La Presse Bisontine 60 - Novembre 2005

L’ÉCONOMI E

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M OTIVATION Le phénomène décrypté à Besançon Le coaching envahit tranquillement l’entreprise Effet de mode ou vraie tendance, le coaching se fait de plus en plus présent dans les entreprises. Avant tout implanté dans les grandes métropoles, le phénomène gagne peu à peu Besançon.

É TUDIANTS Depuis début 2005

Depuis quelques années, un nouveaumode de coaching a vu le jour : le coaching sco- laire. Destiné aux étudiants et lycéens, il reprend les méthodes développées pour l’entreprise au service des jeunes. Coaching scolaire : les méthodes de l’entreprise appliquées aux étudiants

Q uand il a choisi de lancer sa peti- te société de création de sites web, il y a cinq ans, Robert For- tun a fait appel à un coach , par l’intermédiaire du club des entrepre- neurs. “Il m’a épaulé, m’a guidé jusqu’à ce que j’aie mes premiers clients. Les papiers administratifs, les réseaux, il m’a donné une foule de bons conseils, avec quelques rendez-vous primordiaux. Surtout, cela donne à penser les pro- blèmes avant qu’ils n’arrivent, à se poser les bonnes questions. J’ai pu comme cela mettre en place une méthode de pros- pection pour élargir ma clientèle.” Aujourd’hui, Robert Fortun est persua- dé que sans cette aide, il “n’aurait pas su tout faire, cela aurait avancé moins vite.” Le coaching . Le mot est utilisé à toutes les sauces. Coaching pour mai- grir, pour changer de “look”, pour éle- ver ses enfants, les coachs ont envahi le petit écran et tous les domaines de la vie. Au niveau de l’entreprise aussi, le coa- ching se développe, comme technique de management. Les sociétés ou les par- ticuliers sont de plus en plus nombreux à faire appel à un coach pour ressouder une équipe, mieux gérer le stress, amé- liorer l’efficacité au travail ou accélérer leur carrière. Une pratique qui touche principalement les cadres et les équipes dirigeantes. “Derrière tout cela, il y a un facteur économique, les entreprises se doivent d’être de plus en plus réactives et efficaces. Et les acteurs sont aussi plus exigeants. Maintenant, on ne veut plus seulement un travail pour gagner sa vie, mais aussi pour se réaliser” , explique Marylise Danrez, coach pour le cabinet Robardet consultants implanté à Besan- çon. Les recettes du coaching ? Une écoute attentive pour amener la personne coa- chée à développer son potentiel et trou- ver la solution de ses difficultés. “Ce n’est pas de la psychothérapie, on ne va pas s’intéresser au passé de la personne. On oriente vers l’opérationnel, un objectif concret qui est clairement défini” , explique Maryse Moret-ès-Jean, coach installée depuis trois ans à Besançon. “Un cadre qui prend une nouvelle fonction, cela peut être une prescription de coaching . De même quand plusieurs sites fusion- nent en une seule société, on peut inter- venir pour consolider l’équipe, lever les freins à la motivation qui peuvent exis- ter.” Une méthode qui a un prix. De 2 à 10 000 euros par coaching individualisé selon la société française de coaching . Toujours selon celle-ci, en 2003, le mar- ché représentait près de 120 millions

“I l y a tout un tas de jeunes qui ont des difficultés qui res- semblent à celles de la vie active, des difficultés à atteindre les objectifs, la ges- tion du stress. En face, vous avez dans l’entreprise des méthodes de coaching qui répondent à ces problématiques. L’idée, c’est d’appliquer les outils et la déontologie déve- loppés dans l’entreprise au pro- fit des étudiants” , résume

peut-être que cela passe par un petit cadeau que l’on se fait pour se récompenser. Ou que sim- plement ranger le bureau va changer les choses” , explique la coach MaryseMoret-ès-Jean, responsable de l’antenne bison- tine de l’I.E.C.E. Seule condition pour que ça marche, que l’élève soit volon- taire et motivé. “Car cela demande de l’investissement personnel. On ne peut pas demander à quelqu’un de bou-

