La Presse Bisontine 58 - Septembre 2005

6 L’ÉVÉNEMENT ’

Un P.L.U. qui fait des vagues L’élaboration du plan local d’urbanisme (P.L.U.) est un des grands chantiers entrepris par l’équipe municipale. La réflexion lancée en 2001 a abouti cette année à la réalisation d’un avant-projet qui trace l’évolution de la ville, quartier par quartier, pour les vingt ans à venir. Or, ce document d’urba- nisme qui sera encore soumis au débat avant d’être approuvé en 2006 soulève une vague d’inquiétudes et de consternation dans le quartier des Vaîtes, à l’Est de Besançon. La future urba- nisation telle qu’elle est présentée par la mairie se traduirait avant tout par une série d’expropriations. Pour les habitants, propriétaires de leurs biens, la pilule est difficile à avaler. Ils viennent de s’unir pour faire front et obtenir des dédomma- gements, le cas échéant, à hauteur de leurs attentes. Une image de synthèse du futur quartier des Vaîtes. (source ville de Besançon)

A MÉNAGEMENT 2 000 logements Les Vaîtes ne se laisseront pas faire ! Une centaine d’habitants de ce quartier du secteur Est de Besan- çon viennent de se constituer en association en réaction à la présentation de l’avant-projet du plan local d’urbanisme (P.L.U.) qui s’accompagne d’une série d’expropriations.

T ÉMOIGNAGE

Expropriayion possible

La propriété de Michel Pape, située au 171 de la rue de Belfort, intéresse la collectivité qui pour- rait la saisir dans les années à venir pour en faire une voie de bus. “Pour moi, c’est très dur”

L e conseil municipal de Besançon pren- dra une délibéra- tion qui arrêtera le projet de plan local d’ur- banisme dès cet automne. Le P.L.U. sera ensuite sou- mis à enquête publique. C’est en 2006 que ce docu- ment qui scelle la desti- nation des sols bisontins (zone à urbaniser ou zone naturelle par exemple) sera adopté. Voilà pour le calendrier. Dans l’immédiat, le plan est encore dans une pha- se de concertation. Et heu- reusement ! Car la pré- sentation faite par la ville de l’avant-projet du P.L.U. fait des vagues dans cer- tains quartiers de la capi- tale régionale comme celui des Vaîtes. La municipa- lité annonce que l’urbani- sation des Vaîtes consti- tue l’une de ses “priorités.” Il suffit de se reporter aux images de synthèse qui accompagnent la commu- nication de la mairie sur ce dossier pour comprendre que la collectivité a des ambitions d’aménagement pour ce quartier. Il devrait connaître de profondes mutations dans les vingt prochaines années avec la construction de 2 000 loge- ments, d’un parc, et la créa- tion de nouvelles voies de circulation. La métamorphose est tota- le si l’on compare les pers- pectives d’évolution avec le site existant qui res- semble encore à un écrin de verdure d’une quaran-

la ville voient leur avenir tracé en pointillés. Ils ont peur de tout perdre si la ville les exproprie. D’ores et déjà, ils veulent éviter d’être lésés si le pire des scénarios devait se réali- ser. “On redoute que la municipalité nous dédom- mage de nos biens à des prix bien inférieurs à ce qu’ils valent en réalité. Et ça, nous n’en voulons pas. Mais nous allons nous armer de force pour réagir. Nous souhaiterions que le prix du m 2 soit le même pour tout le monde.” La ville n’a pas pris de position ferme et définiti- ve sur ce dernier point. Les tractations sont en cours, les premiers élé- ments de réponse à cette question doivent tomber dès la rentrée. O T.C.

par des expropriations. “Notre objectif est d’entrer en relation avec la ville pour savoir précisément ce qu’elle envisage de faire, pour pouvoir ensuite agir en fonction des décisions qui seront prises. Tant que

taine d’hectares, où l’ur- banisation n’a pas encore fait son œuvre. Rien d’anormal donc à ce que l’audace de la ville génè- re aujourd’hui un senti- ment de vive inquiétude au cœur de ce quartier. Pour cause, la municipalité prévoit des

nous n’avons pas eu de contact avec les services de la ville intéressés, nous tenons à rester prudents tout en veillant à ne pas jeter de l’huile sur le feu” explique

“La ville peut éliminer toute une vie en claquant des doigts.”

expropriations en série pour parvenir à ses fins. Des proprié- taires pour- raient voir leur maison démolie

La propriété de Michel Pape pourrait être transformée en voie de bus.

l’un de ses représentants qui a souhaité garder l’ano- nymat. Une assemblée générale de l’association est prévue en septembre. Les craintes sont pal- pables. Les Bisontins ins- tallés dans cette partie de

dans le cadre de cette opé- ration. “La ville peut éli- miner toute une vie en cla- quant des doigts. C’est regrettable” lance un habi- tant de la rue du Brûle- foin dont la demeure est menacée par le projet. “On sait désormais que des pavillons vont sauter dans ce secteur, même s’il n’y a rien de tout à fait concret pour l’instant. Je ne com- prends pas que l’on puis- se envisager d’exproprier des gens pour refaire de l’habitat au même endroit. N’est-il pas possible de s’adapter à l’existant ?” ajoute-t-il. Des interroga- tions qui restent actuel- lement sans réponses pré- cises. Les citoyens des Vaîtes n’entendent pas se laisser faire. Ils viennent de se constituer en association appelée “Les Vaîtes.” Elle regroupe une centaine de propriétaires concernés

L a propriété de Michel Pape se situe en bordure de la rue de Belfort, juste dans l’axe de la rue du Docteur Schweitzer. Elle s’étend sur 2 500 m2 fleuris, avec dans le fond, son habitation. Or, ce petit havre de paix qui appar-

sa propriété où étaient autrefois dres- sées des serres. “Je suis né là, j’ai travaillé là depuis toujours, c’est un bien de famille. Je voulais poursuivre la rénovation et transmettre la mai- son à mon fils. Depuis que j’ai appris cela, je suspends tous mes projets. Pour moi, c’est très dur.” ça l’est d’autant plus que ce sont ses anciens collègues de travail concernés eux- mêmes par des expropria- tions qui l’ont informé du problème. “Je suis allé voir le maire, et j’ai demandé des renseignements com- plémentaires. En réponse, j’ai reçu ce courrier” dit-il. Avant cela, rien ne laissait augurer que Michel Pape puisse être expro- prié. Car il y a encore quelques mois il sollicitait la ville pour obtenir un permis de construire. Les services de l’urbanisme n’avaient alors for- mulé aucune réserve à ses projets. “Si j’avais su cela plus tôt, je n’au- rais pas investi. Mais je n’ai pas bos- sé toute ma vie pour me faire avoir” prévient-il. O T.C.

tient à la famille depuis quatre générations pour- rait être transformé en une voie de bus d’ici une dizai- ne d’années. Le courrier qui lui a été transmis par la ville est explicite. “Votre propriété est concernée par un empla-

“Si j’avais su plus tôt, je n’aurais pas investi.”

cement réservé destiné à la réali- sation d’une voirie reliant la rue de Belfort à la rue de la Corvée et consti- tuant le dernier lien entre le bou- levard urbain projeté dans l’amé- nagement du secteur des Vaîtes et la rue de la Corvée. La totalité de la parcelle est concernée.” À la lec- ture du document, Michel Pape est déconcerté. En retraite depuis 18 mois, l’ancien horticulteur a entrepris des travaux de rénovation et d’aménagement de

Une quarantaine d’hectares est concernée par des aménagements futurs.

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