La Presse Bisontine 67 - Juin 2006

14 LE DOSSIER

P ROJET

R APPEL Ce qui s’est passé en 1982 Le projet peut-il être revu à la baisse ? Pendant plus d’un an, l’hôpital Minjoz terminé est resté vide avant d’ouvrir ses portes. Autant de gagné sur le plan budgétaire. On craint déjà un scénario semblable pour le futur Saint-Jacques.

Pas de date pour le moment Un pôle pour les onze laboratoires Les laboratoires biologiques sont pour le moment épar- pillés entre Saint-Jacques et Minjoz. Un projet de regrou- pement existe. Mais aucune date n’a été fixée

“C’ est un scénario qui peut très bien se reproduire. Les pro- jets sont souvent revus à la bais- se” prévient Micheline Jouslin, membre du conseil d’adminis- tration du C.H.U. pour tempé- rer l’optimisme de la direction. Souvenons-nous. La construc- tion de l’hôpital Jean-Minjoz était terminée en sep- tembre 1982. Mais ce n’est qu’en janvier 1984 qu’il a ouvert ses portes. Repousser la date d’ou- verture a permis d’économiser plusieurs millions de francs en frais de fonctionnement. Mieux : il y a 35 ans, lors des premières discussions sur la construction d’un nouvel hôpital, il était pré- vu de supprimer Saint-Jacques pour ne plus faire qu’un site à Planoise. La capacité pro- grammée était alors de 1 400 lits. Dix ans après ces discus-

M. Reboux. Une autre “restriction” au bud- get de Minjoz apparaît aussi à l’œil de l’observateur attentif : les quatre ailes de l’hôpitalMin- joz n’ont pas toute lamême hau- teur ! Au-dessus du S.A.M.U. par exemple, l’hôpital s’arrête au 4 ème étage. Ces changements de programme ont été décidés au cours de la construction. Cela explique aujourd’hui les doutes d’une partie du person- nel sur la réalisation complète du projet de construction du nouveau Saint-Jacques. Les craintes sont telles que certains annoncent déjà que des services cliniques basés à Saint-Jacques, comme la néphrologie, lesmala- dies infectieuses ou la psychia- trie, ne remontent jamais àMin- joz. Affaire à suivre, au regard des leçons de l’histoire. J.-F.H.

sions est né l’hôpital Minjoz, et a subsisté le site de Saint- Jacques avec un total de…800 lits seulement. Témoinde cette époque et admi- nistrateur du C.H.U. Minjoz à son ouverture en 1984, Gabriel Reboux se souvient que “Jean- Minjoz correspondait à la tou- te dernière ouverture dans le vaste programme de construc- tion des grands établissements hospitaliers qui avait été lancé en France dans les années soixante-dix. À cette époque déjà, nous avions des difficultés de budget. Pour éviter de nous enfoncer, nous sommes restés fermés pendant plus d’un an avant d’ouvrir.” L’effectif sala- rié duC.H.U. était alors de 2 400 postes. “Il y avait eu un effet d’annonce de création de 1 000 postes. Il a fallu 15 ans pour atteindre ce chiffre” rappelle

“I l y a une dispersion des tests avec des navettes pouracheminer les tests. Ce n’est pas forcément plus long mais ça implique des coûts de transports, de main- d’œuvre, etc. Si tout était réuni sur un même plateau, on pour- rait réaliser des économies, mais aussi réduire par exemple le

navette entre les deux établis- sements plusieurs fois par jour, pour un coût, on l’a vu de 248 000 euros par an. Mais aucune date n’a pour le moment été avancée pour le pro- jet qui ne devrait, de toute façon, se réaliser qu’après l’achève- ment des travaux de remontée de l’hôpital Saint-Jacques, fau- te de marge de manœuvres financières suffisantes pour mener les deux chantiers de front. “C’est un second projet sur lequel on travaille actuellement, et aucune date n’est fixée pour le moment” , affirme Philippe Flammarion, au seinde la direc- tion générale de l’hôpital. L’idée de plateau biologique est donc en suspens pour lemoment. Ce qui inquiète les praticiens.

logique dans un seul et même bâtiment et former ainsi unpla- teau dédié à la biologie à proxi- mité du C.H.U. Minjoz. Une option qui permettrait de dimi- nuer les coûts de fonctionne- ment et de “mutualiser certains appareils. Pour avoir une bio- logie de grande qualité, il faut

avoir des outils performants. Et les évolutions tech- niques sont telles sur ce secteur, qu’il faut mettre en commun” , reprend-on.

