La Presse Bisontine 59 - Octobre 2005

AGENDA

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CULTURE - PLUS DE 30 000 VISITEURS ATTENDUS

Le livre joue la vedette

aux Mots Doubs

Y ann Quéffelec, Jean- Christophe Rufin - prix Goncourt 2001 -, Phi- lippe Besson, Natha- lie Rheims, Richard Bohringer… On ne va pas tous les énumérer, sachez seulement qu’ils invités, les “Mots Doubs” rencontrent un vrai suc- cès. C’est reparti. Pour la quatrième édition consécutive, le livre tient son salon à Besançon du 23 au 25 septembre, parc de la Gare d’Eau. Près de 30 000 visiteurs l’année dernière, 150 auteurs

sont 150 présents pendant trois jours, du 23 au 25 septembre pro- chain, au 4 ème salon des Mots Doubs de Besançon. Cent cinquante écri- vains qui représentent la littéra- ture dans toute sa diversité, du best-seller aux formes les plus exi- geantes de l’écriture.

jeunes écrivains, c’est l’occasion rare de constater de visu que leurs livres se vendent. C’est une source d’en- couragement pour eux” , affirme Bruno Bachelier, responsable du rayon littéraire de la librairie Cam- ponovo. Innovation cette année, le salon lit-

téraire a choisi de sor- tir de ses murs et de par- tir aussi à la rencontre des lecteurs qui ne peu- vent pas se déplacer. Une dizaine de lectures, par les auteurs eux-mêmes, sont prévues auprès des

À une époque où on parle volontiers de crise du livre et de la lecture au profit du multimédia chez les plus jeunes, les Mots Doubs apportent un démenti cui- sant. Le salon se porte bien, très bien même. Avec 30

Le salon a choisi de sortir de ses murs.

personnes âgées dans des maisons de retraite du département, des malades de l’hôpital Saint-Jacques et des prisonniers, à la maison d’ar- rêt de Besançon. Pour offrir un moment d’évasion littéraire. O S.D.

000 visiteurs l’année dernière, autant espérés cette année, le salon organisé par le Conseil général du Doubs a su devenir un rendez-vous culturel majeur de toute la région. “C’est un lieu de rencontre entre l’auteur et le public. Et pour les

Plus de 30 000 visiteurs avaient parcouru les allées des Mots Doubs l’an dernier.

L I T T É R AT U R E Rentrée littéraire pléthorique, best-sellers qui accaparent la majorité des ventes. Pour les auteurs en quête de reconnaissance, pas facile de surnager et de se faire une place. Auteurs en quête de reconnaissance

près de 500 livres par an et en finir 150. Et décerne ensuite ses “coups de cœur” à ceux qui lui plaisent. “Le nombre de table est limité, on ne peut pas être équitable. Mais on peut aider les auteurs qu’on aime. Ils sont toujours référencés chez nous. On les supporte en les recommandant aux gens, en gonflant aussi les exem- plaires en exposition, pour qu’ils soient plus visibles” , explique-t-il. Sylvie Parthenay, elle, compte beau- coup sur les salons littéraires pour se faire connaître des lecteurs et prospecter de futurs éditeurs. “Les Mots Doubs, pour moi, c’est indis- pensable. Le contact direct avec le public, expliquer pourquoi, avoir leur avis, leurs critiques, c’est impor- tant” , affirme la jeune écrivain, qui espère vendre une soixantaine d’exemplaires sur le salon. O

ries. Surtout que le livre n’a pas le temps de rester en rayon et tourne très vite” , reprend Catherine Pollet, qui regrette cette prolifération lit- téraire pas toujours de qualité. Don- ner une chance aux écrivains régio- naux, c’est entre autres le rôle du centre régional du livre, chargé de repérer et promouvoir les écrivains régionaux dignes d’intérêt. Un tra- vail de défrichage auparavant entiè- rement aux mains des libraires, “mais devant l’étendue des romans, ils ne peuvent pas tout lire. C’est nous qui le faisons en essayant de repérer les vrais créateurs littéraires, là où un vrai travail est effectué sur la langue.” Dans l’industrie du livre, le nerf de la guerre reste le libraire, qui peut mettre en avant un auteur ou un autre. Bruno Bachelier affirme lire

rine Pollet, chargée de mission au centre régional du livre de Franche- Comté. Rechercher un éditeur puis essayer de faire vendre ses romans, Sylvie Par- thenay connaît. À 35 ans, cette Bison- tine a mis près de deux ans à réussir à faire éditer son premier recueil de nouvelles dans une petitemaison d’édi- tion. “On se sent très seul, dans une impasse. On m’a dit que c’était bien mais pas leur truc, confie-t-elle. Com- me en ce moment tout le monde veut écrire, les éditeurs sont submergés et ils ont rallongé les délais de réponse voir ne répondent plus du tout.” Mais être publié ne signifie pas être lu. Car encore faut-il que le lecteur puisse repérer le livre au milieu des autres. “D’où l’importance de la mise en place des ouvrages dans les librai-

