La Presse Bisontine 61 - Décembre 2005

4 L’ÉVÉNEMENT ’

La vérité sur les logements inoccupés dans le Grand Besançon

Une polémique a commencé à enfler sur Besançon suite au dossier que nous avions consacré en avant- première, dès le mois d’août dernier, au projet de réaménagement du quartier des Vaîtes à Besançon. La ville, qui souhaite urbaniser ce quartier, s’est trou- vée confrontée à l’opposition de nombre d’habitants qui mettaient en opposition la présence de milliers de logements vides sur le Grand Besançon et la nécessi- té avancée par la ville de poursuivre les constructions. Qu’en est-il vraiment ? La Presse Bisontine a voulu recenser le nombre précis de logements vides, vacants ou inoccupés à Besançon et dans sa périphérie. À la lumière des chiffres, il s’avère que le taux d’occupa- tion des logements est légèrement inférieur à la moyen- ne nationale. Cela ne signifie pas pour autant que la situation est inquiétante. Pour que le marché de l’im- mobilier soit sain, il est nécessaire que le parc tourne et, partant, qu’un certain taux de vacance soit main- tenu. Le point précis dans ces deux pages.

L OGEMENTS VIDES 981 dans la Boucle 4 875 logements inoccupés dans le Grand Besançon

Entre les quelques centaines avancées par le maire de Besançon et les plus de 5 000 brandis par des opposants à la construction, voici les véritables chiffres de la vacance dans le Grand Besançon. Le problème, c’est que loge- ment vacant ne veut pas dire logement disponible. Explications.

P rès de 5 000 logements, soit 8,5 % du total, sont actuel- lement inoccupés sur leGrand Besançon. C’est à peine supé- rieur à la moyenne nationale située à 7 %. Est-ce anormal pour autant ? “La vacance est un phénomène normal dans toutes les agglomérations. C’est même un phénomène souhaitable, cela prouve que le marché de la location et de la vente n’est pas bloqué. Il faut une certaine vacance, c’est un signe de flui- dité du parc immobilier” , s’avance ChristianBornot, conseiller technique

moitié des logements vacants ont été construits avant 1948, c’est-à-dire qu’une bonne partie de ces logements ne répond plus aux normes de confort et que leurs propriétaires ne veulent pas ou ne peuvent pas les rénover. “Il y a également le cas des personnes âgées qui se retrouvent seules, qui sont obligées de partir mais qui ne veulent pas louer leur logement pour des raisons sentimentales. On peut aussi compter tous les logements en cours de succession. À cause des indi- visions, ces logements sont parfois bloqués pendant plusieurs années” explique le spécia- liste qui avance une autre explication concernant le centre ancien : “Le centre concentre la plupart des com- merces et beaucoup de com- merçants utilisent des loge- ments en tant que réserves pour leur magasin. Ils sont aussi considérés comme vacants alors qu’ils ne le sont pas en réalité.” Tous les quartiers de Besançon sont touchés par la vacance. Le bas des Chaprais et de Fontaine-Argent avec pas moins de 274 logements, Saint- Ferjeux et la Butte avec près de 200 logements et des artères passantes comme la rue de Dole ou le boulevard. “Le cas typique est celui du logement en rez-de-chaussée. Pour des raisons de sécurité, de pollution ou de bruit, il y a de moins en moins de monde pour

les louer.” La périphérie n’est pas épargnée. Selon les services de la C.A.G.B., “42 % des logements non occupés de l’agglomé- ration hors Besançon sont concentrés dans 7 communes seulement” : Beure avec 68 logements, Saône (38), Fra- nois (26), Pouilley-les-Vignes (25), Mamirolle (24), Thise (22) et Grand- fontaine (20). L’I.N.S.E.E. apporte un autre élément de réponse : plus de la moitié des logements vacants répar- tis en ville ne comptent qu’une ou deux pièces. “Alors que la demande est très forte sur les T5 par exemple.” Au total, 90 % des logements vacants appartiennent au parc immobilier pri- vé. Et rien n’oblige tous ces proprié- taires disposant de logements inoccu- pés de les remettre sur le marché. Il n’existe que des incitations, et celles- ci ont leurs limites (voir ci-contre). Par conséquent, le discours selon lequel il serait inutile de créer de nouveaux logements alors que l’agglomération en compte près de 5 000 inoccupés a certainement ses limites. SelonMichel Mouillart, un des principaux experts français en économie immobilière, et pour les raisons évoquées plus haut, “seulement 1 %des logements vacants peut être remis sur le marché.” Ce qui ferait, pour l’ensemble des 58 com- munes de l’agglomération bisontine, une petite cinquantaine de logements seulement. ■ J.-F.H.

au cabinet dumaire deBesan- çon et spécialiste du logement. Officiellement, et selon les chiffres fournis par E.D.F. qui a comptabilisé tous les loge- ments dans lesquels le comp- teur d’électricité était inactif depuis plus de 6 mois, le ter- ritoire de la communauté d’ag- glomération duGrandBesan-

“Seulement 1 % peut être remis sur le marché.”

çon (C.A.G.B.) totalisait en 2004, 4 875 logements inoccupés. C’est plus qu’au début des années quatre-vingt-dixmais moins qu’en 2002 par exemple où ce chiffre est monté à 5 300. Sur ces milliers de logements, la plu- part sont situés sur la ville de Besan- çon, 4 355 précisément. Avec 981 loge- ments vides, c’est le centre-ville, la Boucle, qui concentre le plus de loge- ments inoccupés, suivi de Battant avec 400 appartements vides. Plu- sieurs explications à cela : plus de la

Voici la carte des logements vacants sur Besançon, quartier par quartier (source E.D.F. 2004).

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