La Presse Bisontine 59 - Octobre 2005

L’ÉCONOMI E

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R ECONVERSION

Quatre magasins créés par d’anciens employés de la grande surface Les anciens employés de Décathlon au top

Ils sont plusieurs à se lancer dans le petit commerce indépendant après leur passage dans le supermarché du sport. Une réussite pas forcément due au hasard. Formation continue, rigueur, apprentis- sage de la gestion du stock et image de sérieux auprès des banques, les ex de Décath’ partent avec toutes les cartes de leur côté.

D epuis six mois, Pierre Bouvier vend des jouets en bois, dans “La Paillotte”, la petite bou- tique qu’il a reprise au centre- ville de Besançon. Un chan- gement pour lui. Avant cela, il travaillait comme chef de rayons à Décathlon, section sport de montagne. “J’avais un peu peur du côté humain, c’est le plus dur. Passer d’un endroit avec une centaine de salariés à tout seul dans un magasin, ce n’est pas tout simple” , avoue- t-il. De la grande distribution au commerce indépendant. Les anciens salariés de Décath- lon s’en sortent bien et sont nombreux à s’être lancé à leur compte, une fois les crampons raccrochés dans la grande sur- face du sport. “C’est vrai qu’on est plusieurs à voler de nos propres ailes” , reconnaît Hélè- ne Gounand, qui tient unmaga- sin de vélo, Boulevard cycles. “Quand on rentre à Décathlon, on est souvent très jeune, c’est notre premier emploi. Dès qu’on

majeur, c’est la formation. Il y a un vrai culte de l’indépen- dance, de l’autonomie des sala- riés. Et pour cela, on reçoit tou- te une batterie de formations très haut de gamme : les pro- duits, l’animation commercia- le, la gestion des stocks…Tout était aussitôt duplicable dans le magasin et encore plus ensui-

a plus de maturité, l’envie de se poser un peu, on est prêt à partir.” Huberland, Boulevard cycles, Territoire pêche…À Besançon, quatre commerces ont ainsi été créés ou repris par des “ex de Décath’” ces dernières années. Pas forcément un hasard. Car dans le milieu, l’enseigne spor-

tive a la réputation flatteuse d’être une “bonne école”. C’est aussi ce que pense Pierre Bouvier. À 36 ans, après douze années de maison, il

te quand on est indé- pendant” , affirme-t- il. “Les grandes surfaces sont une bon- ne école. Au niveau de l’étiquetage, du balisage, il y a beau-

“C’est une vraie carte de visite.”

a préféré raccrocher, “comme pour un sportif, pour ne pas faire la course de trop. Je m’y suis éclaté mais je n’avais plus l’énergie, la pression que je me mettais était trop lourde” , explique-t-il. Dans sa nouvel- le boutique, dès son arrivée, il a tout réorganisé, changé l’em- placement des éclairages et des jeux en fonction des couleurs. Des techniques de vente incul- quées à Décathlon. “L’atout

coup de choses de Décathlon que j’ai reprises. Même si on n’a pas du tout le même genre de clientèle” , ajoute Hélène Gounand. Rigueur, formation poussée, savoir-faire, l’image de sérieux et la notoriété de l’enseigne rassureraient aussi les banques. “C’est une vraie carte de visi- te” , affirme Pierre Bouvier. Le dernier point laisse les res- ponsables de Territoire pêche

Ancien chef de rayon à Décathlon, Pierre Bouvier a choisi de se lancer dans le commerce indépendant.

plus circonspects. Mais ils reconnaissent que Décathlon “est une bonne école. On y apprend le métier, à manager une petite équipe” , affirment-

ils. Eux sont partis parce qu’ils ne voyaient plus de perspec- tives de carrière au sein de l’en- seigne. “À un certain moment, il faut être mobile, sinon les

possibilités sont plus réduites. C’est une école, mais on n’y fait pas carrière, il y a beaucoup de turn-over ” , ajoutent-ils. O S.D.

G ALERIES MARCHANDES

Loyers “à l’américaine”

Dans les galeries commerçantes, les commerçants payent le plus souvent des baux indexés sur leur chiffre d’affaires. Un système qui peut s’avérer dangereux pour le petit commerçant. Plus on gagne, plus le loyer augmente

P ayer un loyer propor- tionnel au chiffre d’af- faires réalisé. La pra- tique est largement répandue dans les galeries mar-

être dominant et à s’étendre. Sur la galerie d’École-Valentin, gérée par une société civile d’in- vestissement, tous les commer- çants sont concernés par ces

baux variables, sauf quelques rares excep- tions. À Châ- teaufarine, où la galerie est

chandes des zones commerciales. “Le commerçant s’enga- ge à payer un loyer fixe minimum puis à le compléter en ver-

La société Casino, elle, préfère ne pas communiquer.

gérée directement par le grou- pe Casino par l’intermédiaire de sa filiale Immobilière Casi- no, la situation est plus floue. Certains payent un loyer tradi- tionnel, fixe. D’autres, comme les Stocks américains par exemple, ont toujours été assu- jettis à un loyer indexé. “Les loyers sont différents. Les tranches varient en fonction des entrants, de la date de renou- vellement des baux” , explique un des commerçants de la gale- rie de Géant. La société Casi- no, elle, préfère ne pas commu- niquer. Même si on y avoue à demi-mot que “concernant les nouveaux baux, il y aura cer- tainement des variations en fonc- tion du chiffre d’affaires. Mais il y a toujours des cas particu- liers et des exonérations peuvent être réalisées suivant les cas.” O S.D.

sant une part variable en fonc- tion du chiffre d’affaires” , explique le notaire Jean-Paul Berçot. Aux alentours de 6% du chiffre d’affaires. Pour les galeries marchandes, l’opération est intéressante. Mais pour le commerçant, la pratique comporte un risque, non négli- geable. Car même si la galerie commerçante leur permet de toucher plus de clients parfois, toutes les marges peuvent être absorbées dans le loyer si elles ne sont pas assez élevées. “Cela peut les mettre parfois en diffi- culté. 6 % du chiffre d’affaires, cela représente une somme impor- tante. Les centres commerciaux considèrent d’ailleurs pour eux- mêmes que le coût d’exploitation des locaux ne doit pas dépasser 1,5 % de leur chiffre d’affaires” , reprend Jean-Paul Berçot. Pourtant, le modèle continue à

Cette pratique de loyer indexé peut mettre parfois les commerçants en difficulté. “6 % du chiffre d’affaires, cela représente une somme importante” , affirme le notaire bisontin Jean-Pierre Berçot.

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