La Presse Bisontine 61 - Décembre 2005

L’ÉCONOMI E

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M ARCHÉ

Une cinquantaine d’enseignes à Besançon

Bricolage : la folie marque le pas Après deux décennies de croissance à deux chiffres de leur chiffre d’affaires, les magasins de bricolage marquent le pas. Sur un marché à la concurren- ce accrue, les enseignes misent désormais sur le discount et la déco.

du jeu, ce sont, comme partout les dis- counters , représentés en premier lieu par l’enseigne Brico-Dépôt, implantée à Cha- lezeule. Des produits vendus souvent sur des palettes, des locaux froids, pas ou peu de conseils aux clients, moins de garan- ties de qualité ou de service après-ven- te, tout cela pour offrir des prix plan- chers… La formule fonctionne et est toujours la même. À Besançon, Brico- Dépôt afficherait ainsi des taux de crois- sance de son chiffre d’affaires de 6 à 8 %,

emplacement du Super U. “Ces dernières années, beaucoup de magasins se sont ouverts. Désormais, tout le monde a une enseigne à proximité, la croissance due aux agrandissements et nouvelles implan- tations a tendance à ralentir. Mais sous l’angle des ventes, le marché continue à bien se porter” , analyse Claire Beauvais, secrétaire générale de la fédération des magasins de bricolage. Juteux, le marché a donc attiré une mul- titude d’acteurs, prêts à se partager le

L e bricolage a encore de beaux jours devant lui. Mais finie l’eu- phorie des années 90, où lesmaga- sins de bricolage affichaient osten- siblement des chiffres de croissance à faire pâlir d’envie les autres secteurs. Après vingt ans de croissance à deux chiffres, le marché rentre dans le rang. “Avant, on pouvait faire plus de + 15% de croissance par an. Maintenant, on oscil- le davantage entre + 2% et + 4%. Et on est vraiment très content quand on réa- lise + 5%” , reconnaît-on chez Lapeyre, à Besançon. Pas de crise donc - le bricolage se porte globalement toujours bien -, mais plutôt un marché qui arrive à saturation. Dans l’agglomération bisontine, ce sont une cinquantaine de magasins qui sont posi- tionnés sur le créneau. Leroy-Merlin, Cas- torama, Point P, Brico-Dépôt, Big Mat, Doras… La liste est longue des grandes surfaces du bricolage, aux petits maga- sins spécialisés. Dans les mois qui viennent, l’enseigne Mr. Bricolage doit également s’installer à Saint-Vit, sur les 2 000 m 2 de l’ancien

selon nos informations. Plus du double de ceux de ses concur- rents traditionnels. Mais tous ne peuvent pas se per- mettre cette guerre des prix. L’al- ternative : jouer la carte du ser- vice et de la qualité. “L’autre

gâteau. Et est du même coup devenu très concur- rentiel. Une stratégie qui a déjà fait des victimes sur- tout chez les plus petites entreprises. L’enseigne Brico-Stoc, à

Une clientèle plus jeune et plus féminine.

Dannemarie-sur-Crète, a mis la clef sous la porte l’année dernière. Dans un domai- ne spécialisé, Xa Cuisines a connu le même sort. “La croissance est peut-être bonne, mais le nombre de concurrents pro- gresse plus vite. Certains disparaîtront certainement. C’est un marché en forte évolution. Mais ce qui est sûr, c’est que ce sera difficile pour les plus petits” , analy- se Français Noirjean, le directeur de Lapeyre Besançon. Dans ce contexte, les grandes enseignes affinent leur positionnement. Et ceux qui sortent peut-être le mieux leur épingle

positionnement qui marche, c’est l’ouver- ture à une clientèle plus large qu’avant, moins bricoleuse et moins spécialiste. Une clientèle plus jeune et plus féminine, qui est davantage attirée par la décoration ou le jardinage” , ajoute Claire Beauvais. Car les femmes deviennent de plus en plus des adeptes du bricolage. Chez Leroy- Merlin, l’enseigne championne sur le sec- teur de la déco, 20 % des acheteurs sont des acheteuses. Et on affiche près de 10 % de nouveaux clients par an. ■ S.D.

Un Leroy-Merlin de 7 500 m 2 en préparation E NSEIGNE Multiplication par deux de la surface de vente Leroy-Merlin, implanté dans la galerie commerçante de Géant Casino, devrait prochainement déménager. Le futur magasin, à deux pas du Leroy-Merlin actuel, doit offrir 7 500 m 2 de surface commerciale.

