La Presse Bisontine 59 - Octobre 2005

UN VI LLAGE À L’HONNEUR

par T.C.

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Un village qui préserve sa tranquillité Cette petite commune située à 8 km du centre-vil- le de Besançon résiste à la pression immobilière. Elle maîtrise son développement, mais elle consta- te aussi que sa population a tendance à vieillir. En passant par… Tallenay T ALLENAY 407 habitants aux portes de Besançon

N e dites pas à un habi- tant de Tallenay qu’il est privilégié, vous prendriez le risque de le vexer. Reconnaissez plutôt qu’il a la chance de vivre dans ce petit village de 407 âmes qui s’étend sur 234 hectares de terres et de forêts dont 34 sont réservés au bâti. Ce hameau, c’est un peu la ville à la campagne. La route s’ar- rête à Tallenay, ensuite, ce sont les champs. Blotti au fond d’une reculée verte, entre la forêt de Chailluz qui le domine d’un côté et de l’autre la colline de

des équipes municipales suc- cessives qui agissent pour pré- server ce à quoi tout le mon- de aspire : la qualité de vie. Pas question de céder aux sirènes de l’immobilier. Cette ligne de conduite est approu- vée par la majorité des habi- tants. Ici, les terrains à bâtir se vendent donc par dose homéopathique mais à des prix qui atteignent parfois les 120 euros le m 2 . Sachant que le plan d’occupation des sols de 1984 impose que les parcelles ne doivent pas être inférieures à une surface de 15 ares hors

plémentaires sur les infra- structures telles que l’assai- nissement” ajoute-t-il. La col- lectivité n’en voit pas l’intérêt, d’autant qu’elle ne perçoit pas directement de taxe profes- sionnelle puisqu’elle n’a aucu- ne entreprise sur son terri- toire. “Nos seules recettes sont 100 000 euros liés à l’impôt et 100 000 euros qui proviennent de la dotation de l’État et de l’agglomération” note André Better, adjoint aux finances. Avec ce budget de 200 000 euros, la commune assume son fonctionnement et suit son pro- gramme d’investissement. D’ici la fin de l’année, elle devrait terminer la seconde phase d’en- fouissement des réseaux. “Nous employons aussi un ouvrier communal à mi-temps et une secrétaire de mairie à mi-temps également” poursuit le maire. Ainsi va la vie à Tallenay. Mais cette tranquillité que semblent défendre “égoïstement” les Tal- lenaysiens a son revers de médaille. La population vieillit. Le conseil municipal a pris la mesure de cette réalité. “Nous sommes presque trop calmes. Les gens qui avaient 30 ans dans

Jean-Yves Pralon : “Nous sommes presque trop calmes.”

celles est importante. L’objec- tif pour nous est d’entreprendre un toilettage du P.O.S. pour atteindre à terme ce chiffre de 600 habitants. Nous avons le foncier suffisant pour assurer notre développement jusqu’en 2020 sachant que l’A.U.D.A.B. n’a pas préconisé la création de nouvelles zones construc- tibles.” Une réunion publique sera organisée par la muni- cipalité pour discuter de ce document. O

étude nous montre qu’il y a encore la possibilité de construi- re une cinquantaine de mai- sons. Nous ne sommes donc pas encore en bout de piste.” Si l’on compare l’évolution de cette commune par rapport au P.O.S. de 1984, on remarque qu’elle a pris du retard dans son extension. “Le plan pré- voyait que l’on soit 600 habi- tants dans les années 90. Nous n’avons pas atteint cet objec- tif parce que la taille des par-

les années 70 en ont 60 aujour- d’hui. Il y a des maisons ici qui ne sont plus occupées que par une seule personne.” Engager un programme de construction pour amener de nouvelles familles n’est pas à l’ordre du jour. En tout cas pas de manière irraisonnée. La municipalité a lancé une étu- de en collaboration avec l’agen- ce de l’urbanisme (A.U.D.A.B.) dont la finalité est de réfléchir sur l’avenir du village. “Cette

Châtillon-le-Duc, il se situe à trois kilo- mètres seulement de la zone commer- ciale de Valentin et à 8 km du centre de

lotissement et de 13 ares en lotissement, il faut un minimum de ressources à un acquéreur pour s’ins- taller au village.

