La Presse Bisontine 62 - Janvier 2006

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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Sans papiers : une association s’inquiète

Mémoire Kelly a toujours peur. Pour la premiè- re fois, elle accepte de raconter. Au moment des faits, prostrée par ce qui venait de lui arriver, blessée physique- ment, tout autant moralement, elle a suivi, subi, la tempête médiatique qui a projeté Saint-Vit, bien contre son gré, à la une de lʼactualité nationale. Chaque journal - ou presque - y est alors allé de ses supputations, ses insinuations ou ses inventions. La douleur de Kelly était plus vive encore lorsquʼelle a décou- vert le flot dʼinformations souvent infon- dées qui se sont épandues dans les journaux. Après ce déchaînement, la meute journalistique sʼen est allée. Aus- si vite quʼelle avait accouru à Saint-Vit. Puis plus rien. Kelly, seule avec ses balafres au corps et ses bleus à lʼâme, a compris alors la cruauté dʼun systè- me. Près de quatre ans après les faits, aucun de ces organes de presse qui lʼavaient alors harcelé, nʼa pris soin de se poser à son chevet. Le devoir de mémoire existe peu dans la presse. Dans cette interview exclusive, La Pres- se Bisontine a tenté de comprendre lʼincompréhensible, demettre des mots sur ces maux dʼadolescente devenue femme. Kelly est toujours blessée. La peur a fait place à la douleur, le doute à lʼeffroi du moment. Elle tente aujour- dʼhui de donner un nouveau sens à cet- te jeunesse massacrée par lʼinconscience. Pour cela, elle nʼa trou- vé quʼune solution : fuir, quitter cette région marquée à jamais pour elle du sceau indélébile de la frayeur. De lʼincompréhension aussi. Plus de trois ans après les faits, certains sʼétonnent encore que la jeune fille ait gardé des séquelles. Pourtant cʼest long trois ans, se disent “les gens”, le temps est cen- sé faire sonœuvre, cicatriser les plaies ! Le déménagement dans une autre région de France permettra sans doute à Kel- ly dʼéviter de devoir apporter des justi- fications permanentes à son mal de vivre. Lʼexil est pour elle une sorte de soin palliatif. Il ne sera sans doute jamais synonyme de guérison. Mais la leçon de Kelly est là : elle affirme désormais vouloir “avancer dans la vie en étant plus forte.” Elle veut montrer à ses agres- seurs que coûte que coûte, elle avan- cera. Lʼespérance dʼune nouvelle aube pour Kelly. Lemeilleur message dʼespoir quʼelle puisse donner en ces temps à tous ceux qui ont sans doute, comme elle, toutes les raisons de baisser les bras mais qui décident de se relever. n Jean-François Hauser Éditorial

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numé- ros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

“P endant l’année scolaire, nous ne craignons plus d’expulsion de familles entières, le ministre de l’Intérieur a réaffirmé que rien ne serait fait pen- dant cette période. Tout se jouera en juillet. Mais nous avons d’autres soucis. De plus en plus de personnes que nous rencontrons sont dans des situations très difficiles” , alerte Jean- Jacques Boy, le secrétaire général du collectif de défense des droits et liber- tés des sans-papiers. Cet été, ce col- lectif s’était mobilisé chaque mardi pendant toutes les vacances sco- laires pour éviter l’expulsion de huit familles en fin de droit, dont une ving- taine d’enfants. Aucune n’avait été expulsée, mais une famille d’origine kurde était retournée en Turquie, dans le cadre d’une procédure négociée avec la préfecture, fin août. L’association continue à se dire inquiè-

te. Début novembre, dix familles, pré- sentent légalement sur le sol français mais dont la procédure de demande d’asile a échoué sont passées devant le tribunal administratif pour occu- pation illégale de leur logement, nor- malement réservé aux demandeurs d’asile. Huit ont été condamnés à quitter leur appartement. Une expul- sion suspendue à cause de l’hiver. Car même si le Doubs est mieux loti que d’autres départements, moins de 40 % des familles en demande d’asile sont accueillies dans un des hébergements d’urgence de Besan- çon, faute de place disponible. “Cela ne fait que reporter le problème. Les difficultés que l’on rencontre tiennent au fait qu’on se trouve entre deux dis- positifs, au tournant de deux poli- tiques, avec une restriction des condi- tions d’obtention du droit à l’asile” , reprend Jean-Jacques Boy. Il y a deux

semaines, l’association s’est vue refu- ser son agrément par la préfecture, un nouveau dispositif qui lui interdit d’offrir une domiciliation postale aux réfugiés. “Un dispositif indispensable par exemple pour avoir accès à l’aide d’urgence ou pouvoir se présenter aux Restos du cœur. Obtenir cet agré- ment, ce sera une de nos premières préoccupations de l’année.” n

