La Presse Bisontine 61 - Décembre 2005

UN QUARTI ER À L’HONNEUR

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Un cimetière aux accents romantiques P ATRIMOINE Fondé en 1824

Aux Chaprais, le cimetière, qui a ouvert ses portes en 1824, a été classé aux monuments historiques en 1979. Tantôt extra- vagantes ou poétiques, les tombes du XIX ème siècle, au milieu de leur parc arboré méritent le détour.

J uste à l’entrée, comme pour accueillir le pro- meneur, une pyramide aux allures égyptiennes se dresse, monumentale à deux pas de l’allée. La tombe, pré- tentieuse et imposante, d’Al- phonse Delacroix, l’architecte bisontin piqué d’archéologie.

té et les tombes les plus anciennes a été classée monu- ment historique en 1979. Dans la partie basse, s’étendent les monuments funéraires récents, plus fades dans leur aligne- ment, comparé à la profusion du cimetière du XIX ème siècle. C’est en 1824 que le cimetière

Lise Thierry, une historienne locale dans son ouvrage sur le cimetière des Chaprais, “une Nécropole romantique.” Tombes pillées, terrains trop humide et marneux pour que les corps ne se décomposent, le cimetière du Champ-Bruley, construit en 1793, est un échec. Ce que ne sera pas, trente ans plus tard, celui des Chaprais. Sur ses 5,7 ha de terrain, il accueille désormais les tombes d’anonymes aux monuments parfois extravagants et des hommes importants du Besan- çon du XIX ème et du début XX è- me : les anciensmaires de Besan- çon, des industriels, des militaires, des médecins… Le cimetière n’est pas seulement un lieu d’inhumation. Il faut montrer sa richesse, son impor- tance sociale, ses conquêtes et sa puissance jusque sur son tom- beau. Tout, ici aussi, est ques- tiond’apparence, où le clinquant prime sur lamodestie. Et l’ima-

Plus loin, des obé- lisques, des tom- beaux à l’architec- ture antique se dressent eux aussi fièrement, aumilieu d’un enchevêtre- ment demonuments funéraires et d’arbres.

des Chaprais est fon- dé. Jusqu’à la Révo- lution et la construc- tion du cimetière du Champ-Bruley, à quelques centaines de mètres des Cha- prais, les morts sont

Les généraux d’empire se font construire des obélisques.

enterrés au sein de la Boucle, dans des cimetières autour des églises. “Le manque d’hygiène, causé par cette promiscuité (entre les vivants et lesmorts) est deve- nude plus en plus insupportable à la population et aux respon- sables de la cité. C’est pourquoi on transforma le cimetière devant l’église Saint-Pierre en place publique dès 1601” , écritAnne-

L’imagination des monuments funéraires du XIX ème siècle est sans limite. Pyramide, obélisques égyptiens, chapelles gothiques…

Souvent surnommé le “Père Lachaise de Besançon”, le cime- tière des Chaprais soutient la comparaison. Il est un lieu à part. Lieu de mémoire, d’his- toire et de promenade, terri- blement romantique sous les couleurs de l’automne. La par- tie haute du cimetière, occupé par les concessions à perpétui-

rement derrière les feuilles d’un lierre, d’autres ont été bri- sés, sous l’effet du temps. Car si le cimetière a été classé, les tombes restent propriétés des familles. Et seules quelques- unes ont pour le moment été restaurées. ■

ment funéraire d’Héloïse et Abélard située au Père Lachai- se, à Paris - ou une chapelle en forme de grotte veillent sur les tombes de vieilles familles bisontines. Ça et là, entre les arbres du parc, des monuments funéraires disparaissent entiè-

gination n’a pas de limite. Les généraux d’empire se font construire des obélisques où sont retracées leurs gloires anciennes à la tête des armées napoléoniennes, plus loin une chapelle gothique - inspirée selon les historiens du monu-

