La Presse Bisontine 67 - Juin 2006

LE PORTRAIT

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M ÉDIAS Les vingt ans de France Bleu Depuis près de quinze ans, DominiqueMorize promène sonmicro sur les routes de Franche-Comté, pour les ondes de France Bleu. C’est aussi lui qui anime l’émission musicale “C’est la fête à l’accordéon”. Devenue une institution. Le beau métier de Dominique Morize

L’ homme est d’abord une voix. Depuis quinze ans sur les antennes de France Bleu, régu- lier comme unmétronome. Tous les matins sur les coups des 8 heures en direct d’un coin de Franche-Com- té pour “Vous êtes où ce matin ?” Le “beau métier” un peu plus tard dans la matinée. Et deux fois par mois, son bébé, l’émission musicale”C’est la faute à l’accordéon”. À 41 ans, Dominique Morize est l’un des piliers de la radio locale, qui a fêté cette année ses vingt ans d’exis- tence. Avec toujours ce souci de “valo- riser les talents, des gens d’exception” , “parler de choses positives dans un monde qui ne l’est pas.” Il est né sous le signe des gémeaux. Le dit comme une excuse. Deux tempéraments. Celui jovial qui le pousse à aller vers les autres, l’autre plus obscur qui lui donne “peur de l’avenir.” Ce jour-là, ce sera le côté sombre. Attablé devant un café, sur la ter- rasse baignée d’un soleil presque esti- val, Dominique Morize préfère res- ter dans l’ombre. Ne pas trop parler de lui, lui qui se définit pourtant com- me un type “ouvert.” “J’ai décidé de ne plus parler de moi pour parler des autres” , souffle-t-il l’air sérieux. La faute au milieu médiatique, peuplé d’ogres prêts à dévorer la moindre proie au premier faux pas, peut-être.

phénomène début des années quatre- vingt-dix. “On l’a modifiée rapide- ment. Elle est devenue nomade, s’est déplacée dans les villages. Et là, ça a explosé. À chaque fois, on remplit des salles de 300 à 400 personnes” , affirme Dominique Morize. Enregis- trée dans les conditions du direct dans un village différent à chaque fois, l’émission fait immanquable- ment salle comble. Et l’animateur ploie sous les demandes d’associa- tions ou de communes désireuses de l’accueillir dans leur salle des fêtes. C’est lui qui s’occupe de tout, du choix de ses invités au montage final, “pour

De Dominique Morize, né dans le Loi- ret, on saura donc qu’il a mis les pieds dans la radio comme beaucoup à la grande époque des radios libres et de l’aventure de la bande F.M. Au début des années quatre-vingt, avec une bande de potes, il crée sa propre radio. “Pour partager mes goûts musicaux” , dit-il. Puis rentre à Radio France, “parce que c’est la meilleure école.” Orléans, Tours, Cherbourg…En 1991, l’animateur pose ses valises à la sta- tion bisontine. Le directeur de l’an- tenne d’alors le voit en homme de ter- rain. C’est là qu’il s’y épanouit. Tous les matins, il part avec son nagra -

le magnétophone - aux quatre coins de la région à la rencontre des gens ordi- naires ou exceptionnels, leur donne la parole. “On a tous un potentiel” , affirme le qua- dra. Une proximité avec “la vraie vie” qu’il aime. Sa région d’adoption, il a appris

être responsable de ce qui va passer à l’antenne.” Il s’est même mis à l’accordéon quelque temps, avant de vite abandonner. En quinze ans, Dominique Morize a déjà animé 730 émissions en direct. Une lon- gévité record. Sans lassitu-

730 émissions animées en quinze ans.

Animateur à France Bleu, Dominique Morize est à la tête de l’émis- sion-phare de l’antenne “C’est la faute à l’accordéon” depuis 1992. Vingt ans après sa création, le succès ne se dément pas.

de ? “Je me laisse porter par les choses. C’est très agréable, ce sont de vrais instants de partage” , reprend l’ani- mateur, en éludant la question. Le succès de l’émission, il l’explique par “la part de proximité mais aussi cet esprit un petit peu 14 juillet d’autre- fois, un esprit de liberté. Il y a une vraie connivence avec le public.” En quinze ans, la radio a changé. Elle

à la découvrir comme cela, au fil des reportages. “Elle me surprend tous les jours. Certains matins, quand je pars tôt et que je vois le soleil se lever, il y a des vrais moments d’émotion. Comme un gosse.” Et puis bien sûr, il y a “La faute à l’accordéon”. Lancée à la naissance de France Bleu Besançon en 1986, l’émission est devenue un véritable

métier d’animateur itinérant, ce sont surtout de belles rencontres, “des beaux moments.” Mais on n’en sau- ra pas plus. “Trop personnel.” Aujour- d’hui, il n’a pas envie de se livrer.

est devenue “plus professionnelle, peut-être avec un peu moins de fan- taisie qu’autrefois. Moins de décon- nade. Mais on a vieilli aussi, on a peut-être plus la fougue” , avance-t-il prudemment. Pour l’instant, Domi- nique Morize se sent “bien où il est” et n’envisage pas de changer. Car le

S.D.

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