La Presse Bisontine 70 - Octobre 2006
BESANÇON
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L ITTÉRATURE
En bref
À la Gare d’Eau du 22 au 24 septembre
Les coulisses en remous des Mots Doubs
S.O.S. Amitié Le poste S.O.S. Amitié de Besançon recherche des écoutants bénévoles. Pour poser votre candidature ou demander des informations, contactez l’association au 03 81 52 17 17. Apprentissage Entre 2005 et 2006, 433 jeunes de plus que l’an dernier ont effectué un apprentissage. L’objectif était de + 400. Récompense Historien, vice-président du Conseil Économique et Social de Franche-Comté, ancien adjoint au maire de Besan- çon, Daniel Antony s’est vu remettre des mains de Mar- cel Pochard, conseiller d’É- tat, la décoration d’officier dans l’ordre national des arts et lettres mercredi 13 sep- tembre dernier. Musique Pour la première fois en Franche-Comté, les mélo- manes auront l’occasion de découvrir un instrument ori- ginal : le cornet à bouquin, un instrument proche de la trom- pette qui se marie admira- blement avec les cordes. Musique ancienne et égale- ment pièces d’orgue. Le 13 octobre à 20 h 30 à l’égli- se Saint-Louis de Montrapon. Renseignements : François Gaugler au 03 81 50 11 73.
À l’aube de sa cinquième édition, le salon littéraire des Mots Doubs, organisé par le Conseil général à Besançon a connu des bouleversements dans l’organisation. Exit Camponovo, la librai- rie bisontine, qui refuse de participer à l’événement. Les libraires ont aussi abandonné leur système de gestion collective.
P ierre Defendini ne se dépare pas de son opti- misme. L’année der- nière, les Mots Doubs, le salon littéraire organisé et entière- ment financé par le Conseil général, avait attiré près de 35 000 visiteurs sous les cha- piteaux installés à la Gare d’Eau, à Besançon, venus ren- contrer 150 auteurs qui avaient fait le déplacement. Pour sa cinquième édition, du 22 au 24 septembre, il devrait essayer de faire aussi bien. Voir mieux encore. “Les Mots Doubs ont réussi à prendre leur pla- ce dans le paysage littéraire. Désormais, il fait partie des quatre salons incontournables de la rentrée, avec Nancy, Saint- Étienne et Toulon” , se félicite Pierre Defendini, chargé de l’organisation des Mots Doubs au sein de la société presta- taire marseillaise Alice évé- nements. En seulement quatre ans d’exis- tence, le salon littéraire franc- comtois a réussi à s’imposer. “Il est sur sa lancée. On dit sou- vent que les trois premières sont les plus dangereuses pour impo- ser un événement, mais on a réussi à passer le cap. Depuis, on sent qu’il a un vrai renou-
responsable des comptes du collectif de libraires. Mais à l’issue de l’édition 2005, l’une des librairies, Campono- vo a refusé de reverser une par- tie de son bénéfice, faisant voler en éclat le système. Jean- Jacques Scher, le directeur de la librairie bisontine avance des “marques d’irrégularité dans les comptes” portant sur des “sommes minimes” , mais sans préciser davantage. “Tous les libraires n’ont pas été trai- tés sur un même pied d’égali- té. Il y a toujours eu des privi- lèges, des stands qui sont 6,25 fois plus grand que d’autres” , reproche également le librai- re qui a annoncé début sep- tembre que Camponovo ne par- ticiperait finalement pas à l’édition 2006. Des arguments qui laissent les autres libraires perplexes. Car après avoir refusé les comptes de l’édition 2005 une premiè- re fois, la librairie bisontine a finalement accepté ceux-ci au début de l’été et réglé sa part. Les stands quant à eux, tirés au sort ainsi que la liste des éditeurs attribués aux libraires sur le salon, sont tous de la même taille, “exception faite du rayon jeunesse tradition-
veau” , se félicite aussi Jérôme Cart, qui dirige la librairie du même nom au centre-ville de Besançon. Côté coulisses, l’édition 2006 a pourtant été la plus chao- tique. Un psychodrame entre libraires qui couve depuis plu- sieurs mois a conduit au désis- tement de Camponovo, la plus grande librairie du départe- ment à quelques semaines de la manifestation. Au centre des crispations, le système collec- tif qui régissait jusqu’en 2005 la participation des libraires à la manifestation. “Tout le bénéfice des trois jours était mis en commun, la marge était répartie après les Mots Doubs au centime près entre tous les libraires présents. Comme cela, il n’y avait pas de lutte pour avoir les auteurs les plus connus, pour avoir le plus grand stand. Quel que soit le résul- tat, tout était de toute façon partagé entre nous. On tra- vaillait tous ensemble. C’est arrivé que lorsque le stand de la maison de la presse était débordé, la patronne de Forum par exemple allait leur donner un coup de main” , affirme Pier- re Chevassu, le responsable de la librairie Siloë qui était le
En quatre éditions, le salon des Mots Doubs s’est hissé parmi les quatre salons phares de la rentrée. 35 000 visiteurs avaient fait le déplacement l’année dernière. Le salon en chiffres : 35 000 visiteurs l’année dernière 390 000 euros investis par le Conseil général, organisateur de la manifestation 5 % des bénéfices sont reversés au Conseil général. En 2005, 8 000 euros avaient ainsi été récoltés pour aider les bibliothèques des collèges de Z.E.P.
