La Presse Bisontine 62 - Janvier 2006

LE DOSSIER

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P RÉS - DE -V AUX Plus de vingt ans de discussions Rhodia : un dossier qui avance à l’allure escargot Problèmes de sécurité, aspect architectural déplorable, l’immense friche des Prés-de-Vaux est devenue la priorité de Besançon. Si la mairie a commencé à acquérir les terrains de part et d’autre des bâtiments principaux, elle bute sur la question de la “cathé- drale”. Depuis peu, la ville est devenue copropiétaire du lieu.

R OUTE DE B EURE Zone inondable Statut quo pour Casamène Considéré comme moins stratégique et moins symbolique que l’ancienne Rhodia, le site de Casamène, de l’autre côté de la Boucle, est pour l’instant délaissé par les pouvoirs publics. Et les risques d’inondation hypothèquent tout projet de reconversion.

L es bâtiments de la friche Casamène, sur la rive du Doubs entre Besan- çon et Beure, risquent de res- ter encore en l’état un bon moment. Car le site n’est pas une priorité pour les pouvoirs publics,qui préfèrent se concen- trer sur la Rhodia et les Prés- de-Vaux. “Ce sont des opéra- tions qui coûtent extrêmement cher. Il faut donc bien respec- ter des priorités pour les réa- liser” , se justifie-t-on à la vil- le de Besançon. “Ça ne se prête pas à de l’activité économique car le lieu est mal desservi, et

Ces dernières années, Besan- çon s’est porté acquéreur de quelques terrains et décons- truit des bâtiments. Mais la

question logement,celamanque d’ensoleillement” , poursuit l’élu en charge de l’urbanisme. Surtout, le futur plan de pré-

majorité des par- celles appartien- nent encore à des propriétaires pri- vés. “Cela ne veut pas dire qu’on laissera faire

ventiondes risques d’inondation risque d’hypothéquer sérieusement tout projet de recon- versiondu site.Car plus encore qu’aux

“Ça ne se prête pas à de l’activité économique.”

C’ est une histoire qui s’éternise depuis plus de vingt ans. Une sorte de ser- pent de mer qui ressurgit régulièrement. La résorption des friches des Prés-de-Vaux et de l’ancien port fluvial, de l’autre côté du Doubs, est encore loin d’être achevé. “Ce qui est sûr, c’est qu’elle doit faire l’objet d’un aménage- ment d’ensemble, avec une approche globale” , martèle Michel Loyat, l’adjoint au maire en charge de l’urbanisme. Comme pour les autres sites du bord du Doubs, l’avenir du site est pour le moment suspendu aux conclu- sions du prochain plan de pré- vention des risques d’inondation (P.P.R.I.), en cours d’élaboration depuis près de deux ans. En décembre 2000, une étu- de concernant l’urbanisme de l’ensemble des Prés-de-Vaux avait été menée. Elle prévoyait l’implantation d’un pôle spor- tif, tourné vers la nature au Sud et la construction de loge- ments. “Mais le P.P.R.I. nous a obligés à revoir notre copie” , reconnaît-on à la municipa- lité. “On continue à acquérir des terrains mais on ne peut rien relancer tant qu’on ne connaît pas les risques d’inondation. On n’a pas assez d’éléments sur l’avenir pour avoir une politique forte.” Depuis plusieurs années, Besançon s’est lancé dans la reconquête des Prés-de-Vaux, en acquérant régulièrement des terrains. En 1999, les bâti- ments de Bolloré Énergie dans la pointe Nord des Prés-de-

Vaux, ont été rachetés grâce à des financements dans le cadre d’une charte d’aménagement du Grand Besançon. Puis suivent d’autres acquisitions en 2001 et 2003, dont les usines Supé- rior, grâce aux fonds du pro- gramme A.T.S.R. (avenir du territoire Saône-Rhin). “Dès que c’est possible, la ville acquiert et déconstruit. De l’extrême pointe des Prés-de-

du site avaient pourtant pro- posé à la ville de reprendre le site pour un franc. La muni- cipalité avait alors refusé. C’est une erreur monumen- tale, ils n’auraient pas eu ensuite à attendre plus de 20 ans pour essayer d’en deve- nir propriétaire” , croit savoir Jean Rosselot, le leader de l’opposition municipale à Besançon, qui accuse la muni- cipalité de “se servir des dif-

Prés-de-Vaux, le lieu se situe en zone inondable. “En dehors de quelques endroits un peu surélevés, le reste est presque inconstructible” , juge-t-on au service urbanisme de la ville.

n’importe quoi. Le lieu est visible de la Citadelle” reprend Michel Loyat, qui envisage un aménagement paysager et naturel du site.

ficultés comme paravent. Il y a des outils adminis- tratifs qui peuvent lui permettre de s’approprier le site, en expropriant le propriétaire.” Pas si simple, rétorque la mai- rie. En novembre dernier, dernier rebondissement,

