ont fina- lement été transformés en chambres. “Cet appartement a une âme. On oublie un peu où l’on est. Le lieu est tranquille.” Pour la décoration, Marie a joué sur unmélange des genres

occupée par des cabinets médi- caux et six appartements. Le reste est vide. “Cet immeuble est labellisé patrimoine du XX è- me siècle. Nous estimons que son architecture est représen-

cet aspect qui m’intéressait. Ensuite, l’espace et la lumière étaient les deux autres données essentielles à mon choix” sou- ligne Marie qui a changé radi- calement de style d’habitat.

Le Sidhor abrite des bureaux et des appartements.

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