auteurs et le parrain - toujours un détenteur du prix Goncourt - des Mots Doubs, a déjà enten- du le reproche. Mais “en véri- té, seuls 10 à 12 % des auteurs reviennent d’année en année. Dans ce nombre, il y a les écri- vains régionaux qui sont incon- tournables, ou des auteurs com- me Jean-François Kahn qui publient un livre par an” , pour- suit-il. Les auteurs eux-mêmes sont attentifs. L’attachée de presse de Nathalie Rheims, pressentie cette année sur le salon et déjà là l’année der- nière, a ainsi décliné l’invita- tion, pour ne pas “faire tou- jours les mêmes salons et changer un peu.” Elle sera à celui de Nancy, une semaine avant. avait peut-être aussi unmanque d’animation extérieur. Le dis- positif tel qu’il existait impli- quait une sorte d’autogestion entre libraires. Dès que des dif- ficultés se manifestent, cela explose. Il y a un malaise. Cela implique d’autres règles soient envisagées pour les années à venir, avec peut-être plus de rigueur” , note un bon connais- seur du secteur. Parmi les libraires, tous affirment vou- loir retourner au système col- lectif après la “parenthèse” de 2006. S.D. Reste à savoir comment fonc- tionnera le salon littéraire l’année prochaine. “Il y
nellement attribué aux San- dales d’Empédocle, tout sim- plement parce qu’il faut plus de présentoirs pour présenter les albums jeunesse” , explique un des libraires bisontins. “Il n’y a jamais eu de malversa- tions ou quoique ce soit de ce genre. Il y a quelque chose dont était fier, c’était d’avoir réussi à faire travailler tous les libraires ensemble. C’était un fonctionnement unique en Fran- ce. C’est ridicule d’avoir cassé cela” , regrette Pierre Defendi- ni d’Alice événements. “Mais en terme d’organisation, c’est un non-événement. Dès qu’on a su la défection de cette librai- rie, les stands des autres ont dans lequel le Conseil général investit près de 390 000 euros chaque année pour environ 160 000 euros de chiffre d’af- faires l’année dernière, accueille même un peu plus d’auteurs que l’année précédente. “On a des noms intéressants. Avec des gens qui sont connus au niveau médiatique. Je me plaignais de voir toujours la même liste d’auteurs, là cela change” , se félicite Jérôme Cart, qui repro- chait un peu au salon son manque de diversité. Pierre Defendini, qui est chargé de sélectionner et contacter les été agrandis et les auteurs répartis entre eux” , affirme pour sa part le Conseil général. Rien ne change. Cette année, le salon littéraire,
É CONOMIE
Marché du livre Situation morose dans le secteur du livre
“L a remise en cause du système col- lectif entre libraires aux Mots Doubs est en partie liée à l’année creuse que connaît le livre en 2006. Les livres sont facturés aux libraires, le sys- tème de reversement des recettes est assez long. Quand les trésoreries sont en dif- ficulté, ça crée des tensions” , analyse un spécialiste. En 2006, le livre n’a pas été à la fête. Un phénomène aussi vrai au niveau natio- nal que local. À Besançon, les mois de juillet et août ont été “catastrophiques” pour certains libraires. “Fin août, nous étions à - 2,54 % de chiffre d’affaires par rapport à la même période l’année der- nière” , reconnaît-on à Siloë. Des diffi- cultés qui touchent principalement les plus petites librairies, qui bénéficient de moins de marges arrières, accordées par les éditeurs. “Besançon est un cas par- ticulier, le marché est saturé, on a une proportion de librairies énormes com- En 2006, lemarché du livre a été morose et les mois de juillet et août ont été catastrophiques.
Le Conseil général investit près de 390 000 euros.
Pierre Chevassu, directeur de la librairie Siloë.
classiques risquent de ne pas aider à une reprise” , explique Dominique Bondu, le directeur du centre régional du livre. À Pontarlier, Michel Méchiet de la librai- rie l’Intranquille se veut plus optimis- te. “Il n’y a pas encore la crise. La preu- ve, les éditeurs publient toujours autant pour la rentrée littéraire. L’envie des livres est toujours là. Et tout peut se rétablir au moment des fêtes de fin d’an- nées.”
parées aux autres villes françaises. Il ne peut plus y avoir de progression sur le marché” , affirme Jérôme Cart. Et la situation risque de ne pas s’ar- ranger dans les mois à venir. “Les élec- tions nationales sont toujours de mau- vaises périodes pour le livre. Les gens ont la tête ailleurs. Et même un livre de Sar- kozy ne fera jamais les ventes d’un Har- ry Potter ou du dernier Marc Lévy. Comp- te tenu de la tendance récessive, ces facteurs
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