La Presse Bisontine 60 - Novembre 2005

par S.D.

UN VI LLAGE À L’HONNEUR

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Une nouvelle place pour le village En passant par… La Vèze P ROJET 250 000 euros d’investissement

L’aménagement de l’espace entre l’école et la mairie devrait coûter 250 000 euros. Fin des travaux prévus fin 2006.

Depuis plusieurs années, la commune de La Vèze s’est lancée dans une phase de grands travaux avec la construction de la nou- velle mairie, inaugurée en 2004. Dernière étape, l’aménagement de l’esplanade devant celle-ci, prévue d’ici la fin 2006.

S a nouvelle mairie, Phi- lippe Chanau, premier élu de la commune depuis 2001 en est fier. “Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de petites com- munes comme nous qui en aient des semblables” , avoue-t-il en souriant. Adossée à la salle des fêtes remise à neuf pour l’oc- casion, le petit bâtiment ave- nant de crépi couleur brique et de pierre apparente abrite depuis juin 2004 le bureau du maire et une grande salle de conseil. Un investissement de 480 000 euros, très important

Car faute de terrain dispo- nible, quatre maisons seule- ment se sont construites en trois ans. Contre quatre par an en moyenne auparavant. “Tous les mois, j’ai au moins un coup de téléphone” , recon- naît le maire qui souhaiterait “libérer des terrains progres- sivement, pour avoir un apport régulier de population.” Et per- mettre à de nouvelles familles de s’installer devient indis- pensable. Les effectifs de l’éco- le du village, stables depuis des années, commencent dou- cement à s’éroder. O payé le ciment de l’aérodro- me” , affirme l’aviateur qui s’est aménagé une maison en bois à deux pas de la tour de contrôle. Depuis 1988, l’aérodrome a été repris par les collectivi- tés locales, est géré par la chambre de commerce du Doubs. Avec sa société Air Franche-Comté, Claude Domergue se consacre main- tenant à son école de pilota- ge avec ses quatre coucous. Il a abandonné l’avion-taxi, transporte de temps en temps du fret pour les usines Peu- geot. “Des pilotes de ligne et de chasse ont débuté leur for- mation à La Vèze” , affirme- t-il fièrement. Un jour, un Boeing 747 amé- ricain a survolé le petit aéro- drome. “Le commandant de bord nous a salués. C’était un ancien réfugié politique ira- nien qui avait commencé à pilo- ter à Besançon. Il était deve- nu pilote de ligne aux États-Unis” , raconte-t-il. C’est aussi à La Vèze que transitent les malades évacués vers des hôpitaux trop éloignés pour l’hélicoptère, les greffes d’or- ganes. “Quand les gens enten- dent l’avion, la nuit ce n’est pas un loisir, c’est une greffe.” Et de cela il en est fier. O

aux bus, qui devrait passer jus- te devant l’école et rejoindre la route principale. L’autre, parallèle, doit longer la mai- rie, de l’autre côté de la place, “pour permettre aussi un meilleur accès aux personnes à mobilité réduite.” Au milieu de la boucle, un parking et un square avec des espaces de jeux pour les enfants, doivent trou- ver leur place. Avec la fin des grands travaux, la commune doit s’atteler pro- chainement à un autre chan- tier important, la révision de son plan d’occupation des sols.

mairie, c’est tout un nouveau centre de village que Philippe Chanau veut recréer. Un pro-

pour la petite commune de 450 habitants qui dispose de 150 000 euros de budget annuel. Et qui met fin à une longue lis- te de déménagements de la mairie. Trop petite et pas pratique, l’ancienne mairie-lavoir, au centre du village ancien, a été abandonnée il y a longtemps. Monsieur le maire et ses conseillers avaient alors pris leurs quartiers dans une sal- le de classe inoccupée, au pre- mier étage de la petite école qui domine le village. Toujours trop petite. Avec la nouvelle

blèmes de sécurité avec les bus scolaires qui doivent faire des manœuvres devant l’école le

jet ambitieux, qui devrait coûter près de 250 000 euros et voir le jour avant la fin de l’année 2006. En contrebas, le vil- lage historique ne peut pas s’étendre, les lotissements depuis les années 70 ont pro-

matin. Et les collé- giens doivent traver- ser la route quand ils descendent de leur bus, ce qui peut aus- si être dangereux” , souligne le maire. Selon le projet actuel, deux routes devraient ainsi être percées sur

Un parking et un square avec des

espaces de jeux.

la vaste esplanade qui sépare l’école et la mairie, pour for- mer une sorte de grand carre- four giratoire. L’une, réservée

gressivement envahi les hau- teurs de La Vèze, au Nord de la commune. C’est là aussi que se trouve l’école. “On a des pro-

“Indirectement, c’est Johnny qui a payé le ciment de l’aérodrome” P ORTRAIT Trente-sept ans d’aérodrome L’ aérodrome de La Vèze. Les polémiques qui l’ont pendant longtemps Directeur d’une école de pilotage, Air Franche-Comté, Claude Domergue a été pendant 20 ans le pilote de Johnny Hallyday. Fou d’aviation, il s’occupe depuis sa création de l’aérodrome de La Vèze.

En 1965, lorsque Jean Michel et un groupe d’entrepreneurs bisontins lancent le projet d’un nouvel aérodrome à La Vèze, il est aussi de la par- tie. Trois ans plus tard, le premier avion se pose sur la piste. Claude Domergue, lui, devient pilote professionnel. De Johnny Hallyday, rien que cela. “Et aussi de tas d’autres

entouré se sont désormais tues, le projet d’agrandisse- ment des pistes au cœur des passions a été abandonné. Mais de sa bataille perdue, Claude Domergue garde enco- re de l’amertume. L’aérodro- me, c’est son terrain de jeu.

vedettes, Michel Sardou, Cathe- rine Deneuve. C’était la grande époque, ambian- ce “Salut les copains”. En der- nier, j’ai aussi

“Les gens se sont insurgés parce qu’ils ne savent pas à quoi cela peut servir” , regrette le pilo- te, qui évoque les services d’avion-

Un Boeing 747 américain a survolé le petit aérodrome.

taxi qui auraient pu ainsi être mis en place. “ Des avions partent de tous les aéroports et se rejoignent à un point donné et échangent leurs pas- sagers.” Drôle de personnage que ce Claude Domergue. Fou d’avions depuis toujours. Enfant, sur un cliché de famil- le, il tient déjà un appareil en modèle réduit dans une main. “Je pense que c’est de naissance en fait. J’ai tou- jours voulu monter en haut pour surplomber le paysage, voir loin. On se rend compte alors qu’on est tout petit” , ajoute-t-il.

beaucoup transporté Chris- tian Poncelet. Je n’ai pas la mémoire des noms, j’en ai oublié la plupart” , minimi- se-t-il. Pendant 20 ans, il transpor- te l’idole des jeunes de concerts en concerts. “À part un ou deux, j’ai assisté à tous ses concerts. Et puis on repar- tait après. Ça se passait tou- jours bien.” L’hiver, quand aucun concert n’est pro- grammé, il part en Afrique, transporter des riches tou- ristes pour des safaris. “L’ar- gent, j’ai tout réinvesti dans l’aérodrome de La Vèze. Indi- rectement, c’est Johnny qui a

Avec sa société Air Franche-Comté, Claude Domergue se consacre maintenant à son école de pilotage. Certains de ses élèves sont devenus pilotes de ligne ou de chasse.

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