La Presse Bisontine 65 - Avril 2006

DOSSIER LE DOSSIER

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R ECHERCHE De la technologie au social L’innovation dans tous ses états ! Les entreprises innovantes existent bel et bien à Besançon. Mais les savoir- faire ne s’expriment pas seulement dans les microtechniques, loin de là. Qui incarne aujourd’hui le génie bisontin ? “Besançon l’innovation.” La ville a longtemps utilisé ce slo- gan dans sa communication. Elle s’est détachée aujour- d’hui de ce terme, tout en préservant son caractère qui s’illustre dans des domaines très variés comme les micro- techniques ou le bio-médical. Des secteurs dans lesquels la recherche locale est à la pointe du progrès. Les esprits les plus pessimistes diront que ces laboratoires sont per- formants certes, mais qu’ils ne sont pas créateurs d’em- plois en nombre, comme dans le Nord Franche-Comté qui a gardé cette image industrielle. D’autres, au contraire, depuis la fin de l’ère horlogère qui a rythmé la vie bison- tine, voient dans ces pôles de recherche un vecteur de développement et une ressource pour la capitale régio- nale. À travers ce dossier, La Presse Bisontine est allée à la rencontre de ces chercheurs et de ces créateurs bison- tins qui innovent et qui font avancer Besançon. Photo Denis Maraux

I nnover ? Le contexte social actuel qui dérape sur fond de manifs anti- C.P.E. nous ferait presque oublier qu’il est encore possible d’aller de l’avant. Il suffit de gratter un peu pour constater qu’en dehors de l’agi- tation de la rue, certains grouillent de bonnes idées. Sans tomber dans un optimisme can- dide, ceux qui osent encore entreprendre dans quelque domaine que ce soit, sont la preuve que finalement tout ne va pas si mal. Le génie bison- tin existe, et il a sonmot à dire. Il s’exprime notamment à tra- vers Témis et lamicrotechnique (20 entreprises), dans les labo- ratoires de l’Université, ou enco- re dans le biomédical. Des domaines très pointus, dans lesquels les cerveaux régionaux s’affichent en référence à l’échel- le nationale voire au-delà de nos frontières. Il est probable que l’expression de ces savoir- faire innovants s’intensifie enco- re dans le cadre du pôle de com- pétitivité. “Je pense qu’il ne faut pas rédui- re l’innovation à la technolo- gie. Une entreprise sur deux aujourd’hui intègre de l’inno- vation dans son développement” rappelle à juste titre André Aurière, directeur de la Bou- tique de Gestion qui en 2005 a accueilli 1 300 personnes por- teuses d’un projet (soit envi- ron 200 entreprises poten- tielles). “Un projet innovant intègre, dans son produit, dans son service, une nouveauté qui lui donne un avantage concur- rentiel” estime-t-il.

le risque de se faire piquer son idée. “Si elle est reprise par quel- qu’un d’autre, cela veut dire au moins qu’elle était bonne” rela- tivise FranckMigeon. C’est une des règles du jeu de l’innova- tion dont la conséquence est qu’elle contraint des entreprises à garder au fond des tiroirs des tas de projets qui ne verront probablement jamais le jour. Mais bien d’autres sont suivis de réalisations concrètes. L’illus- tration dans ces cinq pages. T.C.

F.M. Développement de Besan- çon qui a mis au point des sys- tèmes antivol pour les skis, en a fait l’expérience. Il n’a pas protégé son innovation, préfé- rant concentrer son investis- sement “sur la communication et le développement du produit.” En fonction des critères, il faut compter environ 15 000 euros d’après l’I.N.P.I. pour protéger une idée. Quand une entrepri- se débute, si elle doit débour- ser cette coquette somme, il est compréhensible qu’elle prenne C ONCOURS L ÉPINE

déjà tourner au fiasco si elles n’ont pas un certain nombre de garanties. Une idée, ça se protège, surtout si elle est bon- ne. Là encore, les “trouveurs” indépendants se heurtent souvent à une barrière financière lors- qu’ils frappent à la porte de l’I.N.P.I. (institut national de la propriété indus- trielle). Franck Migeon, de la société

re, les lieux de sortie, chez tous ceux qui finalement ont cette envie de faire des choses dif- férentes à partir, c’est aussi vrai parfois, d’un concept exis- tant.

À partir de là, le champ de l’in- novation s’élargit et fait appel à des compétences différentes. Son visage prend une forme sociale avec des sociétés telles que “Âges et Vie” qui travaille sur un nouveau concept d’ha- bitat pour personnnes âgées. C’est aussi par exemple la recherche d’un principe diffé- rent pour commercialiser des voitures d’occasion. L’innova- tion s’exprime dans des domaines comme dans le bien- être de la personne, la cultu-

“Ne pas réduire l’innovation à la technologie.”

Le plus difficile est de matéria- liser l’idée et de passer l’épreuve des banques qui ne sont pas tou-

jours prêtes à apporter leur soutien financier à une aven- ture économique qu’elles voient

La Franche-Comté est peu représentée L es “Géo Trouvetou” seraient-ils moins nom- breux en Franche-Com- tion - et de Joseph Vetter du Pays de Montbéliard, le père du guide multifonctions pour perceuse. Le système de niveau qu’il a mis au point permet de percer droit.

té que dans les autres régions françaises ? Si l’on s’attarde sur les statistiques du concours Lépine, la réponse est claire- ment oui… ou alors ils préfè- rent rester discrets. Sur les dix dernières années, “nous avons seulement reçu trois dos- siers de Franche-Comté” obser- vent les services du concours Lépine. Remarquez, les trois ont été primés. Il s’agit de l’hor- loger bisontin Philippe Lebru qui a repensé l’horloge com- toise, du JurassienYvan Jager inventeur du mètre à enrou- leur avec crayon - il est passé en phase de commercialisa-

L’organisation du concours Lépine s’étonne de cette situa- tion. “À l’inverse, la région P.A.C.A. ou l’Alsace déposent entre trente et quarante dos- siers chaque année. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons créé un concours spécifique à Strasbourg. Nous sommes les premiers surpris de la position de la Franche- Comté.” Chaque année, le concours Lépine à Paris pré- sente 500 inventions sur 1 500 dossiers de candidature.

Photo Denis Maraux

Il faut compter 15 000 eurros pour protéger une idée.

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