Les principaux groupes du secteur du bricolage en France - Leroy-Merlin Leader sur le marché, devant Castorama, l’enseigne appar- tient au groupe Auchan. Avec ses 91 grandes surfaces de bri- colage, elle contrôle à elle seu- le 23 % du marché. - Castorama Racheté en 1998 par le groupe anglais Kingfisher - qui détient également le discounter Brico- Dépôt - Castorama est le deuxiè- me acteur du marché en termes de part de marché. - Mr. Bricolage Le numéro quatre français, jus- te derrière Bricomarché, un grou- pement d’indépendants issu d’Intermarché. Le groupe a racheté la chaîne des magasins Catena en 2002. - Lapeyre Propriété du groupe industriel Saint-Gobain, tout comme l’autre enseigne de bricolage Point P, l’enseigne possède 120 maga- sins. Et envisage prochainement de s’étendre pour atteindre les 200 points de vente en France.

Comme ailleurs, le discount cartonne dans le secteur du bricolage. Brico-Dépôt enregistrerait des taux de croissan- ce deux fois supérieurs à ses concurrents traditionnels. C ONJONCTURE Baisse du pouvoir d’achat Un marché en difficulté en 2005 La croissance, constante, sur le marché du bricolage a connu un coup d’arrêt cette année. La raison, la baisse du pouvoir d’achat

“A terme, ce que nous voulons, c’est un véritable Leroy-Mer- lin, digne de l’en- seigne nationale. Avec encore plus de déco, plus de service. Pour le moment, c’est encore un O.B.I. transformé enLeroy-Mer- lin. Pour le moment, on ne peut pas présenter les cuisines, les salles de bains, les placards de façon satisfaisante” , assure Fré- déric Picavet, le directeur du magasindeChâteaufarine. Plus petit que lamoyenne des autres magasins de l’enseigne, étriqué au fond de la galerie commer- çante de Géant Casino, Leroy- MerlinBesançon devrait démé- nager bientôt. Selon la mairie, un dossier d’extension pourrait être déposé à cet effet dans les prochaines semaines devant la commission départementale d’équipement commercial (C.D.E.C.), qui délivre les auto- risations pour les surfaces com- merciales de 300m 2 . Une infor- mation que ne confirme pas la direction. Le projet prévoirait la construc- tion d’un magasin de 7 500 m 2 , auquel s’ajoute un parc de 2 500 m 2 pour les expositions en extérieur. Situé à une cen- taine de mètres de son empla- cement actuel, le futur maga-

tivité plus forte à la ville” , affir- me de son côté JacquesMariot, adjoint chargé du commerce à la ville de Besançon. L’agrandissement devrait sur- tout permettre à l’enseigne de développer enfin son rayondéco- ration, le point fort de la marque. ■

sin devrait représenter près du double de la surface commer- ciale - 4 000 m 2 en intérieur - disponible dans l’actuelle confi- guration. “Nous sommes favo- rables à cette extension. Ce sera une locomotive forte, qui va aug- menter la zone de chalandise bisontine et donner une attrac-

L’ année 2005 n’a pas été une bonne année pour le marché du bricola- ge. Loin s’en

Tiré par les bons résultats des discounters , le groupe Kingfi- sher, propriétaire de l’enseigne

envisage de trans- former certains de ses magasins Cas- torama en enseignes Brico-Dépôt. Cause invoquée pour ce coup d’arrêt de la consommation de bricolage, la dimi- nution du pouvoir d’achat des ménages. “Les

faut. Selon la fédé- ration des magasins de bricolage, le mar- ché a enregistré une progression de + 0,8% seulement sur les huit premiers mois par rapport à l’année précédente. “Au niveau national, la tendance est plu-

Transformer certains Castorama en enseignes Brico-Dépôt.

ménages étalent leurs dépenses et le poste dédié au bricolage vient rarement en priorité. Du coup, ils gardent leur moquet- te plus longtemps” , analyse Frédéric Picavet, le directeur de Leroy-Merlin à Château- farine. ■

tôt à la stabilité voire en légè- re récession, c’est aussi ce qu’on observe à Besançon” , note ce directeur de magasin. Au niveau national, Castorama en particulier a enregistré une baisse de 3,2% de son chiffre d’affaires global.

Le futur Leroy-Merlin devrait presque doubler sa surface de vente intérieure. Ce qui devrait lui permettre de développer encore davantage la déco.

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