La Presse Bisontine 71 - Novembre 2006

18 LE DOSSIER

F OUCHERANS

Rénovation d’une ferme Le retour vers le travail de la pierre

ferme. Il aura fallu six mois pour tout nettoyer et démonter cet appendice. “Toute la famille s’est mise au boulot. À l’époque, nous avions encore le droit de brûler et heureusement.” Ensuite, Joël François et son père se sont mis à l’ouvrage pour reconstruire le bâtiment : en pier- re de taille. “Je ne connaissais pas du tout le caillou. J’ai eu comme une révélation, j’avais l’impression d’avoir toujours fait ça. Finalement, je suis un amoureux de la pierre de taille.” Pour construire les murs de cette annexe, il a d’abord utilisé le stock de pierres qu’il tenait à sa disposition avant d’aller en chercher dans toutes les décharges des alentours et dans de vieilles ruines. Le résultat est saisissant. Le bâti- ment reconstruit marie à la fois la pierre et le bois avec au centre une large voûte et dans le fond un escalier massif qui aboutit sur unemez- zanine. Le tout a l’allure d’une véranda où s’épa- nouissent les plantes. Joël François aurait pu s’arrêter là. Mais il a décidé de s’atteler à la rénovation des anciennes écuries, où la encore il construit des murs en pierre. “Quand je travaille, j’essaie de battremon record de pose de pierre. Là, je suis à 80 pierres assemblées dans une journée. Cela comprend la taille et la pose.” Il avance à la seule force de ses bras pendant ses heures perdues. À l’écouter, on se dit d’abord que ce type est un peu dingue. Ensuite, on comprend qu’il est sur- tout passionné et déterminé. “Ce type de chan- tier est possible, il suffit juste de le vouloir.” Joël François ne s’arrêtera que lorsque la maison sera rénovée.

La ferme ne présentait pas de caractère particulier. Il a fallu commencer par déshabiller les murs de leur crépi pour décou- vrir les pierres qui redonnent du style à cette maison.

originel. “Le parti pris est que ça coûte le moins cher possible” souligne d’emblée l’homme habi- le de ses mains. Tout le projet devait tenir dans un budget maximum de 15 000 euros. Il chemine ainsi de déconstructions en recons- tructions, pour redonner son cachet à cette fer- me de 300 m 2 dont les murs en pierres appa- rentes ont été couverts d’un épais crépi grisâtre après la guerre. Il s’est attelé à l’enlever à l’ai- de d’un petit marteau-piqueur. “J’avais envie que cette maison soit dans son jus. Je suis assez fier du résultat” dit-il. Il a poussé la rénovation de la façade jusqu’à lamodification d’ouvertures qui avaient été faites artificiellement, cassant parfois le béton pour le remplacer par de la pier- re. “Beaucoup de pierres étaient gelées. J’en ai changé énormément.” Le décorateur a joué de certaines astuces, pour patiner la matière minérale, pour créer ainsi une teinte harmonieuse en façade. “J’ai patiné les cailloux avec un lait de ciment blanc. J’ai repassé ainsi les pierres qui n’étaient pas très belles. Je n’ai vu nulle part cette technique” ajou- te Joël François. Mais le plus spectaculaire dans ce projet est sans doute la rénovation d’un ancien poulailler où les cochons avaient aussi leur lit. “Les rats étaient également à leur fête” confient les parents de Joël. Cette remise se situait dans la continuité de la Au sol, Joël François a placé des pierres qu’il a préalablement polies. Il les a placées de telle sorte à former le dessin d’une galaxie.

D ans la rénovation, il y a deux types de personnes. Celles qui décident de confier leur projet à des artisans spécialisés, et celles qui, au contraire, sont prêtes à mettre les deux mains dans le ciment pour

gérer elles-mêmes les opérations. Joël François et sa famille entrent dans la seconde catégorie. Décorateur de profession, il relève depuis dix ans le pari fou de rénover l’ancienne ferme fami- liale à Foucherans pour lui redonner son aspect

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