La Presse Bisontine 59 - Octobre 2005

LE GRAND BESANÇON

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S AINT -V IT Le maire prend position

Saint-Vit est une commune au potentiel économique étonnant. Elle est à la veille d’un nouveau développe- ment aux portes d’une communauté d’agglomération du Grand Besançon dont elle ne fait pas partie. Pascal Routhier : “Je suis un élu qui ne voit que par l’économie”

L a Presse Bisontine : Un des grands chantiers à Saint-Vit est le projet de déménage- ment de la centrale Systè- me U. Elle envisage de s’installer de l’autre côté de la voie ferrée par rapport à son site actuel, dans la zone des Foulottières. Où en est le dossier pour la mairie ? Pascal Routhier : C’est une empri- se de 17 hectares de terre que Système Unous achète. Ce dos- sier, je le fais avancer, mais il y a toujours quelques incerti- tudes qui seront levées d’ici la fin de l’année. L.P.B. : Une des difficultés est l’ac- quisition des terrains par la com- mune. Où en êtes-vous sur ce point? P.R. : Ces terres sont agricoles ou propriétés de privés. Nous sommes actuellement en pha- se d’acquisition de ces terrains qui, de fait, deviendront com- munaux. Les compromis vont être prochainement signés. L.P.B. : 17 hectares, c’est important. Quelles compensations peuvent espé- rer les agriculteurs qui exploitaient ces terres ? P.R. : Au sein de la communauté de communes du Val Saint- Vitois, j’ai demandé une enquê- te agricole pour voir dans quel- le mesure nous pouvons mettre à disposition de nouvelles terres aux exploitants. Dans cette affaire, il n’était de tou- te façon pas question de prendre des terrains sans proposer des contreparties. L’étude est enga- gée en partenariat avec la chambre d’Agriculture. L’ob- jectif est de trouver une répar- tition logique du foncier à proxi-

mité des fermes.

P.R. : Entre 11 et 15 euros le m 2 .

L.P.B. : Quels délais a fixé Système U pour la commune ? P.R. : Il faut que Système Upuis- se attaquer le chantier le 1 er janvier 2007. Nous travaillons sur ce planning. L.P.B. : Dans ce dossier, il est prévu que la municipalité prenne à sa char- ge la réalisation des voiries pour accéder au futur site. Qu’en est-il au juste ? liser la route. Nous lancerons peut-être la construction de l’ouvrage d’art avant la fin de l’année. Il devrait être termi- né en juin 2006. L.P.B. : Combien coûtent ces travaux à la collectivité ? P.R. : L’idée est que ça coûte le moins cher possible. La construction du pont et de la route de 700 m est chiffrée à 2millions d’euros T.T.C.Actuel- lement, je sais qu’il me manque 1 million d’euros pour boucler l’opération. Je compte sur l’É- tat et le Conseil général pour soutenir le projet. Mais à ter- me, mon souhait est que cette voirie soit le point de départ à un futur accès autoroutier. L.P.B. : Cela veut dire que la vente des terrains ne suffit pas à couvrir l’investissement de la commune dans ce projet. À quel prix cédez-vous le terrain à Système U ? P.R. : Nous devons en effet bâtir un pont au-des- sus de la voie ferrée et réa-

L.P.B. : Quel est l’intérêt pour vous de maintenir Système U sur votre territoire ? P.R. : Garder Système U, c’est préserver 150 emplois sur la commune et éviter “un plan social” suite à une délocalisa- tion. C’est aussi le signe d’un développement et d’une acti- vité supplémentaire. Avec E.M.T. 25 et Planète Pain, Sys-

tème U est une des trois plus impor- tantes entre- prises de Saint-Vit (280 000

“Obtenir une bretelle autoroutière sur la commune.”

euros de taxe professionnelle en 2003 pour E.M.T. 25 et 120 802 euros pour Système U). Une fois encore, je ne cache pas non plus qu’avec ce projet, mon objectif est d’obtenir une bretelle autoroutière sur la commune pour permettre aux camions de rejoindre directe- ment l’A 36 en sortant de la centrale. Le tracé est déjà presque établi. D’ailleurs, les services du Conseil général ont une ébauche chiffrée. L.P.B. : Que vont devenir les bâti- ments actuels de Système U ? Il sem- blerait que la municipalité n’exclut pas de les racheter comme cela aurait été évoqué lors des négociations. P.R. : Système U conserve les bâtiments sachant que le but pour cette entreprise est de les revendre. Pour ma part, j’ai eu des contacts avec des entre- prises qui seraient intéressées pour s’y installer. Si Système

Pascal Routhier : “Je suis contraint de jouer la carte du développement.”