“Entreprendre un toilettage du P.O.S.”

L’A.S.C.E.T. traverse une petite crise A SSOCIATION Manque de bénévoles Depuis un an, l’association phare de Tallenay qui s’occupe d’ani- mer le village est en veille. La présidente a pris ses distances, désa- busée par le manque d’engagement des bénévoles.

Besançon. Malgré cette proxi- mité, cette commune échappe au rythme effréné du déve- loppement urbain qui frappe la proche périphérie de la capi- tale régionale. Ou plutôt elle s’en protège, fermant la porte aux promoteurs qui lorgnent sur ce petit havre de paix. Depuis longtemps, Tallenay c’est une chasse gardée par

Ce même P.O.S. exclut la construction de collectifs sur la commune. “Il y a deux choses importantes à Tallenay, ce sont l’urbanisme et les finances” rappelle le maire Jean-Yves Pralon. Le tout est d’éviter les dérives dans ces deux domaines. “Un développement trop rapide s’accompagnerait indéniablement de coûts sup-

L e tissu associatif n’est pas très dense dans ce villa- ge, mais il existe à travers trois petites structures dont l’association sportive cultu- relle d’entraide de Tallenay. L’A.S.C.E.T. existe depuis une quinzaine d’années. Son rôle est de générer une certaine émulation dans ce hameau à

tère veut y croire encore. Elle est une bénévole convaincue, tout comme son rugbyman de mari Henri Bourcet, président de l’Olympique Bisontin. Pour mener tout cela de front, “il faut avoir la fibre associati- ve. Le problème est qu’au- jourd’hui on trouve de moins en moins de personnes qui ont cette fibre-là. Je ne suis pas désabusée, mais je constate que les gens vivent égoïste- ment” déplore-t-elle en ajou- tant : “Il faudrait constituer à Tallenay une équipe pleine d’envie et de projets. Il y a des tas d’idées à mettre en œuvre. Par exemple, nous avons la chance d’avoir un artiste peintre dans ce village. Pour- quoi ne pas le solliciter pour monter une exposition.” Il en sera peut-être ainsi lors de l’assemblée générale de l’A.S.C.E.T. Si tel devait être le cas, il est probable que Marie-Christine Bourcet- Vaillant signe pour un nou- veau mandat à la tête de l’as- sociation. “J’aime ce village, j’ai envie qu’il vive. On peut y arriver.” O

du mercredi pour les enfants ont été maintenues. L’asso- ciation traverse une petite cri- se, au point que la présiden- te se demande si elle ne va pas jeter l’éponge lors de la prochaine assemblée généra- le prévue le 7 octobre. Ou alors elle repartira avec la même fougue qui l’avait poussée à

s’investir dans un monde associatif à la seule condition d’être suivie. Malheureuse- ment, ses espérances s’effilochent comme le bénévolat. Marie-Christine Bour- cet-Vaillant reconnaît

différents moments de l’année. “Nous avons organisé entre autres l’arbre de Noël pour les enfants, le feu de la Saint-Jean, ou le Beaujolais nouveau” indique la présidente Marie-Christine Bour-

“J’aime ce village, j’ai envie qu’il vive.”

avoir du mal à mobiliser ses troupes. “Nous sommes une dizaine de personnes dans l’association. Finalement, je m’aperçois que tout le monde n’est pas prêt à donner de son temps pour mener des pro- jets.” L’enthousiasme de départ a laissé place au décou- ragement. “Je le regrette car l’âme du village s’étiole un peu. On devient petit à petit un village dortoir.” Mais cette femme de carac-

cet-Vaillant. Ces manifesta- tions sont des occasions pour les habitants de Tallenay de se retrouver. Mais cette année, il ne s’est rien passé. L’A.S.C.E.T. est restée silencieuse. Pas de repas à la salle des fêtes, de Télé- thon ni de vide-grenier “qui a pourtant bien marché” tout comme l’exposition sur Talle- nay d’hier et d’aujourd’hui. Seules les séances du club informatique et des ateliers

La fontaine-lavoir de Tallenay.

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