La Presse Bisontine 70 - Octobre 2006

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Élu au sein d’une mutuelle de fonction- naires, Daniel Toffel travaille toute la semaine au siège parisien de son organisme.

étais plus” , reconnaît-il. Toute la semaine, il vit donc à l’hôtel. Impos- sible de faire l’aller-retour tous les jours. “Avec les heures de métro en plus du train, je dois me lever à 4 heures pour arriver au travail à 9 h 30.” Dans son hôtel, il retrouve aussi un de ses anciens collègues à Besan- çon et originaire de Haute-Saône, qui a choisi de travailler à Paris, suite à une mutation profession- nelle. Sa famille est restée enHau- te-Saône. L’attrait bien sûr, c’est le prix de l’immobilier. “Un atout. Si on regarde le prix de l’immobilier à Paris, même avec des revenus éle- vés beaucoup de personnes hésitent à acheter. Il y a en fait beaucoup de personnes qui habitent en province et travaillent sur Paris. Certains de mes collègues font tous les jours le trajet entre Paris et Le Mans ou Angers pour venir travailler. C’est aussi un choix économique” , affir- me Daniel, la cinquantaine. Mais, reprend-il, “il faut déjà avoir une

rement le même trajet, et une cen- taine les autres jours dans le sens Besançon-Paris. Dans le sens inver- se, ils sont logiquement aussi près de 150 à revenir le vendredi soir en Franche-Comté. Impossible par contre de savoir la fréquence des trajets. “On ne peut pas dire si une même personne fait plusieurs fois l’aller-retour dans la semaine ou ne voyage que deux ou trois fois par mois” , reconnaît-on à la direction communication de la S.N.C.F. à Dijon. Travailler à Paris, mais habiter au vert en Franche-Comté. C’est ce que vit Daniel Toffel depuis six ans déjà. “C’est un choix que j’ai fait en acceptant de me présenter” , affir- me-t-il. Élu au sein d’une mutuel- le de fonctionnaires dont le siège est à Paris, il savait que le poste impliquait de jongler entre la capi- tale et la province. “C’est un choix politique. Je ne pourrais plus être administrateur de la Franche-Com- té et représenter la région si je n’y

profession intéressante et un certain salaire. Car le trajet en train coûte cher aussi.” Un peu plus loin dans le même wagon, un autre homme fait aussi le trajet toutes les semaines. Employé au sein d’une société lyon- naise spécialisée dans la mise en service d’équipements industriels pour les centrales thermiques, Raphaël travaille depuis plus d’un an sur un chantier en région pari- sienne, àMantes-la-Jolie. Son der- nier chantier était à Tours, alors “pour moi, aller travailler à Paris, c’est finalement le plus près et le plus pratique” , s’amuse-t-il. Le chan- tier parisien doit encore durer deux ans. Pourtant, Raphaël n’a pas envi- sagé de déménager à proximité. Sa famille est restée àBesançon. “C’était plus facile que ce soit moi qui bou- ge et prenne le train. Je préférais que ma famille ait une vie “séden- taire”. C’est plus simple pour l’éco- le des enfants, etc. Nous n’avions pas non plus envie d’habiter dans

Sur Besançon, ils sont environ 150, tous les lun- dis matins, à se rendre à Paris pour y travailler.

L’arrivée du T.G.V. devrait mettre Paris à deux heures de Besançon. À proximité de la future gare, certains ont choisi de s’installer à Auxon, “parce qu’ils sont déjà un travail à Paris et savent que ce sera pratique à l’avenir.”

re, “c’est encore trop tôt pour ressentir encore l’effet du T.G.V. On ne le pour- ra le mesurer que lorsque celui-ci sera concrètement là.” Au sein de cette zone d’attractivité liée au train grande vites- se, le village d’Auxon, qui accueillera la future gare, fait office de centre névralgique. Ici, aussi “on a déjà reçu des coups de fils de gens qui se ren- seignent, ces derniers mois. Une per- sonne notamment qui habite la région parisienne et qui cherche à s’implan- ter ici, près de Besançon” , explique la secrétaire demairie d’Auxon-Dessus. Le phénomène est limité, “deux ou trois personnes pas plus.” Mais des habitants de l’agglomération bisonti- ne aussi se rapprochent de la future gare et ont fait construire dans les environs “parce qu’ils ont déjà un tra- vail sur Paris, d’autres font des dépla- cements fréquents vers la capitale. Ils

une grande ville” , affirme-t-il. “Et fai- re les trajets neme dérange pas.” Quant à revenir travailler à Besançon, il a dumal à l’envisager. “Faute de grands groupes industriels sur place.” Marc, lui, a fait le choix inverse. Fonc- tionnaire pendant plusieurs années à Paris, Marc a profité d’une décon- centration de son service adminis- tratif, spécialisé dans l’informatique, pour revenir s’installer en Franche- Comté, il y a cinq ans. “Je suis origi- naire d’ici, j’ai toutes mes relations d’enfance et familiales en Franche- Comté. C’était une opportunité à sai- sir. La qualité de vie n’est pas du tout la même, c’est vrai. Mais sans mes liens avec la région, je ne serais cer- tainement pas revenu sur Besançon, je serais plutôt allé vers la région lyon- naise” , reconnaît-il. Depuis, il fait très régulièrement les allers-retours entre Paris et Besançon, au gré des sessions de formation ou des réunions au sein de l’administration centrale. “Je peux y aller deux jours en un mois ou y res-

ter des semaines entières. Pour l’ins- tant, cela neme gêne pas, c’est un choix de vie, j’aime aussi ce travail. Mais c’est vrai que vivre une bonne partie de la semaine à l’hôtel, c’est parfois usant. Un jour ou l’autre, j’en aurai peut-être marre” , reconnaît-il. Même si lamise en service de la ligne T.G.V. est encore loin, le phénomène des cadres parisiens s’installant près de Besançon se fait déjà sentir. Dou- cement. “Ona euquelques cas de clients, originaires et qui travaillaient en région parisienne qui nous ont contactés” , reconnaît-on à l’étude notariale Kle- ber, à Besançon. Deux familles pari- siennes ont ainsi acheté à Beure au début de l’été. Les raisons évoquées : la qualité de vie bisontine, le prix de l’immobilier mais aussi le temps de trajet. “Ils nous ont expliqué que cela leur prenaitmoins de temps de prendre un T.G.V. depuis Besançon que de fai- re le trajet depuis un pavillon de la lointaine banlieue parisienne” , reprend le notaire.Mais nuance un autre notai-

viennent ici car ils savent que ce sera pratique à l’avenir.”

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