pour autant. Je ne voudrais que l’on pénalise des secteurs comme le nôtre qui ont des atouts pour en rassurer d’autres qui n’ont pas cette chance. Par ailleurs, je suis contraint de jouer la carte du développement économique pour dégager des fonds qui permettent à la municipalité de financer d’autres projets comme l’aménagement des sablières. Sans cela, je n’au- rai pas d’autre marge de manœuvre que celle d’aug- menter les impôts. L.P.B. : En plus de la rénovation du collège, de la construction d’une gendarmerie, l’actualité à Saint-Vit, c’est aussi l’arrivée d’une nouvel- le station d’épuration. Où en est le dossier ? P.R. : Nous allons lancer sa construction. Elle situe juste à proximité de la station exis- tante. Au départ, nous avons cherché à l’installer ailleurs, mais ce n’est pas possible. Cet- te nouvelle structure est pré- vue pour 7 000 équivalents- habitants. L.P.B. : Les déchets seront stockés sous forme de boues déshydratées? P.R. : En effet, les boues seront malaxées et mélangées à de la chaux. Par ce système, elles ne sont plus liquides et donc plus faciles à déplacer. On limi- te aussi les odeurs. Notre capa- cité de stockage est de neuf mois. Cette nouvelle station s’accompagne d’une augmen- tation de 15% de la taxe d’as- sainissement. Nous allons monter très progressivement à ce chiffre. La fin du chan- tier est prévue en 2008. O Propos recueillis par T.C.

U ne parvient pas à céder les murs, il est prévu qu’il construi- se une plateforme plus petite dans un premier temps car elle fonctionnerait sur les deux sites. Mais dire que la mairie reprendrait ces locaux n’a jamais fait partie des négo- ciations. Que voulez-vous que je fasse de 25 000 m 2 de bâti- ments ? L.P.B. : La révision du P.O.S. est en cours à Saint-Vit. Quelles orienta- tions souhaitez-vous donner au futur plan local d’urbanisme (P.L.U.) ? P.R. : Dans notre P.L.U., nous nous poserons la question du développement

plus s’étendre. La révision du S.C.O.T. qui est en cours doit valider des surfaces inter- communautaires et commu- nales. J’attends beaucoup après ce schéma dans lequel on nous a demandé de nous position- ner pour voir quelles étaient nos attentes en terme de sur- faces économiques. L.P.B. : On imagine qu’elles sont grandes vos attentes ? P.R. : Je suis un élu qui ne voit que par l’économie. Sans éco- nomie, nous ne sommes rien. L.P.B. : Mais reste-t-il à Saint-Vit des terrains à voca- tion industrielle ? prétendre proposer de telles sur- faces pour le développement éco- nomique. Ne craignez-vous pas que la communauté d’agglomération qui cherche à créer un équilibre économique sur son territoire ne voie pas d’un très bon œil l’exten- sion future de Saint-Vit et de sa communauté de communes ? P.R. : Je crois que si on veut développer Besançon, il faut le faire en concertation pour que personne ne soit lésé. Nous ne cherchons pas à concur- rencer l’agglo, mais à accueillir des artisans et des industriels qui font prospérer des familles saint-vitoises. C’est une réa- lité, il n’y a pas de terrain à Besançon. La ville de Besan- çon n’a pas vu d’un bon œil le projet de Système U à Saint- Vit. Je ne dois pas en pâtir P.R. : Il reste enco- re une cinquantai- ne d’hectares qui seront classés en zone industrielle. L.P.B. : Peu de com- munes dans le Grand Besançon peuvent

urbain de notre com- mune et de la com- munauté de com- munes du Val Saint-Vitois. Par exemple, la zone des Foulottières où va s’installer Système U a une vocation intercom-

“Ne pas pénaliser les secteurs qui ont des atouts.”

munale. Il y a à Saint-Vit une trentaine d’hectares qui ont cette finalité-là. L.P.B. : Pour le projet Système U, avez-vous dû vous plier aux exi- gences du schéma d’organisation du territoire (S.C.O.T.) qui encadre l’évo- lution du Grand Besançon et de sa proche périphérie ? P.R. : En effet, nous avons dû demander l’autorisation au S.C.O.T. pour Système U. Le schéma prévoit des quotas, c’est-à-dire qu’un centre-bourg comme Saint-Vit est autorisé à augmenter son espace éco- nomique de 10 à 15 hectares de plus que l’existant. La tota- lité de cette surface a été pri- se par Système U. Cela veut dire que dans les conditions actuelles, Saint-Vit ne peut

Futur site de Système U

Vue aérienne de Saint-Vit où l’on perçoit clairement l’emprise de Système U.

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