La Presse Bisontine 71 - Novembre 2006

14 LEOSSIER DOSSIER

IMMOBILIER : les “accros” de la rénovation

À la construction d’une maison individuelle clé en main, certains préfèrent investir dans un bien existant à rénover. Ce choix s’inscrit souvent dans une démarche de sauve- garde du patrimoine. À Besançon et plus largement dans la communauté d’agglomération, les particuliers et les entre- prises spécialisées sont nombreux à restaurer d’anciennes friches industrielles ou d’anciennes fermes qui sont trans- formées en de somptueux lofts. Chacun à sa manière crée de l’habitat là où on ne l’attend pas avec toutes les contraintes que cela représente en termes de respect du bâtiment exis- tant si celui-ci est classé, et d’investissement personnel. De la chapelle à l’usine, de la ferme au fortin, du château au bureau, voici un tour d’horizon de projets de rénovation innovants et étonnants dans le Grand Besançon.

T ENDANCE

Marché en stagnation Gare aux pièges de la rénovation

De plus en plus de particuliers semblent vou- loir acheter une maison à rénover pour diffé- rentes raisons comme une volonté de préser- ver un patrimoine ou parce que le budget est serré. Quelle que soit la motivation, il faut être attentif au projet dans lequel on s’engage.

B âtiment industriel, ferme, édi- fice religieux, gare, moulin, cure, tout est bon pour la rénovation ! Nombreux sont les acquéreurs à tra- quer la perle rare, la construction de caractère dont ils pourront détourner la finalité première pour en faire leur maison d’habitation ou leur bureau. Habiter autrement est devenu une manière de se distinguer sur unmar- ché de l’immobilier dans le lequel fleu- rissent les lotissements où les construc- tions se ressemblent. Aménager un loft dans une friche industrielle, s’ins- taller dans une ancienne grange, des- siner les plans dans le but de s’établir

quand le chantier traîne en longueur et que l’on passe tout son temps libre les deux mains dans le ciment. Autant le dire tout de suite, la réno- vation se fait souvent au prix de sacri- fices. “C’est bien la poésie et les coups de cœur, mais quand il s’agit de réno- vation, il faut être conscient du projet dans lequel on s’engage” observe un architecte du C.A.U.E. (conseil d’ar- chitecture d’urbanisme et d’environ- nement) de Besançon. Cet organisme guide gratuitement les particuliers et les collectivités dans leur projet d’amé- nagement. Comprenez par ce propos que réno-

ver fait appel à des capaci- tés de financement impor- tantes surtout si ce sont des entreprises artisanales qui conduisent les travaux. Les devis des artisans flambent (il faut compter entre 1 000 et 1 500 euros pour démolir une cloison de briques de 4

dans un cloître, le champ des possibles est ouvert. C’est chic ! La rénovation est dans l’air du temps. Mais à cet effet de mode ne doivent pas céder certaines réalités. La démarche “d’ache- ter pour rénover” est auréolée d’un certain nombre d’idées

“C’est bien la poésie et les coups de cœur…”

Réaliser les travaux par soi-même demande motivation et savoir-faire.

Alors qu’il y a 25 ans, elle était à deux chiffres. Le début de l’année 2006 s’est même révélé laborieux puisque la crois- sance n’a pas excédé 1 %. Un chiffre qui s’explique notamment par lesmau- vaises conditions météorologiques. Ce marché a connu un sursaut en 1999, lors de la tempête. Les dégâts occa- sionnés par cet événement naturel ont généré une dynamique dans le sec- teur du bricolage qui stagne depuis. T.C.

Or les bricoleurs du dimanche ne sont pas aussi nombreux, même si la pro- lifération des enseignes de bricolage et de vente de matériaux laisse croi- re le contraire. “C’est un marché qui a atteint sa maturité” analyse Fran- çois Noirjean, directeur de “Lapeyre la maison” à Besançon. La concur- rence est rude sur ce secteur et les enseignes spécialisées se livrent entre elles à du cannibalisme. Ces dernières années, la croissance de ce marché oscille entre 2 % et 4 %.

est bonne, mais le bâtiment est un métier qui demande un minimum de connaissances. Enfin, on l’aura com- pris, lorsque l’on choisit cette option, il ne faut pas être pressé d’habiter chez soi. Pour toutes ces raisons, le marché de la rénovation n’est peut-être pas aus- si dynamique qu’il n’y paraît. Pour- tant, les sites Internet et les maga- sins de bricolage multiplient les outils pédagogiques pour inviter les clients à faire par eux-mêmes.

m 2 par exemple). Au final, si l’on tient compte du coût de l’acquisition et dumontant des tra- vaux nécessaires à la concrétisation du projet, le budget total est aumoins égal à celui d’une construction neuve (terrain compris). Pour tenter de diminuer l’addition, l’acquéreur est donc prêt à prendre à sa charge une partie du chantier. L’idée

préconçues. La première est de croi- re que ça coûteramoins cher que d’in- vestir dans le neuf, ce qui n’est pas toujours vrai. La seconde est de pen- ser que l’on pourra réaliser les tra- vaux par soi-même, ce qui est possible. Mais tout le monde n’a pas la fibre bricoleuse et la passion qui va avec. L’enthousiasme des débuts peut se transformer en une véritable galère

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