La Presse Bisontine 65 - Avril 2006

L’ÉCONOMI E

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L’ entreprise Imasonic quit- tera Besançon faute d’avoir pu s’entendre avec la ville sur le prix du ter- rain dans la zone de Temis. Elle s’installera avec ses 65 salariés à quelques kilomètres de là, à Voray-sur-l’Ognon, en Haute- Saône, dans un an. Présidé par YvesKrattinger, leDépartement limitrophe à la communauté d’agglomération du Grand Besançonmet tout enœuvre en cemoment pour développer des Fonds qui connaissent actuel- lement un véritable essor éco- nomique confirment que les investisseurs cherchent d’abord dans leur choix d’emplacement à se rapprocher d’un pôle de compétence (voir ci-dessous). Actuellement, deux nouvelles sociétés seraient sur le point de signer l’achat d’un terrain à Temis. Besançon perd Imaso- nic, et la Communauté d’Ag- glomération une taxe profes- sionnelle. Unmoindremal dans un contexte de délocalisation. Aumoins à Voray-sur-l’Ognon, Imasonic reste sur le bassin d’emploi. T.C. La ville serait allée au bout des négociations I NDUSTRIE Départ d’Imasonic “En matière d’image et de recherche, ça n’a pas de prix.” Le départ de l’entreprise de microtechniques Imasonic de Besan- çon s’est accompagné de tous les commentaires sur la capaci- té de la municipalité à préserver son tissu économique. La Chaux-de-Fonds, “petite” cité industrielle de caractère G RAND ANGLE 4,5 % de chômage zones d’activités économiques sur son territoire. Il accompagne les entreprises, propose des prix de terrains attractifs et la taxe professionnelle est avantageu- se, aux alentours de 7%, contre 14 % à la C.A.G.B. La perspec- tive de la gare T.G.V. d’Auxon renforce encore l’attractivité de la Haute-Saône. Le départ d’Imasonic a secoué lemicrocosme économique bison- tin. La question est sur toutes les lèvres. Comment se fait-il que la municipalité ne soit pas parvenue dans cette histoire à faire toutes les concessions pour suivre cette société dans ses projets de développement ? La municipalité s’en défend. “Il y a eu de très longues discussions et des négociations sur le prix des terrains” affirme un proche collaborateur du maire. Il y a un seuil incompressible en des- sous duquel la collectivité n’était pas prête à descendre. De 33 euros le m 2 , “nous sommes des- cendus à 28 euros.” Impossible de faire mieux et donc de s’ali- gner sur les 7,60 euros propo- sés à Voray-sur-l’Ognon. Le danger est que ce scénario se répète. 30 millions d’euros ont été investis dans l’aménagement de la zone de Temis qui s’étire sur 40 hec- tares, dont 25 sont déjà urbanisés. Le site compte actuel- lement une vingtai- ne d’entreprises. Compte tenu dumontant de l’investissement pharaonique de départ dans ce projet, Besançon n’a pas d’autre choix que celui de commercia- liser le terrain à ce niveau de prix. Mais Temis, c’est aussi des services. “Ce sont des salles blanches, il y a la rocade, demain il y aura le trolley- bus. Pour une socié- té, s’installer à Temis, en matière d’image et de recherche, ça n’a pas de prix.” De toute évidence, lamunicipalité espè- re dépasser le han- dicap du prix du mètre carré enmettant en avant des services et des compétences pour convaincre lemonde indus- triel de construire ici. Des villes de Suisse comme La Chaux-de-

Des entreprises qui investissent, des offres d’emploi en nombre, la cité helvétique proche de la frontière est en pleine croissan- ce. Le fonctionnement est bien différent de la France.