1 fois, 2 fois, 3 fois… “adjugé…vendu !” H ÔTEL DES VENTES 60 000 euros pour un violoncelle Meubles anciens, tableaux de valeur ou stocks d’un magasin de liquidation. L’hôtel des ventes est une sorte de caverne d’Ali Baba. D ans les vitrines der- rière l’estrade du com- missaire-priseur, des bouteilles de grands vous les auriez pour 500 ou 600 euros” , affirmeGérardDufrêche, le commissaire-priseur de l’hô- tel de vente des Chaprais. ver des animaux vivants dans une vente. Cela m’est déjà arri- vé de vendre des vaches, dans des articles vendus ici nous sont apportés par des particuliers. Nous nous occupons aussi des

bisontines, passent aussi quelques fois des objets de valeur, qui sortent de l’ordi- naire. Et qui attirent les col- lectionneurs. Là, les prix peu- vent allégrement dépasser les 50 000 euros. Un violoncelle est récemment parti pour 60 000 euros, rejoindre son proprié- taire au Canada. ■

Tout y est vendu aux enchères au plus offrant, dans une ambiance un peu tendue par- fois. Dans la salle, ils sont sou- vent plus d’une centaine d’ache- teurs. “Et certains clients qui ne peuvent pas être présents nous demandent d’être appelés. Ils suivent la vente par télé- phone.” Car dans les ventes

ventes du Crédit municipal. Ce sont principalement des bijoux, que des per- sonnes qui avaient besoin d’argent ont mis en dépôt. Quand ils ne rem-

le cadre d’une liqui- dation” , reprend Gérard Dufrêche. Car c’est ici aussi que sont vendus les meubles des socié- tés placées en liqui- dation judiciaire,

Les prix peuvent allégrement dépasser les 50 000 euros.

Vins, meubles anciens, tableaux, mais aussi vieilles vaisselles ou canapés usagers dont des par- ticuliers veulent se débarras- ser… Tout se trouve à l’hôtel des ventes. Dans un coin de la salle d’exposition, deux défenses d’éléphants, estimées à 5 000 euros, trônent fièrement sur leur socle. “On peut même trou-

crus, vendues la veille aux enchères, attendent encore de rejoindre leurs nouveaux pro- priétaires. Des grandsBordeaux, des Petrus millésimés, partis à près de 300 euros. Le meilleur lot, une bouteille de Château Margaux, millésime 1961, a été adjugé pour 380 euros. Des prix corrects, “dans le commerce,

de lamachine-outil au stock de chaussures, ou qui ferment défi- nitivement. “Mais les deux tiers

boursent pas les intérêts, les objets sont vendus” , reprend le commissaire-priseur.

Un nouveau primeur dans la rue de Belfort P RIMEUR Ouvert depuis le 17 novembre Déjà marchand de fruits et légumes au marché Beaux-Arts, dans la Boucle, Fabrice André ouvre un nouveau magasin au 33, rue de Belfort “J e cherchais un endroit dynamique, qui privilé- gie les produits de bouche qui est loin d’être toujours le cas” , affirme le primeur.

Pour être sûr de cette qualité, il va lui même s’approvision- ner toutes les semaines dans la vallée du Rhône en produits frais. Aux halles de Lyon pour les produits un peu exotiques, “sinon je connais beaucoup de petits producteurs sur les coteaux de Lyon qui travaillent vrai- ment bien le produit.” Petite particularité : le primeur est ouvert tous les jours, même le dimanche. ■

de qualité. Je suis donc venu aux Chaprais” , affirme Fabri- ceAndré. Le marchand de pri- meur, qui possède déjà un étal au marché des Beaux-Arts, vient d’ouvrir un petit maga- sin de fruits et légumes dans le bas de la rue de Belfort. Des produits qu’il veut de qualité. “Il faut que les fruits soient impeccables pour le client. Et surtout, qu’ils aient du goût, ce

“On peut même trouver des animaux vivants dans une vente. Cela m’est déjà arrivé de vendre des vaches, dans le cadre d’une liquidation”, reprend Gérard Dufrêche.

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