La Presse Bisontine 60 - Novembre 2005

22 REPORTAGE

Récit Solène Davesne

24 heures avec… le proviseur du lycée Pergaud

Trois milles élèves, plus de 300 enseignants. Le lycée Louis Pergaud, à Besançon est une véritable petite ville dans la ville. À sa tête, Gilles Gresset, proviseur de l’établissement. Réunions en tout genre, ren- contres avec les élèves, toute la journée, le proviseur est sur le pont.

14 heures - Dans les couloirs du lycée, la sonnerie sonne la reprise des cours de l’après-midi. Gilles Gresset, lui, rejoint son bureau. La réunion des adjoints doit débuter. La cinquantaine avenante, l’ancien professeur de sport est le proviseur du lycée Pergaud. Avec ses 3 000 élèves répartis de la seconde aux classes préparatoires et aux B.T.S., l’établissement scolaire est le plus important de la capitale comtoise et de Franche-Comté. Plus de 300 enseignants et 150 agents tech- niques et cadres administratifs y travaillent. Une ville dans la ville, avec sa cantine, ses lieux de dis- tractions, son infirmerie, ses loge- ments… “Ça ressemble à une entre- prise. Avec son budget, ses objectifs, ses supports publicitaires…La seu- le différence, c’est qu’en plus, nous

de caler les travaux pendant les vacances scolaires” , calcule un des adjoints. Un hectare et demi de pla- fond est à changer. Au milieu de la réunion, le télé- phone sonne. L’infirmerie. Un lycéen doit être évacué par le Samu, après avoir abusé d’un cocktail détonant de gin et de haschich. Une demi- heure après, c’est au tour du télé- phone deMarie-Christine Thuillier, une des adjointes, de sonner. Deux élèves qui se sont battus en plein cours l’attendent dans son bureau. “Les affaires de cœur qui se termi- nent en combat de boxe, c’est fré- quent. La semaine dernière, on a dû passer quatre heures à régler des problèmes de ce genre, affirme un adjoint. Depuis cinq ans, il y a une vraie explosion. Et cela touche toutes les classes.”

avons des élèves. C’est le coup de tabac permanent, ça grouille de vie” , explique Gilles Gresset. Autour de la table, ils sont quatre - trois adjoints et le gestionnaire de l’établissement - autour du provi- seur, comme tous les lundis. C’est la “réunion stratégique.” Toute la vie du lycée y défile, des problèmes demaintenance aux grandes orien- tations pédagogiques. Les fenêtres d’une salle de sport sont restées ouvertes la semaine précédente, une classe de terminale a prévu de se rendre au cinéma, un enseignant a retrouvé ses quatre pneus de voi- tures dégonflés. Il y a aussi la ques- tion des travaux, qui affecte une partie des salles. “Il faut mainte- nant connaître la date du début du chantier, calculer le temps néces- saire pour chaque salle et essayer

Réunion stratégique avec les adjoints et le gestionnaire de l’établissement. Tous les problèmes sont passés en revue, de la maintenance aux orientations stratégiques.

16 heures – La réunion vient de se terminer, Gilles Gresset plonge dans son agenda, recouvert de “stabilo”. Il a deux heures devant lui, avant la réunion suivante. Mais le temps est compté, les rendez-vous s’en- chaînent. “La journée est entrecou- pée de multiples rendez-vous, avec un enseignant, un élève, un parent, un médecin scolaire. On peut être aussi amené à rencontrer les élus de la région, qui gèrent les établisse- ments du secondaire. C’est ouvert.” Son entretien terminé avec les deux élèves bagarreurs, la proviseure adjointe fait son retour dans le bureau. Succinctement, elle relate les faits, le point de vue du profes- seur et des élèves, discute des sanc- tions à prendre. Elle souhaite un jour d’exclusion pour l’un, un jour et demi pour l’autre, auteur du coup de poing. Gilles Gresset acquiesce, rajoute à la sanction une demi-jour- née de retenue le mercredi après-

midi “pour qu’en plus, ils rattrapent les cours.” “Je leur dirai que c’est le cadeau du proviseur” , sourit l’ad- jointe, en sortant. En cas d’actes de violence, d’insultes répétées ou de problèmes graves, c’est le proviseur qui intervient, reçoit lui-même les élèves et leurs parents. Les contacts avec les élèves en dehors de ce cadre institutionnel sont rares. Cet après-midi, ce sont deux élèves qui ont demandé à le voir. L’une d’elles est avec sa mère, perd pied dans sa section et veut changer d’orientation. Le proviseur lui don- ne son feu vert. “Il faut être vigilant, à l’écoute. Il n’y a pas de petites pistes. Dès qu’on me signale quelque chose, j’essaye de recouper, de croiser les informations. Le pire, c’est de ne pas voir. Des absences répétées, un élève qui ne vient plus à la cantine, dont le comportement change tout à coup, cela peut vouloir dire quelque cho- se” , explique-t-il.

Chaque semaine, 3 600 heures de cours sont proposées aux lycéens. Faire coïncider les vœux des enseignants, les disponibilités des salles… À chaque rentrée, c’est au proviseur et à ses adjoints de mettre en place les emplois du temps des classes.

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