L a Chaux-de-Fonds a enco- re cette image de ville sinis- trée depuis que l’horloge- rie s’est effondrée. Pourtant, c’était il y a trente ans, mais l’étiquette lui colle à la peau. Or les choses ont chan- gé. La cité helvétique dont le cœur battait au rythme de cet- te mono industrie a su trouver des ressources pour générer une nouvelledynamique économique. La bouée de sauvetage est le marché du luxe. “De manière générale en Suisse, on fabrique moins de pièces, mais elles ont une plus grande valeur ajoutée” explique Caroline Choulat, res- ponsable du service économique de la ville. Aujourd’hui, La Chaux-de- Fonds, c’est 37 000 habitants, 2 200 établissements écono-

té en date à s’être installée sur LaChaux-de-Fonds en 2005 est Strycker (technico-médical). Elle a créé dans ses locaux aux portes de la ville 50 emplois, mais cet effectif “devrait passer à terme à 150” selon le service écono- mique. De ce côté-ci de la frontière, la croissance est au rendez-vous. Elle se traduit par un appel constant de main-d’œuvre. Chaque semaine, dans son édi- tion du samedi, L’Impartial, le quotidien local, annonce en une le nombre d’offres d’emplois dis- ponibles. Ces derniers mois il oscille entre 100 et 200 propo- sitions de postes par semaine. “2005 est un tournant au niveau de l’emploi et de l’activité. C’est surtout l’horlogerie et le techni- co-médical qui recrute. Ces sec-

miques qui emploient au total près de 21 000 personnes. Le taux de chômage est de 4,5 % (il était de 1 % en 1990). “Le développement est constant.Nous avons observé une suspension des investissements ces deux der- nières années. Mais les entre- preneurs nous sollicitent à nou- veau pour du terrain et des locaux. La confiance revient. Il semble que les carnets de com- mande soient bien remplis” ajou- te-t-elle. Dans cette commune, 45 % des entreprises sont àvocation indus- trielle. La plus importante est Cartier. L’enseigne horlogère qui compte un peumoins de 800 salariés est le plus grand employeur de la ville et joue sur ce point au coude à coude avec l’hôpital local. La dernière socié-

Sur la bande frontalière, les horlogers complets sontrares, alors que ce secteur est en pleine embauche.

enmoyenne avant d’engager les travaux à partir dumoment où elle a déposé son dossier. La Chaux-de-Fonds conforte aus- si son attractivité grâce à un tissu de compétence qui s’étof- fe. Un atout plébiscité par les investisseurs. Mais ce tableau rose a priori a son revers de médaille. La plu- part des collectivités helvétiques souffrent actuellement de diffi- cultés financières, liées notam-

teurs ont dumal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée voire extrêmement qualifiée” confir- me la rédaction de l’Impartial. Pour en arriver là, la Suissemet en place une politique écono- mique favorable à l’implanta- tion des entreprises. L’intérêt est d’abord fiscal. En Suisse, la taxe professionnelle n’existe pas, en revanche les sociétés sont taxées sur le bénéfice net et le capital. Mais le système prévoit

ment à la faible impo- sitiondes entreprises. Par exemple, les recettes de l’impôt sur les bénéfices et le capital s’élèvent à 7 millions de francs suisses pour la ville de La Chaux-de-

des exonérations pen- dant cinq ans en moyenne, en fonction de l’activité, du nombre d’emplois et du développement. Selon nos sources, 50 % des bénéfices peuvent échapper à

“Du mal à trouver de la main-d’œuvre qualifiée.”

Fonds. Alors que le résultat de l’impôt sur la personne rapporte à la commune 90 millions de francs. C’est un choix politique. LaSuis- se fait le pari de l’emploi en favo- risant l’entreprise. Dans ce sché- ma, la collectivité passe au second plan.

la fiscalité. “Nous proposons un tarif préférentiel par rapport au prix du terrain, qui est de l’ordre de 80 francs suisses lemètre car- ré (48 euros)” poursuit Caroli- ne Choulat. La rapidité de trai- tement des dossiers est aussi un atout. Une entreprise doit compter un délai de trois mois

Entre le dépôt du dossier et le début des travaux, une entreprise doit compter trois mois pour s’implanter.

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