La Presse Bisontine 71 - Novembre 2006

16 LE DOSSIER B UFFARD

300 ans d’existence Retour aux sources d’une maison vigneronne

Depuis quatre ans, David et Fabienne Billoin se sont lancés dans la rénovation d’une ancienne mai- son vigneronne qui a subi quelques transformations après la guerre. L’objectif : revenir aux origines.

I ls auraient pu casser les murs de la maison pour agrandir les ouvertures, éventrer le toit pour yplan- teruneverrièreouencorehabiller les façades d’unbois lasuré. Rien nelesyenempêchait.MaisDavid et Fabienne Billoin ne sont pas du genre à dénaturer le bâti ancienpour lui donner une allu- re plus contemporaine anachro- niqueavecl’histoiredelaconstruc- tionetpas forcémentdebongoût. Amateurs de belles pierres, s’ils se sont lancésdans la rénovation

delacouleurbleuegrisedesvolets. Làoù ilsne se trompent pas, c’est dans le choix des matériaux : la pierre et la chauxpour les joints. Le travail est minutieux et de longuehaleinepour remettre les murs en état et éviter les écarts de teintes liés à la consistance de la chaux. Le résultat séduit la plupart des passants qui s’ar- rêtent devant lamaison, surpris par l’authenticité qui s’en déga- ge. “Le travail de la pierre dis- paraît. Il existe encore grâce à quelques artisans spécialistes. Mais plus personne ne s’amuse à calibrer des pierres.” On utili- se plus le plot dans le bâtiment que la pierre de taille ! Cela faitmaintenant quatre ans que le couple s’est lancé dans ce chantier de rénovation. C’est un choix. David et Fabienne consa- crent la plupart de leur temps libreà ce chantier qui a reçu l’ap- pui de la Fondation du patri- moine, unorganisme qui accom- pagne ces projets en tant que conseil et qui apporte son sou- tien financier à hauteur de 1 à 5 % du coût des travaux. “C’est lareconnaissanceducôtéauthen- tique de la maison.” Mais le plus important est que la démarche de cette famille a

d’unemaison vigneronne àBuf- fard (canton de Quingey), c’est au contraire pour lui redonner son caractère authentique origi- nel. “C’est une maison caracté- ristique de cette activité” indique David Billoin. Le couple citadin il y a encore quatre ans a trouvédans cepetit village vigneron le bâtiment qui correspondait à ses attentes. “Nous cherchions à nous instal- ler à la campagne et trouver une maisonqui n’était pas totalement rénovée. Le projet étant de lui redonner son âme d’origine.” Ils étaient donc en quête d’un bâtiment de caractèrequi n’était pas à la fois guetté par la ruine, et qui n’avait pas subi de trop grandes transformations au fil du temps qui lui auraient fait perdre son identité. Ils ont trou- vé cette demeure au cœur de ce village dont l’urbanisation n’a pas - encore - altéré le cachet. Lespierres indiquent deuxdates contradictoires de réalisation : 1711 sur la cheminée et 1765 sur un linteau. “Il y a eudeux étapes dans laconstructionde cettemai- son de famille. Elle a été conçue par rapport à sa fonction. Elle possède une cave de plain-pied et des escaliers extérieurs qui per-

mettentd’accéderà lapartiehabi- tation. C’est le genre de bâtisse où les gens vivaient à plusieurs sous unmême toit” estimeDavid Billoin. Maiscettemaisonasubiquelques modifications après la guerre. Certaines ouvertures ont été modifiées,murées, le tout confor- téavecdubéton, unematièrequi necollepasàl’espritdelademeu- re. Le maître des lieux s’est donc lancé dans une opération visant àgommerdesdérapagesde l’his- toire. Il s’est basé sur des ves- tiges, comme des jambages qui étaient “noyésdans lebéton” pour reconstituer et redimensionner les ouvertures. “On s’est inspiré de tout ce qu’on voit dans l’ar- chitecture rurale. Malheureuse- ment, nousn’avonspasde traces” qui pourraient les conforter dans leurs hypothèses de travail. Ni plans,niphotographies,quipour- raient leur permettre d’affirmer que les options qu’ils choisissent dans la rénovation de lamaison sont exactement conformes à la réalitéde l’époque. Ils sedonnent néanmoins les moyens de leurs ambitions. Nuancier à la main, ils ont sillonné le secteur pour s’approcher le plus près possible

David Billoin : “On s’est ins- piré de tout ce qu’on voit dans l’architecture rurale.”

un effet sur la vie municipale. Jusqu’àprésent, Buffardn’avait pas de carte communale ce qui laissait la porte ouverte à tous les projets d’urbanisation. Or, la maison de David et Fabienne Billoin a révélé aux habitants la qualité et la typicité de ce patri- moine vigneron. Les élus vien- nent de décider lamise en place d’une carte communale et de la définition d’une zone de protec- tiondupatrimoineurbainet pay- sager. Ces outils vont permettre de donner une cohérence à l’ur- banisationfutureduvillage,dans le respect de ses origines.

Pierre et joints à la chaux sont deux éléments essentiels dans la rénovation de cette maison vigneronne à Buffard.

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