Les échantillons de sang et autres prélèvements font la navette.

nombre de tubes prélavés sur le patient pour les analyses” , explique le pro- fesseur Philippe

Pour lemoment, les laboratoires sont éparpillés entre l’hôpital Saint-Jacques et le site deMin- joz. Les échantillons de sang et autres prélèvements font la

Humbert qui fait partie de la commissionmédicale d’établis- sement. L’hôpital souhaite regrouper ses onze laboratoires d’analyse bio-

F INANCEMENT Un bail emphytéotique de 30 ans Un montage financier innovant Le centre Tilleroyes a choisi un nouveau mode de financement qui fait appel à des fonds privés. Le centre des Tilleroyes sera propriétaire dans trente an s. L’ option n’est autorisée pour les établissements hospi- taliers que depuis une ordonnance de 2003. EnFranche- Comté, le centre de soins des Tilleroyes est le premier établissement à avoir eu recours à un bail emphytéo- tique hospitalier. Une procédure nouvelle qui permet à l’éta- blissement de ne pas avancer d’argent tout en menant à bien son opération immobilière. En clair, c’est le groupement pri- vé mené par Dexia et la S.E.D.D. qui est propriétaire du bâti- ment du centre de soins et porte le financement de la construc- tion puis de l’exploitation du bâtiment - via la société Elyo, spécialisée dans le secteur. En contrepartie, les Tilleroyes, locataires des lieux seulement, lui reversent un loyer pen- dant la durée du bail. Mais à l’issue de celui-ci, fixé à trente ans, l’établissement hospitalier récupère la propriété pleine et entière des lieux. “Sur une grosse opération d’in- vestissement, il faut avoir les reins solides et pouvoir apporter une part d’autofinancement. Clairement, nous n’avions pas cette capacité d’autofinancement car nous louons déjà nos bâtiments. On ne pouvait que renouveler notre équipement, on ne pouvait pas aller au-delà” , reconnaît Jean Camus, le directeur du centre des Tilleroyes. Le montage a les faveurs de l’agence régionale de l’hospitalisation, qui y voit natu- rellement un facteur d’économie. “Car les entreprises prennent ainsi dès le départ les coûts de fonctionne- ment en compte puisque c’est elles qui en assureront l’entretien. Cela évite les grands délires d’architectes qui peuvent être ruineux à entretenir et ça les incite à investir dans des énergies renouvelabls” , affirme Jean- Louis Boutry, de l’A.R.H.

L ES T ILLEROYES

Début des travaux en juin

À l’étroit, le centre de soins des Tilleroyes doit lui aussi être entièrement reconstruit. Le nouveau bâtiment comprendra trente places supplémentaires, faisant passer sa capacité d’accueil de 120 à 150 patients. Les travaux débutent en juin 2006. Le nouveau centre de soins des Tilleroyes devrait ouvrir en 2008

“L es bâtiments répon- daient à une concep- tion des années soixante-dix, où tout était fait pour soigner le patient dans sa chambre. Mais la popu- lation a changé, nos besoins aussi. Maintenant, on essaye au contraire de réadapter les

Une fois le nouveau centre de soins achevé, le bâtiment Ambroise Paré, où sont héber- gés actuellement les patients, devrait être libéré et rendu au C.H.U., propriétaire de l’im- meuble. De l’autre côté du grand parc, les bâtiments de l’administration - qui appar- tiennent au centre de soins - devraient eux aussi être aban- donnés. Ils devraient certai- nement être vendus. S.D.

Besançon et sera chargée de l’entretien des lieux. Chiffré à près de 20 millions d’euros, le bâtiment devrait répondre aux normes de haute qualité envi- ronnementale, avec “des pan- neaux solaires, une récupéra- tion des eaux de pluies et un “puits canadien”, un système de climatisation sans coût qui utilise la température du sous- sol” , énumère Bernard Blet- ton, le directeur général de la S.E.D.D.

truction des vieux immeubles sont programmés pour débu- ter dès ce mois-ci, en juin 2006. Le futur établissement doit accueillir trente lits supplé- mentaires pour des malades “qui ont des pathologies pré- cises qui ne nécessitent pas de rester à l’hôpital mais qui ne

peuvent rentrer chez eux au bout de deux mois.” Ce qui fait pas- ser sa capacité d’accueil de 120 à 150 patients.

patients pour pouvoir revenir chez eux. Les locaux deve- naient beaucoup trop exigus” , reconnaît Jean

“On ne l’aurait pas fait, on l’aurait regretté.”

Une augmentation de capaci- té décidée au dernier moment par l’agence régionale de l’hos- pitalisation (A.R.H.) et qui devrait permettre de désen- gorger les autres établisse- ments de la région. “On ne l’au- rait pas fait, on l’aurait regretté. On a anticipé un vrai besoin” , affirme Jean Louis Boutry, chargé de mission pour les opé- rations immobilières à l’A.R.H. C’est la S.E.D.D., la société d’équipement départementa- le du Doubs, qui a pris la tête du groupement privé chargé de construire et d’exploiter le bâtiment, en partenariat avec le groupe financier Dexia et Elyo, une société qui gère entre autres le chauffage urbain de

Camus, le directeur du centre de soins des Tilleroyes, un éta- blissement qui accueille des malades souvent âgés qui ne peuvent retourner à domicile. Sur la table devant lui, il a déplié le plan du futur centre de soins, qui devrait ouvrir ses portes à partir du printemps 2008. Salles de soins et de kiné- sithérapie plus spacieuses, chambres individuelles géné- ralisées, “alors qu’actuellement 80 % sont des chambres doubles” : le bâtiment en for- me de H, doit s’étendre sur près de 9 000 m 2 , à l’emplacement actuel des anciens locaux inoc- cupés du sanatorium, qui eux seront entièrement rasés. Les premiers travaux de décons-

Étendu sur 9 000 m 2 en lieu et place des anciens sanatoriums qui doivent être rasés, le nouveau centre de soins des Tilleroyes doit ouvrir en 2008.

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