La Presse Bisontine 71 - Novembre 2006

15 LE DOSSIER

B ESANÇON

Fort des trois Châtels Un repaire tranquille à l’arrière de la Citadelle

Cette fortificationmilitaire classée aux monuments historiques est une propriété privée. L’acquéreur défriche le site, pour sauver ce patrimoine de la ruine.

L e Fort des Trois Châtels offre un des plus beaux points de vue sur Besançon. Il est hissé dis- crètement à l’arrière de la Citadelle sur le territoire de Chapelle-des-Buis. De là on plonge directement sur les quartiers des Prés-de-Vaux et de Rivot-

des propriétés privées depuis 1959 suite à une vente aux enchères. À l’époque, l’armée commençait déjà à se délester d’une partie de son patri- moine. Touzet a été transformé en habita- tion. Quant à la future destination de Trois Châtels, Serge Saracino ne l’a pas encore arrêtée. Il a acquis ce bien militaire il y a quatre ans, “un coup de chance.” Depuis, lui et son père ont passé leur temps à défricher les 2,5 hectares de terre qui entou- rent le fort et à aménager un chemin carrossable en voiture. Le lieu était envahi par la végétation et régulièrement occupé par des squat- ters qui avaient trouvé là un refuge idéal. Le toit, qui était en ardoise, a d’ailleurs été incendié. “Le fort était mal fréquenté et difficile d’accès. Il était entouré de ronces et d’épines

te. “Comme Touzet, Trois Châtels est une lunette d’Arçon, du nom de l’in- génieur militaire qui a conçu ces ouvrages avancés” précise le service de la conservation de la direction régionale des affaires culturelles (D.R.A.C). Ces deux fortifications sont

La lunette d’Arçon est une propriété privée depuis 1959.

celui de Trois Châtels est protégé au titre des monuments historiques. Cela signifie que le propriétaire peut ima- giner y établir son logis mais sous certaines conditions. “Un bâtiment qui ne vit pas meurt” estime le ser- vice de la conservation de la D.R.A.C. Il précise : “Il est évident que nous n’allons pas remettre des militaires dans ce fort. On peut imaginer le trans- former à condition de respecter sa structure originelle. Toutes les adjonc- tions de structure à cet ensemble doi- vent être réversibles. C’est-à-dire que l’on doit pouvoir les démonter pour remettre le lieu en état.”

Pour l’instant, il cherche surtout à mettre en évidence ce patrimoine pour éviter qu’il ne tombe en ruine. “Je travaille sur les lieux pour que ce

noires” raconte Serge Sara- cino qui s’était mis en quê- te d’un grand terrain sans maison autour. C’est réus- si ! “Là, j’ai trouvé la ville à la campagne. Je suis à 2,5 km de la place du 8 Septembre”

soit propre, et pour que l’on puisse voir le cachet de ce site unique.” Il a dégagé non seule- ment la petite tour, mais les fortifications qui l’entourent comme

“Un bâtiment qui ne vit pas meurt.”

les souterrains et les casemates. Il a enlevé les tonnes d’ordures qui étaient entassées là depuis des années. Contrairement au fort Touzet, qui est protégé au titre des sites depuis 1930,

dit-il en pointant du doigt son repai- re qui en l’état n’est pas encore habi- table. D’ailleurs, le propriétaire n’est enco- re certain de vouloir y vivre un jour.

Les fossés où se trouvent les casemates étaient entièrement remplis de détritus.

É DIFICE RELIGIEUX Rue de la Vieille Monnaie

C HALEZEULE

Un bâtiment emblématique

Le “Château de la juive” transformé en appartements Rôtisserie jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix, le “Château de la Juive” a été acquis par un marchand de biens qui va le transformer en appartements.

L es Sœurs du Carmel ont quitté la rue de la Vieille Mon- naie à Besançon à la fin des années quatre-vingt-dix. Elles ont cédé leur patrimoine immobilier qui a été ven- du. Dans l’opération, la destination du cloître et de la cha- pelle a été changée. Le cloître a été transformé en apparte- ments. Quant à la chapelle, elle a été rénovée par la société R.H. Partners qui y a aménagé ses bureaux. La chapelle a donc perdu sa vocation de lieu de culte. Par contre, dans son programme de réhabilitation, elle a gardé un maximum de références avec l’histoire de lieu comme le chemin de croix, Une entreprise dans la Chapelle des Sœurs du Carmel

C’ est la société Saqqara de Bordeaux qui a acquis le “Château de la Jui- ve” à Chalezeule. Le marchand de biens aquitain qui traque des édifices dans toute la France prévoit de trans- former ce bâtiment en appartements. Cinq logements, d’une surface de 100 m 2 chacun, devraient être créés dans le lieu. Le permis de construire est déposé, les travaux devraient débuter “en janvier 2007 pour se terminer en février 2008. L’idée est de faire du neuf tout en respectant l’an- cien” indique la direction de Saqqara qui

zeule qui s’inquiétait du devenir de cet édifice emblématique de la commune. Pour autant, les porteurs du projet se plient aux exigences des services de l’É- tat qui ont protégé ce site en l’inscrivant sur la liste des monuments historiques en 2002. Le corps du logis est protégé dans sa totalité. Certains éléments du décor à l’étage présentent de l’intérêt. Ce bâtiment connu sous la désignation de “château de la juive” fut construit en 1858

veut rester discrète sur le prix de vente au mètre carré des appartements dont la commercialisation va débuter. Après avoir été restaurant jusqu’en 1998, le “Château de la Juive” qui surplombe la vallée du Doubs, s’apprête à entamer une seconde vie. L’endroit a séduit Phi- lippe Tilliet, l’architecte bordelais qui va réaliser les plans d’aménagement. “C’est un amoureux des vieilles pierres. En plus, l’emplacement géographique est idéal” reconnaissent ses collaborateurs. La nou- velle rassure la municipalité de Chale-

la plupart des vitraux, et l’ancien confessionnal. Une étonnante sérénité se dégage de ce qui est devenu un ensemble de bureaux.

par la famille Lip- mann. Il a subi dif- férentes transforma- tions dans les années suivantes. Certains éléments d’architec- ture sont prêtés à l’ar-

“Il n’y a plus d’archives sur ce lieu.”

chitecte Delacroix. “Il n’y a plus d’archives sur ce lieu” notent les services de la direc- tion régionale des affaires culturelles (D.R.A.C.). Ils précisent d’ailleurs que l’appellation de château est abusive pour ce bâtiment qu’il est préférable de qua- lifier de maison. “Au sens propre du ter- me, le château est un bâtiment auquel sont attachées des terres avec des droits seigneuriaux. Ici, ce n’est pas le cas.” La D.RA.C. parle donc de “maison de la juive”. Ce lieu aurait pris ce nom curieux, après avoir été occupé par Précieuse Léo- nie Allegri, qui n’était autre que la peti- te fille de Monsieur Lipmann. “C’est cet- te dame qui fut surnommée “la juive.”

La montée d’escaliers conduit aux bureaux.

Vue de l’étage de la chapelle.

La maison de la juive surplombe la vallée du Doubs.

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