Les bonnes actions de Semons l’Espoir

U n superbe ouvrage réa- lisé par Gérald Planche- nault et Hélène Voisin a mis à contribution des photographes de renom, un aca- démicien et des enfants malades. Le projet a été initié par l’association “Semons l’espoir”. Été 1994, en reportage pour le Figaro Magazine, le photographe Gérald Planchenault accompagne une cordée d’adolescents partis à la conquête d’un sommet alpin, le Grand Paradis. Une expédition organisée par l’association Semons l’Espoir qui se mobilise pour offrir aux enfants leucémiques la pos- sibilité d’apprécier les splendeurs de la haute montagne. Une ren- contre symbolique. Un instant

unique qui marquera à tout jamais le reporter. “Toute l’histoire de ce livre a débuté là-haut à plus de 4 000mètres avec Émilie et les autres adolescents” , rappelle Pierre Dor- nier à l’origine de l’association. En 1997, Émilie n’est plus là mais son souvenir trotte encore dans l’esprit de Gérald Planchenault. “Ma rencontre avec Érik Orsen- na, écrivain académicien, et avec Hélène Voisin, directrice du centre scolaire de l’hôpital Trousseau et responsable de Hope allait condui- re à la création de l’atelier : Si on rêvait.” Le photographe sollicite alors le concours de quelques autres amis brillants chasseurs d’images. Ils acceptent alors de donner leurs plus belles images

lesquelles sont présentées à des enfants hospitalisés. De ces échanges est né le projet de réunir sur papier glacé ces clichés et ces impressions recueillies par l’écrivain. Le résultat de cette entreprise collective étonne par la beauté des photographies et la poésie des commentaires les accompagnant. Aux éditions Belin (29 euros). Par ailleurs, Semons l’Espoir vient de sortir sa nouvelle col- lection de cartes de vœux dans le cadre de l’opération “Parta- geons notre pain”. Les boulan- gers francs-comtois se mobili- sent. Un geste de solidarité bienvenu en cette époque. n

Assurance maladie : les Bisontins à la traîne dans le choix de médecin traitant

À la traîne, les Bisontins. Début décembre, ils n’étaient que 69,8 % à avoir choisi leur médecin traitant, dans le cadre du parcours de soin mis en place par le gouvernement depuis le 1 er juillet 2005. Bien moins que la moyenne de la Franche-Comté, où 74,7 % des assu- rés ont déjà fait la même démarche. Besan- çon est également loin derrière au niveau national, avec près de deux points de moins par rapport à la moyenne française qui atteint 71,5 %. Raison de ce retard ? “Peut-être que les Bisontins sont moins malades que les autres” , s’amuse-t-on à la caisse primaire d’assurance maladie. Plus sérieusement, les citadins auraient peut-être d’autres habi- tudes de soins, qui seraient moins axés autour du médecin de famille et n’hésiteraient pas à consulter directement des spécialistes.

D’autres agglomérations, comme Paris (51,4 %) ou Marseille (64 %) connaissent d’ailleurs les mêmes difficultés. Pour les retardataires, qui n’ont toujours pas choisi leur médecin traitant, mieux vaut se dépêcher. À partir du 1 er janvier 2006, tous les patients ne l’ayant pas déclaré se verront pénali- ser d’une diminution de 10 % de leur taux de rem- boursement. En clair, lorsque l’assuré consultera un médecin généraliste hors du parcours de soin, c’est-à-dire sans passer auparavant par son méde- cin traitant, il ne sera remboursé par l’assurance maladie que de 12 euros. Contre 14 euros dans le cadre du parcours de soin. Dans le cas d’un spé- cialiste, de secteur 1, le remboursement sera de 12 euros contre 15 en parcours de soin. “Mieux vaut donc se rendre chez son médecin traitant pour faire sa déclaration. Mais tant qu’on n’est pas mala- de, inutile d’y aller exprès. Il suffit d’attendre la pro- chaine consultation” , reprend l’assurance maladie. n

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