Vaux à la disco- thèque le K.G.B., tout appartient désor- mais à la ville. Ce qui nous manque, c’est le noyau dur qui ne nous appartient pas” , souligne Michel Loyat. Reste en effet le point noir des deux usines imposantes de Rhône-Poulenc,

La ville a déjà englouti 200 000 euros pour la mise en sécurité du site.

un repreneur privé possible s’est présenté pour la Rho- dia. Le cabinet d’architecte grenoblois Assets architec- ture projetterait d’y instal- ler des logements et des ser- vices. L’annonce laisse la mairie “sceptique.” “Car tant que les risques d’inondations ne sont pas connus, les pro- jets peuvent très bien s’avérer infaisables” , murmure un connaisseur du dossier. De son côté, la mairie vient d’acquérir cet été un local imbriqué dans l’usine de la Rhodia. Ce qui lui a permis de devenir co-propriétaire. Et lui offre de nouveaux moyens d’action. La ville devrait demander la constitution d’un syndic dans les mois à venir. S.D.

toujours en activité et qui s’occupe de l’archivage des données de la société, et de la Rhodia. Et c’est surtout avec cette dernière, rachetée en 1991 par la société Phy- senti placée en liquidation judiciaire trois ans plus tard, que les négociations sont les plus difficiles. La ville a déjà englouti 200 000 euros pour la mise en sécurité du site. Parce que les travaux de dépollution, de démolition et de désamiantage s’annoncent gigantesques, Besançon récla- me une cession de la friche pour un euro symbolique. Des conditions jugées inaccep- tables par la partie adverse. “Au lendemain de la faillite de l’entreprise, au début des années 80, les propriétaires

Peu ensoleillé, en zone inondable, Casamène n’intéresse pas les pouvoirs publics.

R HODIA Une maison de retraite “Reconstruire un ensemble qui s’apparente à un quartier” À la tête du cabinet Assets architecture, Jacques Tresseras tra- vaille depuis trois mois sur un projet de reconversion de la Rhodia, à la demande de la propriétaire du site.

S.M.A.C.

Ouverture en 2008 Polémique autour de l’implantation de la S.M.A.C.

L a Presse Bisontine : Quel est votre projet pour les Prés-de-Vaux ? Jacques Tresseras : Tel qu’on l’imagine pour le moment, il s’agit de démolir et dépolluer le site pour reconstruire un ensemble qui s’apparente plus à un quartier qu’à un ensemble immobilier. Avec de l’habitat mais aussi des commerces de proximité, organisés autour d’une petite place. On réfléchit aussi à une résidence pour personnes âgées. L’idée, c’est de faire la transition entre l’espace urbain et le Doubs. C’est un projet vraiment motivant pour nous. L.P.B. : Où en est l’avancement du projet ? J.T. : Pour l’instant, ce ne sont que des simu- lations de ce qui pourrait être. Cela fait trois

mois seulement que nous y travaillons, man- daté par la propriétaire du site. Mais c’est évi- dent que tout dépend du P.P.R.I. Il est actuel- lement à l’étude, la balle est dans le camp de la mairie. Mais c’est certain que si la zone est déclarée inconstructible, rien ne se fera. Pour l’instant, on attend pour mener d’autres études. Mais dans le détail, il existe des solutions qui permettent de protéger les logements. Nous menons actuellement un programme à Tou- louse où tous les logements sont surélevés de trois mètres par rapport au niveau du sol. Avec en dessus des parkings, inondables lors des crues. Propos recueillis par S.D.

L’ aménagement des Prés- de-Vaux doit commencer par la construction de la future salle des musiques actuelles et contemporaines (S.M.A.C.). Composée de deux salles de concert, la S.M.A.C. devrait ouvrir en 2008 au plus tard. Mais son emplacement fait débat entre l’opposition et la majorité municipale. “On ne remet pas en cause le projetmais sa localisation. C’est dans un cul-de-sac.Et je regrette qu’il n’y ait pas eu de plan d’ensemble, pour tout le Prés-de-Vaux. On

saire en cas de crue” , répond Michel Loyat. La S.M.A.C. devrait s’intégrer dans un espa- ce culturel, avec de l’autre côté du Doubs,

fait la S.M.A.C. maintenant, et dans dix ans, peut-être qu’on s’apercevra qu’on aura mieux fait de la mettre ailleurs” , tem-

pête Jean Rosselot, conseillermunicipal U.M.P. de Besançon. La droite met aussi en avant les risques d’inondations du site. “La salle sera prati-

l’implantation du fond régional d’arc contemporain (F.R.A.C.) sur l’ancien port fluvial. Ledossier est enpas-

“La salle sera pratiquement sur pilotis.”

se d’être finalisé. Des discus- sions sont également en cours concernant l’installation du conservatoire national de musique au même endroit.

quement sur pilotis. Il est plus facile de construire une S.M.A.C. qu’un autre équipement sur ce type de site à risque. On peut le fermer quelques jours si néces-

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