La Presse Bisontine 64 - Mars 2006

SPÉC IAL HABITAT

21 L’émergence des nouvelles énergies

Utiliser l’énergie du vent, de l’eau, du bois ou du soleil pour se chauffer et s’éclairer. Évident ? Pas tant que cela. Malgré des équi- pements performants et fiables aujourd’hui, les nouvelles énergies ont encore du mal à intégrer la réflexion autour des projets d’ha- bitat. En tout cas, elles ne sont pas prêtes encore à détrôner le fioul ou le gaz. Pour- tant, ces nouvelles énergies qui se déclinent suivant différents concepts (chauffe-eau solaire, géothermie, chaudière granulé bois) présentent un intérêt à double titre. Finan- cier tout d’abord, pour les ménages qui amortissent l’installation sur une dizaine d’années avant de profiter gratuitement de l’énergie générée par les rayons du soleil par exemple. L’intérêt est aussi environne- mental, car elles sont synonymes de réduc- tion de la quantité de CO2 rejeté dans l’at- mosphère. Les avantages sont incontestables. Il n’empêche qu’en Franche-Comté, com- me dans les autres régions de France, les énergies renouvelables ont du mal à faire leur place. Problème de culture, manque d’engagement politique, il faudra du temps pour assister à une multiplication de ces équipements sur ce territoire, même si on observe aujourd’hui un certain engouement.

C ONSTAT

1 278 installations solaires thermiques La Franche-Comté se dore au solaire

Le chauffe-eau solaire reste l’installation la plus fré- quemment désignée par les Franc-Comtois qui pren- nent doucement le pli des nouvelles énergies.

C’ est bien, mais peut mieux faire ! Avec ses 1 278 installations solaires thermiques qui ont été aidées, la Franche- Comté prend doucement le pli des énergies renouvelables. Ce chiffre la situe dans la moyen- ne des régions françaises qui se tournent vers ce type d’équi- pement, “derrière l’Alsace, mais devant l’Auvergne” selon l’agen- ce de développement et de la maîtrise de l’énergie (A.D.E.M.E.). Depuis 1984, date de la première pose d’un système solaire combiné à Velotte qui produit à la fois eau chaude et chauffage de la maison, les particuliers com- me les collectivités sont de plus en plus réceptifs aux énergies renouvelables qui se déclinent en cinq catégories : solaire, hydraulique, éolien, biomas- se et géothermique. La Franche-Comté est sensible

espérant réduire ainsi leur fac- ture d’électricité. Ce système est d’ailleurs le plus répandu. Mais avant de sauter le pas, il semble que la plupart d’entre nous s’inquiètent du temps d’ensoleillement de notre

au solaire, au bois et la géo- thermie. “L’éolien n’est pas développé dans la région. Il y a de beaux projets, certes, mais le potentiel éolien reste faible” constate Simon-Pierre Mosse de l’A.D.E.M.E. En revanche,

région. Avec 1 850 heures par an, ce n’est pas autant que dans le Sud, où l’on en compte 2 200, mais c’est de toute façon suf-

pour le bois énergie, elle s’affiche parmi les régions les plus en avance, ce qui n’a rien d’étonnant puisque 43% de son territoire sont cou- verts de forêt.

Pour la Région et le Départe- ment, elles se présentent sous forme d’aide à la main d’œuvre (entre 800 et 1 200 euros). Si ces “primes” étaient encore renforcées, “cela réduirait le coût de l’investissement pour les particuliers. Au final, par la multiplication des instal- lations, on aboutirait à une baisse des prix des équipe- ments” explique l’A.D.E.M.E. Malgré tout, la courbe du nombre d’équipements solaires thermiques en Franche-Com- té évolue de façon importan- te, puisque 800 nouvelles ins- tallations devraient être aidées en 2006. ■

quand ceux qui faisaient ce choix environnemental pas- saient aux yeux de leurs conci- toyens pour de joyeux utopistes ou de doux écolos. “Il a fallu du temps pour que cette filiè- re gagne sa crédibilité” recon- naît Simon-Pierre Mosse. Tout pourrait aller plus vite si une véritable politique volon- tariste d’information et de sou- tien financier de l’État, des Régions et des Départements était assurée pour encourager l’initiative. Aujourd’hui, cha- cune de ces collectivités pro- pose des aides. Elles sont sous forme de crédit d’impôt de la part de l’État (de 15% à 50%).

miques. Par rapport à ces pays, la France où émerge malgré tout la bonne volonté, a enco- re un train de retard sans dou- te aussi parce que la filière nucléaire a mobilisé les cré- dits pendant longtemps. L’es- sor des nouvelles énergies sur notre territoire, Franche-Com- té y compris, est donc lié à un problème politique et cultu- rel. Mais une fois de plus, ne soyons pas trop pessimistes. Les men- talités évoluent dans le bon sens. Ceux qui croient aux nou- velles énergies ne sont plus montrés du doigt ! Ce n’est plus comme il y a vingt ans,

“On aboutirait à une baisse des prix.”

fisant pour faire fonctionner le chauffe-eau sans débourser un centime pendant la moitié de l’année. À l’heure où l’on parle de déve- loppement durable et d’éner- gie renouvelable, il est légiti- me d’espérer que nous soyons capables de passer outre l’ar- gument météo pour miser mal- gré tout sur le solaire. La preu- ve, l’Allemagne, l’Autriche ou le Danemark sont plus dyna-

Désormais, les particuliers qui se lancent dans un projet de construction ou de rénovation s’interrogent sur l’opportuni- té ou non d’investir dans une chaudière à granulé bois par exemple, plutôt que de privi- légier un chauffage au fioul. Sans aller jusque-là, ils réflé- chissent au minimum à poser des panneaux solaires qui ali- menteront leur chauffe-eau en

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