Cathy Lemer, direc- trice et co-fondatri- ce de l’institut euro- péen de coaching de l’étudiant (I.E.C.E.). Créé il y a deux ans, l’institut, leader sur le secteur, a déjà pris en charge près de 1

ger contre son gré.” Le coach scolaire intervient aussi dans l’orientation profes- sionnelle, les choix de carrière. “Aucun risque de manipu- lation. On ne donne jamais notre avis.

“Ça devient en fait un cadeau de Noël.”

500 étudiants et lycéens dans toute la France. Depuis le début 2005, une antenne a été ouver- te à Besançon, rue Ronchaux. Le public : des étudiants et des lycéens, de 15 à 25 ans. Diffi- culté scolaire, mauvaise orga- nisation, stress des examens, pour tous les problèmes, le coa- ch est là. Pas de suivi scolaire au jour le jour mais des méthodes “pour rendre le jeu- ne autonome.” “On aide le jeu- ne à travailler en s’appuyant sur ses atouts. Il n’y a pas de solution valable pour tout le monde, c’est en interrogeant le jeune qu’il va trouver lameilleu- re façon de s’organiser. Parfois

Les jeunes sont souvent bour- rés de conseils par leurs profs, leurs parents, la radio. Chez nous, c’est souvent le seul espa- ce où on leur donne la capaci- té de réfléchir par soi-même” , se défend Cathy Lemer. La méthode reste encore très confi- dentielle même si elle gagne peu à peu du terrain, selon l’institut. Et pour cause, à 490 euros les cinq séances, elle res- te peu accessible à la majori- té des étudiants. “Ça devient en fait un cadeau de Noël. Preu- ve que ce n’est plus vu comme une plaie” , ajoute Cathy Lemer. O S.D.

“Ce n’est pas de la psychothérapie, on ne va pas s’intéresser au passé de la personne. On oriente vers l’opérationnel, un objectif concret qui est claire- ment défini”, explique la coach Maryse Moret-ès-Jean (photo Yves Petit).

de formations et de consulting à côté” , murmure une entreprise du secteur. Le problème de la profession, c’est que tout le monde peut s’improviser coach . Difficile dans ce cas-là pour les clients de s’y retrouver. Et les dérives peuvent exister. “Attention. Le coach ne doit pas prendre les décisions à la place du P.D.G. Là, ça relève plus du gourou que du coa- ching . On n’est pas là pour faire les choses à la place de la personne” , prévient Mary- lise Danrez. Pour professionnaliser le métier, des diplômes et des formations de coach cer- tifié ont été mis en place par la société française de coaching . O S.D.

grosses entreprises mais aussi des petites P.M.E. familiales, elles sont désormais de plus en plus nombreuses à se tour- ner vers des coachs . “Cela progresse. Mais ce n’est pas encore entré dans les

d’euros de chiffre d’affaires et près de 3 500 profession- nels exercent dans toute la France le métier de coach . Un marché surtout concen- tré en région parisienne - 80 % des coachs y exercent - et

mœurs. Il reste une sorte de pudeur à demander de l’aide. Le coaching , c’est souvent quand plus rien ne va. On arrive sou- vent comme un pompier, quand les gens ne peuvent plus se par- ler” , nuance Marylise Danrez.

De 2 à 10 000 euros par coaching .

Résultat, le nombre de coachs a tendance à augmenter plus vite que le nombre de coachés . “On sait que la demande poten- tielle est là. Mais heureusement qu’on ne fait pas que cela et qu’on a des activités

dans les grandes agglomérations mais qui gagne progressivement les villes moyennes. Besançon n’échappe pas à la règle et se convertit doucement. Collectivités locales,

Le monde lycéen est aussi concerné par le coaching . le système éducatif serait-il insuffisant ?

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