S ix cent soixante-trois. C’est le nombre exact de nouveaux romans qui sortent cet autom- ne à l’occasion de cette rentrée litté- raire. Un chiffre impressionnant et en constante augmentation depuis plusieurs années. Mais devant cette avalanche de livres qui envahit les librairies en septembre, il devient aus- si difficile pour les auteurs locaux en quête de reconnaissance nationale de se frayer un passage. “Quand on sait qu’un bon lecteur lit au plus 50 livres dans l’année, le problème, c’est de réus-

sir à se repérer. Il y a les incontour- nables bien sûr, le dernier Houelle- becq. Mais il faut aussi aller défricher les titres susceptibles de nous faire plaisir, et moins connus” , commente Bruno Bachelier, responsable du rayon littérature chez Camponovo. Parmi tous ces titres, de nombreux auteurs bisontins ou francs-comtois. “Des romanciers bien sûr. Mais aussi beaucoup de poètes comme Jacques Moulin ouAnnelyse Simao et des polars. Peut-être à cause de l’ambiance par- ticulière de la ville” , explique Cathe-

Près de 25 éditeurs sont implantés en Franche-Comté. Dont certaines maisons très spécialisées. Comme l’édition de livre d’art, de poésie ou d’ouvrages d’architecture. Les éditeurs spécialisés sortent leur épingle du jeu

R olandChoparda ins- tallé ses vieilles pressesdansunpetit entrepôt de Baume-les- Dames depuis l’année der- nière. Derrière des vitrines, il a exposé avec fierté quelques-unesdesesœuvres. Des “livres d’artistes”, aux formats atypiques où des textespoétiques separtagent lespages avec desdessins ou peintures d’artistes plasti- ciens. Éditeurdepuis27ansenLor- raine avant de rejoindre la Franche-Comté,RolandCho- pard a choisi d’investir un créneau très précis de l’édi- tion, le livre quasi unique, pour amateurs. Tous sont imprimés,découpés,puiscou- susàlamain.Éditésaumaxi- mumà500exemplairespour certaines collections, moins de 50 pour d’autres, ils rejoi- gnent ensuite les galeries d’art, centres culturels et col-

l’éditionde pièces de théâtre contemporain, est devenu l’un des acteurs les plus importants du secteur. D’autres éditeurs, comme Virgile installée depuis dix ans à Besançon dans le domainedelapoésieouL’Im- primeur, dans le livre d’ar- chitecture, ont également acquis une envergure natio- nale. Une diversité du sec- teur de l’édition régionale due en partie à la politique active mise en place par le C.R.L.Poésieetthéâtrereçoi- vent des aides financières à l’édition. C’est en tout cas ce qui adécidé l’éditeurRoland Chopardàs’implanteràBau- me-les-Dames. “Sans aide, on ne pourrait pas marcher. Et si on a quitté la Lorraine, c’est parce qu’on pensait les conditions plus favorables ici, leC.R.L. plusdynamique. Cela a été l’élément détermi- nant.” O

lections privées. Comme Aencrages&co, la société de Roland Chopard, ils sont 25 éditeurs environ installés dans la région. Un chiffre qui change fréquem- ment avec “des demandes d’aidesrégulièrespourdenou- veaux éditeurs et d’autresqui mettent la clef sous la porte” , expliqueCatherinePollet,du centre régional du livre (C.R.L.). Car le secteur est économiquement très fragi- le,encoreplusenrégionqu’au niveaunational. “Etpourceux qui sont sur le créneau régio- naliste pur et dur, le marché esttrèsétroitetn’offrepastou- joursassezdedébouchés. Les éditeurs qui ont le plus de chance sont ceux qui se trou- ventsuruncréneauspécifique et le travaillent à fond” , ana- lyse Catherine Pollet. Les éditeurs spécialisés ne manquentpas.LesSolitaires Intempestifs, spécialisédans

Dans ses locaux de Baume-les-Dames, l’éditeur Roland Chopard fabrique ses livres d’artistes de façon traditionnelle. Illustrés par des artistes, ils sont ensuite reliés, numérotés puis recouverts à la main.

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